Harry
Où est le bien ? Où est le mal ? Où sont mes limites ? Je l'ignore. Je n'ai qu'une conviction, je me sens vivant avec lui. A ses côtés, je ne suis plus l'Élu formé à détruire les ténèbres. Je suis juste un homme avec ses pulsions et ses envies. Il ne me met pas sur un piédestal. Il déteste même cette image que les autres veulent me coller. Et c'est ce que j'aime chez lui.
Avec lui, je ne suis pas un héros, ni un sauveur. Il ne m'idéalise pas.
Avec lui, je ne suis que Potter. Harry, quand nous sommes seuls, ces trop rares moments que nous passons ensemble.
Et je ne veux que ça. Être avec lui. Malgré l'incertitude qui me picore les intestins. Malgré ces craintes qui m'engourdissent. Malgré ce soupçon de peur qui s'immisce entre nos corps qui se frôlent et que je n'arrive pas à taire. La peur qu'il me file entre les doigts. La peur que nos moments soient comptés. La peur de le perdre. Pour de bon cette fois.
Parce que le spectre des Mangemorts se dessine toujours à l'horizon. Parce que l'ombre de sa famille pèse toujours sur ses épaules. Et la colère me consume doucement, parce qu'il n'en parle jamais. Se défile dès que j'aborde l'avenir. S'énerve dès que j'esquisse un nous.
Il n'y a pourtant pas de disputes entre nous, seulement des non-dits. Impensable de gâcher les rares moments où l'on se retrouve enfin seuls. Entre les cours, les amis, les entraînements, les révisions, les missions de Dumbledore. Notre jeu de cache-cache rend nos retrouvailles toujours plus intenses. Comme si elles étaient évidentes. Comme si il était celui que j'attendais depuis toujours.
Comme si être assis contre lui, ma tête dans le creux de son épaule était naturel. Comme si le laisser dessiner des arabesques le long de mon corps, et mêler nos doigts dans la plus grande tendresse était ordinaire dans mon univers. Comme si le laisser cueillir mes lèvres et presser mon corps contre le sien était tout à fait normal dans notre monde.
.oOoOo.
En quittant la salle, il me frôle et fais un mouvement de tête. Un langage que je suis le seul à comprendre.
Je laisse les autres élèves se presser à sortir. Le couloir se vide aussi vite qu'il s'est rempli à la sonnerie de fin du cours.
Je ramasse lentement mes affaires et m'éclipse dans la salle au fond du couloir.
Et il est là. Droit sur ses jambes. Les mains dans les poches.
Viens là.
Et nos corps s'attirent. Naturellement.
Ils s'aimantent, comme s'ils n'attendaient que ce moment.
Il passe ses mains dans mes cheveux et ses lèvres sur les miennes m'électrisent. Toujours.
Il enroule ses bras autour de mon cou et cale son front contre le mien.
Il me semble qu'on pourrait suspendre le temps et rester ainsi des heures durant.
Lui, les yeux fermés. Moi, éveillé, scrutant et mémorisant chacune de ses courbes, chaque grain de sa peau. Dessinant mentalement la forme de ses lèvres, l'éparpillement délicat de ses rares tâches de rousseur, le va-et-vient de sa poitrine quand il respire lentement.
Puis nos fronts se séparent et nos lèvres se retrouvent. Et il m'embrasse avec l'énergie du désespoir. Comme si lui aussi avait peur de me perdre. Comme si chaque baiser pouvait être le dernier. Et cette idée me déchire lentement.
Quand nos corps se séparent, il réajuste sa tenue – chemise, cravate -, et je l'observe avec soif. Il me manque déjà.
Il sourit, se moque de mon impatience.
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Rien qu'un point sur une carte ?
Fanfiction[Tome 2 sur 3] Pourquoi Harry n'arrive pas à détacher ses yeux du point de Malefoy sur la Carte des Maraudeurs ? Suite de "Huis Clos" (je vous conseille d'aller la lire avant - voir mon profil) Harry et Drago ont été bloqués ensemble dans une grotte...