Chapitre 13

189 21 36
                                    

Au bout d'un long moment, Natalya laissa son regard glisser sur le cadran d'horloge fixé au mur, presque hypnotisée par le mouvement circulaire de l'aiguille des secondes, une course interminable, la course du temps. Le temps qui ne s'arrêtait jamais, qui défilait à toute vitesse, de secondes en secondes, le temps qu'on ne pouvait pas rattrapper, celui qui tuait. Ce temps permettait l'oubli, la résilience. Il pouvait tout nous donner avant de tout nous prendre. Il amenait les êtres vivants à leur sommet, avant de les détruire, lentement mais sûrement. Et Natalya ne pouvait rien y faire. Elle était, comme tout le monde, l'esclave du temps et de sa rigueur incorruptible et sans pitié.

A elle, il lui avait pris ses parents, son enfance, son innocence. Les autres disaient que c'était la faute des ennemis que Vladimir s'était fait tuer, que cette fin tragique avait toujours été une éventualité. Mais la jeune mafieuse voyait ça autrement. Pour elle, c'était une question de temps : a quelques heures près, son père aurait été au courant de la supercherie et tout se serait bien passé. Alors, les choses auraient été différentes : Lev ne serait pas Parrain et elle ne serait pas devenue un Assassin. Mais voilà, le passé était le passé. Impossible de faire machine arrière.

L'adolescente se frotta les yeux, sortant de sa rêverie. Elle s'égarait complètement : penser au passé n'avait jamais rien eu de bénéfique sur elle et ce n'était pas ce jour là qu'elle allait tenter une de ces stupides méthodes d'introspection qu'avait tenté de lui faire assimiler une psychologue pendant des semaines. Natalya se souvenait bien de cette femme absolument insupportable qui n'arrêtait pas de lui répéter d'évacuer, d'être en symbiose avec ses émotions et d'autres âneries du genre. Premièrement, même à huit ans, Natalya était bien trop fière pour pleurer devant une inconnue. Deuxièmement, elle ne voulait même pas y penser.

La tête qu'avait fait la psychologue était vraiment hilarante quand la petite Natalya Ivanov, exaspérée, était descendue du fauteuil où elle se trouvait et était sortie de la pièce sans un mot. 

La jeune mafieuse sourit à ce souvenir et alla se faire réchauffer un plat de pâtes.

Elle prévoyait de terminer son assiette, puis de conclure la journée avec encore un peu de sport à la salle non-loin de là. Le peu qu'elle avait fait plus tôt n'était certainement pas suffisant. Mastiquant machinalement les pâtes, l'adolescente se fit la réflexion qu'elle n'avait rien d'autre à faire de sa journée. Le gros problème des jours sans cours. Même si le fait d'étudier en classe lui paraissait sans intérêt, ce n'était pas pire que ne rien faire. Natalya devait donc se trouver des occupations.

Elle engloutit les derniers féculents présents dans son assiette, la posa à côté de l'évier et prit ses affaires de sport avant de fermer la porte de sa maison à clé et d'enfourcher sa moto.

***

Jayden buvait sa bouteille d'eau à grandes gorgées, regardant d'un air amusé son meilleur ami s'éponger le front.

—    Tu régresses, Billy, se moqua-t-il amicalement. Trente minutes d'effort et t'es déjà essoufflé ?

—    Arrête de me charrier, rit ce dernier. Et puis ça fait au moins cinq minutes que t'es ici à boire pendant que je sue sang et eau ! Ramène donc ton cul de fainéant par ici, qu'on regarde si toi, tu ne régresses pas.

Jayden ricana et posa sa bouteille sur le sol avant de rejoindre Billy vers le ring placé au fond de la salle. Il était prêt pour un deuxième round.

—    Fais attention, railla-t-il, tu vas encore perdre. Je ne voudrais pas froisser ton égo.

—    Oh, arrête ça, Jay. T'as eu un coup de chance.

Identity [en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant