Chapitre O1™️

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BLOC 6, BAS DU BÂTIMENT 12
Bruxelles, BELGIQUE.

HISSA – 'Tain accélère le pas toi aussi là !
AISSATA On arrivera jamais au centre avec sa lente démarche. *Tship*

Je baisse la tête et j'essaye de marcher un peu plus vite mais c'est compliqué pour moi et ma respiration est de plus en plus saccadée. Les deux filles ? Ce sont mes amies, mes seules amies. Hissa, une malienne et Aissata, une sénégalaise/ivorienne. Et moi c'est..

HISSA – Putain Mayra tu t'fous d'nos gueules là ?! Comment tu traines des pieds frère !

Moi c'est Mayra, je suis d'origine somalienne (de ma mère) et algérienne (de mon père). J'ai 16 ans et comme vous avez pue le deviner, je suis en surpoids. Et ce depuis que je suis toute petite. Je suis la cadette de la descendance et j'ai toujours été la plus gâtée de la fratrie. J'ai un grand frère dénommé Kayron et une grande sœur dénommée Layra.

AISSATA – Heureusement que ce sont les vacances, j'peux plus la supporter celle-là.

Elle parlait ouvertement de moi.. devant moi. Je m'arrête et commence a jouer avec mes mains en fixant le sol. Fallait que je m'arrête. Que je respire un coup. Elle pensait pas ce qu'elle disait c'est sûr.

HISSA – 'Tain tu fais quoi encore ?! NON TU SAIS QUOI MAYRA ?! Reste là et étouffe toi avec ta graisse tu nous fais perdre du temps.

Je me mords la lèvre et tente tant bien que mal de retenir mes larmes au lieu de déverser ma colère et ma haine sur elle. Ce sont mes amies. Elles disaient souvent que leurs petites pics étaient des critiques constructives, pour que je puisse avancer. Qu'elles étaient, elles au moins, sincères et ne voulaient pas que je reste comme ça.

Elles sont partis en roulant du boule avec leurs vielles mèches décolorées. Je suis resté plusieurs minutes plantées là, dégoûtée. Puis, je me suis retourné a contre coeur pour commencer a marcher vers mon bâtiment. Je sentais les regards des gens sur moi quand je passais près d'eux. Les filles me prenant comme leur objet de réconfort. "Au moins chui pas grosse", "Au moins chui pas dégueulasse comme Mayra", "Mayra la grosse vache de Bruxelle". Me voici en bas de mon bâtiment.

– Hé Mayra ! Mayra !

Je baisse directement la tête sans même leur lancer un regard, silencieuse. J'essaye de rentrer dans mon bâtiment mais deux/trois gars se placent face à la porte d'entrée pour m'empêcher de passer évidemment.

– Hé Mayra ? J't'ai acheté un brûle-graisse chez les flamands. Parce que franchement en regardant a l'horizontale t'es pas trop mal. *rire* T'as des gros bzebs et du cul mais ton ventre c'est une galère, a croire t'abrite des romes là d'dans.

SHEIHAB Ferme ta gueule Mawrad ! Laisse la passer arrête de faire ton zemel !

Sheihab ? C'est le gars le plus gentil que je connaisse. Dans cette cité on se connait tous depuis la maternelle voir le primaire. Et du plus loin que je me souvienne, il m'as toujours défendu face aux autres. Quand on me traitait de vache, de cochon.. Il était là. Jusqu'au collège où il en a eu marre de se battre pour quelqu'un qui se battait même pas pour sa propre personne.

SHEIHAB – Vas-y monte Mayra.

Ils s'écartent et me laisse passer. Les escaliers.. Lentement et sûrement je monte les escaliers jusqu'à mon étage. Plus j'avançais et plus ma vision se brouillait petit à petit, mes larmes dégringolaient pour atterir sur le béton de ces escaliers infernales.

APPARTEMENT 422

J'ouvre la porte avec mes clefs et reprend enfin une grande inspiration qui laisse soudainement place a la voix de mon père dans le salon. Je pars le rejoindre. Il était avec un de mes oncles et ma cousine Safyr. Je les salues avant de me diriger vers mon père.

MAYRA – Salem baba. (Petite voix)
PAPA – Salem Amira*, comment s'est passé ta dernière journée ? Contente que ce soit les vacances ?
MAYRA – Oui.. Mais je suis fatigué, je vais me coucher.
ONCLE – Tu es sûre que ça va Mayra ? Tu as une drôle de mine.

J'hoche la tête avant de partir lentement me réfugier dans ma chambre. Je retire ma veste et me dirige vers mon miroir, ce dernier était couvert d'un drap. Je retire le drap et me regarde. La porte de ma chambre s'ouvre sur Safyr.

SAFYR – C'est soit tu continue a pleurer et a t'apitoyer sur ton sort, soit tu bouge ton gros cul et tu change les choses.

Elle repart en fermant la porte. Et je me suis effondré comme jamais auparavant.

APPARTEMENT 422
MA CHAMBRE
VINGT-DEUX HEURES TRENTE

J'étais couché sur mon lit avec mon téléphone, collé sur Instagram, a regarder de belles filles. Leurs profils sont remplis de rêve et d'illusion et je m'en nourris de plus en plus. De toutes ses belles filles, de leurs belles vies. Je ne sais pas ce que c'est d'être envié ou désiré.. Je voulais juste être l'une d'entre elles. Je retourne sur mon profil instagram, zéro photos, trois abonnés, vingt abonnements.. Je supprime mon compte et en crée un nouveau en quelques clics.

C'est comme ça que je suis devenue @Belaciya 🔝

AnimaVesta©️

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