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Un mois est passé et rien n'a changé, la nostalgie me suit. J'essaie de jeter un coup d'œil à l'intérieur du bus pour voir s'il reste une place mais ne vois rien. J'espère ne pas avoir à rester debout trente minutes de plus, j'ai couru toute la journée au travail ! Ce métier n'est pas fait pour moi mais je n'ai pas trop le choix.. Après avoir fais la queue, je rentre enfin dans le bus et c'est avec mécontentement que je remarque qu'une seule place est libre. Étant donné où se trouve cette place je ne peux m'empêcher de souffler. Dieu cherche-t-il à me punir de la passivité dont je fais preuve ? Je souffle une seconde fois face à cette idée et son regard vient poser ses repères sur ma personne. Il est certain que je préfère encore rester debout que de m'assoir à côté de lui et excuse moi mon Dieu de penser à de telles âneries ! J'enfonce un peu plus mes écouteurs dans mes oreilles pour me concentrer sur la musique qui passe : Piruka-Salto Alto. Je plonge mon regard dans le décor bien décidée à ignorer l'homme qui porte l'un de ses fameux costards de riches encore plus majestueux que celui des lundis passés. Aujourd'hui il est bleu azur. Le bus ne tarde pas à démarrer à mon plus grand bonheur. Plus vite le trajet passe et plus vite je pourrai rentrer chez moi, retrouver ma mère et la réconforter encore et encore. Je ne peux m'empêcher de me sermonner d'oublier la mort de mon père à cause de cet homme qui observe mes moindres faits et gestes. Pourtant j'apprécie que Dieu m'aide à penser à autre chose mais je ne m'imaginais pas penser à un inconnu du matin au soir.. Forcément d'un côté je préfère cela que pleurer la mort de mon père, cet homme qui m'a tant appris sur la vie nous a laissé toutes seules derrière lui.. Mais je sais qu'il est bien près de Dieu et c'est ce qui me réconforte.

La playlist de Piruka défile et je porte mon regard vers le paysage qui vient de se présenter. Nous ne sommes plus qu'à un seul arrêt du "mien", Dieu merci ! À cet arrêt je jette un coup d'œil à l'homme qui se contente de m'observer depuis des mois et saute du bus.

L'homme du bus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant