3 - Penser à soi, pour une fois (partie 2)

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Entraînée par Maxine, ma voix est recouverte par la musique à chaque fois que je lui crie qu'elle est toujours à moitié nue. Ses cheveux longs, souples et bruns, me fouettent parfois le visage. Et elle semble s'en foutre royalement.

La jeune femme s'arrête finalement devant un comptoir et se tourne vers moi. Je crois que j'angoisse. C'est plus ou moins la première fois que nous nous apprêtons à discuter. Je tente soudainement un coup d'œil derrière moi à la recherche de mes amis. Parce qu'à la base, c'est avec eux que je suis venue. Seulement il y a trop de monde pour que je les aperçoive.

Encore une fois, j'espère qu'il s'agit de la villa de ce Basile et que les flics ne vont pas débarquer d'une seconde à l'autre, sinon, c'est certain que je serais une des premières à me faire attraper. Le stress, ça ne m'a jamais réussi. Ne manquerait plus que je fasse une crise de panique aussi. Bref, je me fais un film là je crois.

— Dis-moi c'est quoi ton plan ? crie-t-elle dans mon oreille.

De quoi parle-t-elle ? Mon air surpris semble l'agacer.

— Ne dis pas que tu n'as pas un plan pour te venger !

Je crois que je préfèrerais ne pas comprendre où elle veut en venir. Je pourrais faire semblant de ne pas avoir saisi.

— Je sais pas ce qu'il t'a fait, mais sache que je suis partante pour t'aider à le faire saigner. Bah oui, parce que si tu l'as largué, c'est qu'il a dû faire une connerie. Parce que je parle en connaissance de cause, quand on a réussi à chopper un gros poisson comme Gabin, on fait tout pour le garder en général.

La suivre était vraiment une mauvaise idée. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Bon, c'est vrai que j'étais quelque peu obligée puisqu'elle me tirait par la main. Mais en y réfléchissant bien, j'aurais pu me défaire de sa prise. Il m'aurait suffi d'un peu de courage et de force.

— Je ne veux pas me venger.

Maxine roule des yeux et se prépare un verre en mélangeant plusieurs alcools. Axel m'a répété, je ne sais plus combien de fois, qu'il valait mieux éviter ce genre de cocktail. Je ne le lui ai jamais dit, mais j'ai déjà essayé, lorsque j'étais au lycée, et je suis plutôt d'accord avec lui. Ça finit souvent mal.

— On ne me l'a fait pas celle-là. Toute femme blessée veut prendre sa revanche. Toute victime a besoin de penser à elle, à un moment donné, dit-elle avant de boire quelques gorgées de sa boisson.

Pas moi. J'ai toujours agi en victime. Le genre de victime que la plupart des gens déteste et critique. Mais je ne suis pas forte de toute façon. Je ne sais pas répliquer. Parfois, j'ai l'impression que je suis venue au monde uniquement dans le but de recevoir les coups.

Du tout au plus, je serais capable d'envoyer une insulte par texto ou bien de raconter une connerie à une connaissance. Mais me connaissant, je passerais les semaines suivantes à me faire réprimander par ma conscience. Elle est plutôt envahissante celle-là.

— Si tu ne veux plus que l'on te prenne pour une conne, il faut que tu fasses comprendre aux autres que c'est toi qui diriges et qu'ils tremblent à l'idée que tu leur dises d'aller se faire foutre.

Suis-je véritablement en train de me faire coacher par l'ex de mon ex ? C'est hallucinant.

— Pourquoi tu veux m'aider ?

— Les ennemis de mes ennemis sont mes amis.

Quand je disais tout à l'heure que j'avais envie d'avoir une amie, je ne faisais pas particulièrement référence à Maxine. Nous sommes totalement opposées elle et moi. Ça ne pourra jamais marcher.

Campus, Love & Obsession 2 - Double jeu [Publication très lente]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant