3. Une nuit sur la Tour

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Harry

« Dégage de là !! Je veux rien avoir à faire avec toi !! » m'avait-il lancé.

J'avais serré les poings, ravalé mes larmes. Je me serais donné des baffes pour avoir ne serait-ce qu'espérer autre chose. Quel crétin je fais ! Je croyais vraiment qu'il changerait ? Que, moi, simple sorcier de mon état, je pourrais ébranler le Prince des Serpentard, ancré dans ses convictions ?

« Dégage de là !! » Et mille lames avaient transpercé mon cœur. J'aurais du lui foutre mon poing dans sa jolie gueule d'ange blond. Rien que pour passer mes nerfs. Et lui faire comprendre. Par Merlin ! Lui faire comprendre quoi ?! Que mon quotidien se calque désormais sur le sien. Que je suis plus inquiet pour lui que pour moi face à la guerre qui s'annonce. Foutaises ! Il me rirait au visage dans le meilleur des cas, me tabasserait dans le pire.

.oOoOo.

Les journées neigeuses de février sont passées à une vitesse effroyable, ainsi que les tristes jours pluvieux de mars. Ils ont filé sans que je m'en rende compte. Tout est allé si vite. Les cours, les devoirs, les entraînements de Quidditch, les longues soirées de préparation au combat. Et pourtant certaines choses ne changent pas. Les insultes et le mépris de Malefoy n'ont jamais été aussi intenses – aussi désespérés ? Et ma fascination malsaine pour son point sur la Carte des Maraudeurs continue de me torturer l'esprit. Nuits et jours.

J'ai cessé d'observer la Carte dans la journée. Je fuis le regard inquiet de Hermione et affiche autant que je peux un masque de sérénité pour éviter ses questions, son discours moralisateur, mais surtout pour qu'elle cesse de se tracasser pour rien. La surveillance de Malefoy sur la carte est devenue une habitude que je me réserve pour le soir, loin des œillades curieuses. Un rituel, pathétique mais qui chaque soir me presse d'être seul sous ma couette pour le pratiquer.

Ce manège est malsain, je m'en rends compte, mais je n'arrive plus à lutter contre ma volonté. Je deviens plus en plus attaché à cette étrange surveillance, et désagréablement dépendant de ces deux mots Drago Malefoy écrit sur le parchemin.

Si dans la journée, mes efforts pour masquer mon anxiété ont du succès, chaque nuit, l'angoisse du futur vient insidieusement me tiraillait les entrailles. Et il me semble qu'il en est de même pour Malefoy. Certaines nuits, son point quitte son dortoir et erre dans les couloirs pour se rendre à la Tour d'Astronomie ou à la Volière. La peur du serpentard me semble palpable, et stupidement, je m'en inquiète. J'ai le sentiment ridicule que nous sommes proches dans notre détresse, que je peux le comprendre, que je pourrais l'épauler. Parfois, en cours ou dans les couloirs, la sensation de désarroi et de terreur que je ressens chez le blond me compresse la poitrine. J'ai la folle impression qu'il éprouve les même sentiments que moi. Peut-il être plus terrifié que moi face à l'avenir ? Étrangement, je reporte mon anxiété chronique sur lui, m'inquiétant pour sa personne, plus que pour moi-même.

Cette nuit, comme toutes les autres, je n'essaie même pas de chercher le sommeil. Je ne le trouverai pas. Allongé sur le dos, je me concentre sur ma respiration. Ne pas penser aux attentes de Dumbledore, aux espoirs fous de la communauté sorcière, à l'affrontement que je devrais mener face au Lord Noir. Une panique que je ne contrôle pas me soulève la poitrine. L'affolement me gagne et me paralyse. Je ne dois pas flancher. Je ne peux pas. Que se passerait-il si l'espoir du monde sorcier devenait fou face à la pression mise sur ses jeunes épaules ? Je me focalise sur les entraînements de Défense contre les Forces du Mal. J'essaie de relativiser. Je serai prêt. Une chose à la fois. Ne pas penser à l'affrontement inévitable. Je me masse les tempes et essaie de me ressaisir.

Rien qu'un point sur une carte ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant