2. Un brin de folie ?

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Drago

L'agitation du dortoir me fatigue. Le bruit, les va-et-vient, l'excitation de cette fin de semaine sous la neige m'écœurent. Leur frivolité me rend malade.

Je ne me sens plus à ma place dans ses dortoirs. Dans cette école.

J'ai la désagréable sensation d'être en équilibre instable dans ma propre vie. De ne plus autant la contrôler qu'avant.

- Tu viens avec nous ? me demande Pansy

Je refuse d'un signe de tête.

Il est hors de question que j'aille batifoler avec eux dans le parc. De toute façon, je n'arrive même plus à faire semblant. Se lever le matin la tête haute. Feindre l'intérêt en cours. Maintenir le respect en salle commune. Me prouver à moi même que ma santé mentale n'est pas en train de s'étioler.

Je n'y arrive plus.

Je n'ai qu'une envie : être seul.

A quel moment j'ai baissé les bras ? Je ne saurais dire exactement quand la peur et l'angoisse m'ont submergé. Me bouffant les entrailles. Me brûlant les poumons.

Le regard des autres ne fait qu'aggraver mon état. Leur présence m'insupporte. Je ne veux aucune pitié, aucune compassion.

Envie d'être seul.

Je m'allonge sur le lit, les yeux rivés au plafond.

Le silence m'enrobe alors et soudain, ce poids si familier dans ma poitrine refait son apparition. Avait-il seulement disparu ? Mes poumons se compressent et ma respiration se fait plus difficile.

Je ferme les yeux et me concentre sur mes inspirations. Ne penser à rien. Que c'est stupide ! Ma tête bouillonne depuis des semaines. Comment pourrais-je ne penser à rien ? Toute cette pression sur mes épaules me terrifie. Tous ces espoirs placés en moi ne font qu'amplifier mon angoisse : la fierté de la famille Malefoy et l'attente de toute la communauté des Mangemorts sont autant de fardeaux qui me pèsent.

Ainsi la mission de la plus grande importance confiée par le Seigneur des ténèbres devrait m'emplir d'honneur. Je prends une grande inspiration et elle brûle les poumons. Aucune fierté à avoir. J'en tremble. Une boule se forme dans ma gorge.

Je vais mourir. Je le sais. Dans un mois ? Un an ? Mon espérance de vie est très courte, j'en ai conscience. J'ai beau scandé à qui veut l'entendre que je suis fier de marcher dans les traces de mon père et de servir le Mage Noir, je n'arrive plus à m'en convaincre.

Un sentiment de dégoût m'emplit la bouche quand j'y songe. Et la honte me brûle les joues. Je suis détestable.

Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas être mêlé à l'Histoire. Pas comme ça. Suis-je égoïste ?

Ma solitude m'oppresse. Ma détresse m'étouffe.

Il faut que je sorte.

.oOoOo.

Dehors, des cris et des rires résonnent dans le parc. Je m'en éloigne rapidement et me dirige vers les vestiaires de Quidditch.

Les gradins sont vides, le terrain est libre. Parfait. C'est ce qu'il me faut pour penser à autre chose. M'occuper l'esprit.

J'enfile machinalement ma tenue de sport, me saisis du vif d'or puis décroche mon balai.

J'avance au bord du terrain et libère la petite balle qui se débattait dans ma main. Elle s'envole à une telle vitesse que je la perds des yeux.

Rien qu'un point sur une carte ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant