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Deux mois sont passés depuis le jour où nous avons pris le transport avec ma mère et je me rends bien compte que dans ce monde les clichés nous colle des post-it sur le front. Je ne peux m'empêcher d'haïr un peu plus chaque jour ce chauffeur de bus à chaque mauvais regard qu'il m'adresse pour salutation de bienvenue à bord de son transport. Sait-il que ses regards ne me feront pas devenir française ? Dieu merci dans mon pays les gens sont accueillants et j'aimerai y retourner pour ne plus supporter ses regards déplacés à l'entente de mon accent. Malheureusement pour moi maman ne veut pas rentrer au pays, elle doit sans doutes croire qu'un jour on nous aidera à mieux vivre mais qui m'aide à lui faire comprendre que les rêves se déroulent la nuit ?
Aujourd'hui nous sommes mardi et je ne suis pas d'humeur à supporter les rires à mon égard ou bien encore le regard insistant de l'homme au pantalon à pinces noir qui est encore posé sur moi alors je me contente de fermer les yeux en écoutant la chanson de Bispo-pormenores. Ses paroles ne me calment pas instantanément alors j'appuie deux fois sur le petit boîtier de mes écouteurs et Plutonio fait son entrée. Meu Deus est l'une de ses musiques que je préfère. Dieu est derrière moi et c'est ce qui me permets de souffler un peu dans ce monde de truands. J'ouvre les yeux quand je sens qu'on me tapote l'épaule et aperçois un homme d'environ une vingtaine d'années me regarder. Il a le teint très pâle et détient de grands yeux noirs, je l'observe jusqu'à ce qu'il vienne passer sa main devant mon visage pour me faire sortir de ma matrice. Je vois ses lèvres bougées et je me retiens de ne pas souffler d'être dérangée pour ne pas paraître désagréable, j'enlève l'un de mes écouteurs en l'interrogeant du regard.

Excuse moi de te déranger je te trouve très jolie et mes amis m'ont lancé un pari, de venir t'aborder, est-ce que je peux ?

Désolée je ne suis pas intéressée, lui dis je en essayant de cacher un peu mon accent étranger.

Il me dévisage un instant avant d'exploser de rire.

Parce que tu crois sincèrement que je suis sérieux ? Tu es bonne qu'à mettre dans un lit regarde toi tu ne parles même pas correctement français, s'empresse de se moquer le jeune homme complètement mort de rire.

Je baisse la tête mi agacée mi gênée et quand je me décide enfin à lui répondre on me coupe la parole.

Écoute mon grand reste à ta place, intervient mon observateur d'un ton détaché.

À mon plus grand bonheur nous arrivons rapidement à l'arrêt où je dois descendre pour me rendre au travail et je m'empresse de fuir en courant.

L'homme du bus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant