Chapitre 6 : L'académie de l'Etoile

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_ J'espérais que tu me le demanderais, sourit Samy.

Il leva un bras et ferma les yeux. Il se concentra et une boule de lumière rouge se formant dans la paume de sa main. Il ouvrit les yeux puis lança un éclair vermeil sur le sol, ce qui le fissura. Il attrapa la main de la fillette et ils plongèrent ensemble dans la crevasse. Audrey se mit à crier. Elle tomba dans le vide tandis qu'elle sentit l'emprise de Samy se desserrer. Elle voulu ouvrir les yeux mais l'air glacial les lui maintenait fermés. Bientôt, elle ne devinait plus son ravisseur à côté d'elle. Pour finir, elle vint s'écraser sur le sol, couvert d'herbe vert fluo. Une atroce douleur la cloua au sol tandis qu'elle essayait de se relever. « J'ai sûrement des côtes cassées et un trauma crânien, se plaignit Audrey silencieusement. » Elle tenta encore une fois de se redresser mais une ignoble souffrance la pris au dos. Elle laissa tomber quand une voix aiguë s'éleva :

_ Est-ce que tu vas bien ?

Audrey ouvrit ses yeux, puis paniqua quand elle ne vit rien. Une jeune fille grassouillette de son âge lui tendait gentiment sa main. Elle l'attrapa puis l'inconnue l'aida à se relever.

_ Je m'appelle Rose ! s'exclama-elle, en laissant apparaître des dents du bonheur.

La vue de la blessée se rétablit peu à peu jusqu'à ce qu'elle soit parfaitement nette. Elle se mit alors à observer le paysage. L'herbe fluo se mariait divinement bien avec le ciel sombre et noir où des étoiles luisaient d'un incroyable argenté. Des arbres verdoyants entouraient une grande allée de gravats jaunes. Des lampadaires avec des ampoules en forme d'étoiles longeaient le chemin et l'éclairaient d'une douce lumière topaze. Elles n'étaient pas toutes seules à être dans le jardin, il y avait aussi d'autres personnes de leurs âges. Celles-ci se dirigeaient vers un immense château, en pierres blanches. Les vitres du première étage n'étaient autre que d'immenses vitraux représentants des étoiles couleur ambre sur un fond bleu profond. Les autres étages, quant à eux, n'étaient dotés que de simple fenêtre avec de vieux volets en bois. Les tuiles des toits des tours étaient de couleur bleu ciel et, comme par magie, des grosses lettres lumineuses indiquées : « ACADÉMIE DE L'ÉTOILE. » « Cela doit être le nom du lieu, supposa la brunette, encore un peu groggy. »

D'autres choses attirèrent l'œil de Audrey. Il y avait deux autres bâtiments identiques qui partageaient la même cour qu'eux. Cependant, des grillages les séparaient des uns des autres permettent ainsi que personne ne puisse pénétrer et que chaque cour soit de la même surface.

Le premier château était le plus lumineux des trois. L'herbe était d'une pâleur effrayante et le ciel couvert de nuage. Des parterres de tulipes rose pâle et blanches longeaient un chemin de marbre blanc, tout comme des réverbères avec des ampoules en forme de lune, éclairant d'une lueur opaline. L'allée menait à une bâtisse en marbre blanc et froid. Les vitraux du premier étage représentaient une simple lune argentée sur un fond blanc opaque. Les tuiles étaient de couleur magnolia. Malgré la beauté du lieu, celui-ci semblait glacial et froid.

Quant au deuxième château, l'herbe était brûlée et noircie. « Il ne doit pas y avoir de jardinier, pensa Audrey ». Aucune fleur ou arbre ne semblait survivre. Une odeur nauséabonde se dégageait des lieux. Entouré de torche qui émanait des flammes scintillantes, un chemin de terre amenait à un manoir. Ses murs noirs semblaient avoir été brûlés. Le vitrail, quant à lui, montrait un soleil doré sur un fond rouge sang. Les tuiles étaient noirs et Audrey cru apercevoir des trous dans le toit.

À égal distance de chaque académie, une imposante tour de deux étages, se dressait, reprenant les caractéristiques de chaque côté. Il y avait en tout trois fenêtres qui donnaient sur les cours. Le premier étage, quant à lui, était dédié au self. En haut de la tour se trouvaient trois drapeaux : un avec un soleil, un avec un lune et le dernier, du côté des deux fillettes, une étoile.

Le visage rond et remplis de tâches de rousseur de la dénommée Rose n'affichait plus un immense sourire mais un regard inquiet envers celle qui venait de s'écraser par terre.

_ Tu dois t'être cogné la tête, en conclut la fille aux cheveux châtains et lisses. Viens ! Je vais te monter notre chambre !

_ Notre chambre ?! Mais...

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et elle lui agrippa le poignet puis l'entraîna dans le bâtiment, qui, au goût d' Audrey, semblait être le plus accueillant. « Où est Samy, s'interrogea Audrey en le cherchant autour d'elle ». Malheureusement, elle ne vit pas le seul visage qu'elle connaissait. Elles pénétrèrent dans le hall. Le sol de celui-ci était un carrelage bleu ciel. Il y avait de trois escaliers. Ceux sur les côtés desservaient sur le troisième étage, celui de droite sur les dortoirs des filles et celui de gauche sur les dortoirs des garçons. L'escalier principal, quant à lui, conduisait à des salles de classe du deuxième étage. Les vitraux qu'Audrey avait aperçu à l'extérieur, reflétaient ses magnifiques couleurs dansant sur le sol.

Rose conduit la brunette jusqu'à la porte d'une chambre où elle frappa avant d'entrer en trombe. Audrey manqua de s'écrouler au sol mais se rattrapa in extremis.

_ Je croyais que t'avais crevé, se désola une voix autoritaire.

_ Tu n'es pas drôle, Lysa ! cria Rose avant de se laisser tomber sur le lit de droite, laissant virevolter un tapis de poussière ce qui la fit éternuer.

La dénommé Lysa était très grande et malingre. Sa peau blanche laissait apercevoir ses veines bleues. Son visage squelettique et ovale accueillait un petit nez court et retroussé, de minces fines lèvres rouges et de splendides et profonds yeux pers. Elle défaisait une grande valise rouge et parfois, jetait des regards noirs à la gentille Rose.

Hébétée, Audrey se tenait toujours sur le seuil de la porte, ne sachant pas quoi faire, ni quoi dire. Où se trouvait-elle ? Pourquoi était-elle là ? Pourquoi l'avait-on enlevée ? Où était Samy, le seul qui pouvait lui donner des réponses ?

_ Tu respires trop fort, grogna Lysa, tout en gardant ses yeux rivés sur son sac.

_ Laisse-la tranquille ! Elle vient de se cogner la tête !

_ Ah bon... et tu t'appelles ?

Déconcertée par son manque d'empathie et de compassion, Audrey resta muette. Cette fille avait un sacré caractère ! Personne avant elle n'avait déjà réussi à la mettre aussi mal à l'aise.

_ Tu es sourde ou tu as entendu ce que je viens de dire ? répéta Lysa, menaçante.

_ Je suis... Audrey, bredouilla celle-ci, penaude.

Elle tourna la tête et son regard foudroyant rencontra celui perdu de Audrey. Il transperça la pauvre adolescente puis la jaugea des têtes aux pieds. La très grande adolescente aux longs cheveux noirs et ternes fronça ses sourcils.

_ Je t'ai déjà vu, ronchonna Lysa, dans l'académie du Soleil.


Audrey et les trois écolesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant