Chapitre 1

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Lorsque j'étais petite, on me compta les aventures de Bilbon Sacquet. Parti pour une longue expédition et accompagné des treize nains d'Erebor et de Gandalf le Gris, il réveilla Smaug et permit à Thorin fils de Thrain de redevenir le roi sous la Montagne. Seulement, celui-ci décéda peu de temps après lors d'une violente bataille.

Mon père me raconta brièvement ce qu'il avait vécu pendant la guerre de l'Anneau mais je devinais que cela était douloureux pour lui de m'en dire plus. Alors je n'insistai pas.

Seulement, il m'était insupportable de savoir que l'on me cachait des choses. Un jour, je surpris mon père avec son imposant manuscrit rouge entre les mains. Il m'avait dit un jour, alors que je n'étais qu'une enfant, qu'il se transmettait de génération en génération. Sur la couverture de ce mystérieux ouvrage était gravé un symbole étrange, dont la signification reste pour moi une énigme.
Mon père avait donc les yeux plongés dans les pages du livre. Je restai à l'observer et j'aperçus une larme rouler sur sa joue, qui finit pas s'écraser sur le papier jauni. Je ne peux vous décrire ce que j'ai ressenti à cet instant là, mais j'eus l'impression de voler un moment qui ne m'appartenait pas. L'impuissance est également la pire chose, surtout quand elle touche votre famille.
Depuis ce jour, je me promis d'effacer sa peine, bien que je n'en connaissais pas la raison.

* * *
« Joyeux Anniversaire Elanor! »
Mes onze frères et sœurs étaient parfaitement alignés et tenaient une fleur différente dans leurs mains. Je souris et les embrassai un à un. Frodon me claqua deux bises sonores sur mes joues et m'entraîna vers mes parents. Maman, éternellement belle avec ses boucles blondes encadrant son visage, me serra fort dans ses bras.
« Tu es magnifique, me dit-elle, les yeux brillants de fierté. »
Papa encadra mon visage de ses mains chaudes, et déposa un baiser sur mon front.
Comme pour chacun de nos anniversaires, il planta une fleur pour l'événement. J'eus cette fois droit à une magnifique jonquille qui pris place à côté des nombreuses autres fleurs.
« À tout à l'heure ! »
Je bondis à travers la végétation verdoyante, le cœur léger. Je croisa ma chère amie Jovetia qui se jeta sur moi avant même d'avoir eu le temps de me saluer.
« T'essayais quand même pas de m'éviter ? plaisanta-elle, hilare. »
Jovieta était une hobbit aux cheveux bouclés noirs et aux yeux gris où brillait une étincelle qui lui donnait un air malicieux. Je lui rendis son étreinte et nous cheminâmes ensembles jusqu'à un vieux saule pleureur qui semblait être né avec notre chère Comté. Il était devenu notre repère, notre point de rendez-vous et également notre confident, car nous nous racontions tous nos secrets.
« Alors, qu'as-tu prévu de faire pour ton dix-huitième anniversaire ?me demanda Jovieta.
-Oh, je n'y ai pas pensé. Un petit dîner au clair de lune fera l'affaire.
-Ah non ! Rétorqua-t-elle, sourcils froncés. Tu ne vas pas t'en sortir comme ça, laisse moi te préparer quelque chose... ajouta-t-elle. »
Je n'avais pas manqué le sourire qui se dessinait au coin de ses lèvres roses. Jovieta adorait les fêtes et ne manquait pas de participer à la préparation de tous les anniversaires d'Hobbitebourg.
« Hé bien, j'en conclus que je n'ai pas le choix...soupirai-je, vaincue. »
Mon amie éclata de rire, je la rejoignis et nos rires s'entremêlèrent avec le chant des rossignols.
« Qu'est-ce qui vous fait tant rire ? Retentit une voix que j'aurai pu reconnaître entre mille. »
Un hobbit de notre âge, aux cheveux blonds et aux yeux verts dévala à toute allure la pente pour rejoindre notre saule pleureur. C'était Tolnas, le hobbit le plus joyeux mais aussi le plus maladroit que je connaissais. Il ne nous fut donc pas étonnant qu'il trébucha et finit sa course en roulé-boulé, sa chevelure parsemée d'herbe. Nous fûmes pris de nouveau d'un long fou rire que nous eûmes du mal à arrêter.
« Joyeux Anniversaire ma chère Elanor, s'écria-t-il. »
Nous nous étreignîmes longuement. Tolnas et Jovieta représentaient pour moi mes deux meilleurs amis, ceux avec qui je passais le plus clair de mon temps.
« Jo', je crois avoir aperçu ton frère fouiner encore dans le potager du Père Tobold, dit Tolnas.
-C'est pas vrai ! C'est la troisième fois ce mois-ci ! répondit Jovieta, remontée. Je vous laisse, je dois aller le chercher sinon le vieux va lui faire la peau ! »
Elle bondit et s'éloigna, sa mince silhouette mise en valeur par sa jolie robe verte. Je jetai un coup d'œil à Tolnas. Son visage affichait la même expression amusée.

Don't leave him Où les histoires vivent. Découvrez maintenant