Chapitre 3

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Le jour venait de se lever. Un magnifique soleil éclairait la fenêtre de ma chambre que je fixais, me remémorant les doux événements de la veille. Je n'aurai jamais rêvé vivre une meilleure fête d'anniversaire que celle-ci, entourée de l'amour de ma famille et de mes amis.
« Elanor ! Elanor »
Je sautai de mon lit, reconnaissant la voix affolée de ma mère, d'habitude si calme. Je sentis ma tête tourner avec ce réveil brutal mais me dépêchai de rejoindre le salon. Je vis tout d'abord ma mère en pleurs. Puis je découvris mon père, affalé sur un fauteuil, les yeux mi-clos et le teint blafard, comme si la mort le gagnait peu à peu. Je me précipitai vers lui et lui empoignait la main.
« Papa, papa....lui dis-je entre deux sanglots étouffés. Reste avec nous... »
Ma mère se joignit à moi et nous le déplaçames dans son lit.
« Que s'est-il passé? Soufflai-je à ma mère, le cœur chargé d'angoisse.
-Je ne sais pas... pleura-t-elle. Je me suis réveillée et je l'ai découvert comme ça alors qu'il venait de rentrer du marché comme chaque matin... Oh... c'est de ma faute... »
Des larmes ruisselaient le long de ses joues rebondies et je m'empressai de la prendre dans mes bras.
« Non maman, ne dis pas ça... Personne n'a rien vu... Il doit bien y avoir une explication...murmurai- je. »
Ma mère resta surveiller mon père tandis que je m'assurai que les petits n'avaient rien vu. À mon plus grand soulagement, ils dormaient tous profondément. J'enfilai à la va-vite une tenue descente et me tressai les cheveux. Je me saisi d'une poche pour contenir de l'eau et me précipitai vers l'eau de la rivière Brandevin.
« Salut Elly ! Jo' n'a pas réussi à te donner la gueule de bois ? »
Le visage rieur de Tolnas se décomposa lorsqu'il découvrit ma mine désespérée.
« Papa est souffrant... Je crois... je crois qu'il va... »
Je ne pus achever ma phrase car je ne pouvais me résoudre à cette perspective.
« Oh... lâcha mon ami. Je... je vais vous aider. »
Il m'aida a remplir ma poche d'eau et nous nous hâtâmes de rentrer à la maison. Le visage de ma mère s'éclaira lorsqu'elle me vit de retour.
« Elle est encore fraîche, lui dis-je en lui confiant la poche d'eau. »
Alors qu'elle ouvrit la chambre pour la déposer sur le front brûlant de mon père, Tolnas passa d'un geste peu assuré un bras autour de mes épaules. Je laissai tomber ma tête au creux de son cou.
« Nous n'avons pas encore trouvé ce qu'il avait...chuchotai-je, les yeux ruisselants de larmes.
-Nous allons trouver ensemble, me consola Tolnas. N'a-t-il pas encore parlé ? »
Je secouai la tête. Ma mère revint, le visage décomposé.
« Va te reposer, lui intimai-je. Nous allons rester à son chevet. »
J'entrouvris avec appréhension la porte. L'état de mon père n'avait pas changé, il demeurait presque inconscient. Je frémis au contact de sa main glacée et me retins d'éclater en sanglots.
« Papa... s'il te plaît... Ne nous laisse pas... »
Tolnas s'assit de l'autre côté du lit.
« Monsieur Gamegie... dites nous ce que vous avez, continua-t-il. »
Mais, à mon plus grand regret, aucune réponse de sa part ne nous parvint.
Je crus que c'était la journée la plus longue de ma vie. Ma mère et moi nous relayâmes auprès de mon père. Tolnas essayait de distraire les petits mais je croisai les yeux inquiets de Frodon et Rose, les aînés, qui ne resteraient pas longtemps dupes. Jovieta nous rejoint, elle essaya en vain de me réconforter, car ma peine demeurait trop forte. Je leur fus reconnaissante de rester toute la journée jusqu'au coucher du soleil. Ils me serrèrent un à un dans leur bras et me promirent de revenir le lendemain.
Alors que la nuit était tombée, Frodon vint me parler, les yeux larmoyants.
« Elly... arrête de me mentir s'il te plaît...me supplia-t-il. »
Quand je l'informai de l'état de Papa, il se réfugia dans mes bras et sanglota longuement. Ma sœur Rose, qui avait tout entendu, nous rejoignit.
« Frodon, Rose... Je vous interdis de perdre espoir. C'est compris ? »
Ils levèrent en même temps leurs yeux rougis et acquiescèrent.
« Les enfants... »
Maman apparut dans l'encadrement de la porte, la silhouette voûtée. Elle consola mes frères et sœurs pendant que je me rendais dans la chambre de Papa.
« Elanor... »
Mon cœur battait la chamade. Mon père avait parlé.
« Papa... Je t'aime tellement... lui répondis-je, la voix tremblante. »
Ses yeux s'ouvrirent difficilement. Il écarta une mèche grise de son front d'un geste extrêmement lent et planta son regard dans le mien.
« Écoute... commença-t-il. Il y a bien de choses que j'ai passé sous silence... »
Je me redressai, attentive à la moindre de ses paroles.
«Il y a longtemps, j'ai connu un hobbit qui donna un sens à ma vie...Il s'appelait Frodon Sacquet. »
Je continuai à l'écouter, buvant ses paroles entrecoupées. Plus j'en apprenais sur sa vie passée, plus je comprenais son profond chagrin. J'étais ahurie de connaître toutes les aventures qu'il avait vécu dans sa jeunesse, avant de fonder une famille.
Lorsque qu'il acheva son récit, je lui demandai :
« Papa, qu'attends-tu de moi ? »
Je crus voir ses yeux se remplirent d'un nouvel éclat. Prenant une profonde inspiration, il répondit :
« Je lui avais fait une promesse, ma petite Elanor. Je lui avais promis de ne pas le perdre. »

Don't leave him Où les histoires vivent. Découvrez maintenant