Chapitre 8

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— Alors, lui souffla Ashley, tu peux m'expliquer maintenant ?

— Je ne peux pas te dire plus que ce que tu sais déjà, répliqua Natalya en prenant un air désolé. J'ai juste passé une mauvaise nuit et...

— Tu as bu, la coupa brusquement Ashley. Beaucoup, vu l'état dans lequel t'étais ce matin. Dis-moi ce qu'il s'est passé !

Natalya ne savait pas vraiment si c'était à cause de son inquiétude ou de sa migraine, mais les questions d'Ashley commençaient à l'agacer sérieusement. Elle exhala un long soupir pour essayer de se calmer, sans grand succès.

— J'peux pas...

— Et pourquoi ? la défia Ashley en se penchant vers elle.

— Mais occupe-toi de tes affaires, à la fin! chuchota Natalya, exaspérée. J'ai pas envie d'en parler, point final! Laisse-moi tranquille.

Réfrénée, Ashley se laissa aller contre le dossier de son siège, les lèvres serrées. Sur le moment, Natalya ne se remit pas en question et haussa les épaules: après tout, les états-d'âme d'Ashley ne l'intéressaient pas. Natalya Ivanov ne se souciait de personnne. Et elle avait des problèmes plus importants pour le moment. Elle fit mine de suivre le cours en ne portant pas vraiment attention à l'air blessé qu'arborait Ashley.

— Qui peut résumer ce que je viens de dire? Demanda le professeur d'histoire en braquant son regard sur Natalya. Miss Inchov?

— Heu...non, avoua Natalya sans chercher à tergiverser. Non, je ne sais pas. 

Le petit homme chauve plissa les yeux, se rapprochant du bureau de l'adolescente.

— Non? répéta-t-il. Il faut apprendre à écouter, miss. La rigueur, vous savez? Enfin, ce que vous avez fait hier nous prouve que ce n'est pas votre point fort, hum?

Natalya se figea aussitôt, ayant soudain très chaud. Était-ce une coïncidence ou son professeur savait ? Si c'était le cas, cela signifiait que la police la recherchait activement et que dès qu'elle mettrait un pied hors du lycée, les autorités allaient lui tomber dessus. S'obligeant à respirer profondément, elle demanda:

— Qu'est que j'ai fait hier?

Le professeur fronça les sourcils en l'observant, se demandant si elle se moquait de lui. Mais Natalya retenait son souffle, le cœur tambourinant dans sa poitrine. S'il était au courant, elle allait avoir de gros problèmes.

— Eh bien... vous avez quitté l'établissement sans prévenir durant toute une après-midi, s'exclama-t-il.

La tension de Natalya se relâcha d'un coup et elle expira imperceptiblement : ils ne pensaient pas à la même chose. Quelle idiote, elle aurait du s'y attendre. Elle haussa nonchalamment les épaules tandis que le professeur repartait au tableau en grommelant. Soudain, Natalya croisa le regard de Jayden, assis de l'autre côté de la classe. Il la fixait bizarrement en arborant un rictus moqueur. Mais en voyant qu'elle fronçait les sourcils, il détourna le regard. La jeune mafieuse espérait qu'il n'avait pas remarqué son trouble.

A la Mafia, personne ne montrait ses émotions, personne ne laissait transparaître ses pensées par son expression faciale ou corporelle. Il y avait toujours ce masque de froideur et d'indifférence caractéristique des assassins. D'ailleurs, Lev excellait dans ce domaine. Natalya ne savait pas toujours ce qu'il ressentait. Même en sa présence, son frère gardait son rôle de Parrain, restant direct, clair. Il se tenait toujours droit et il émanait de lui une aura dominante. Par les seules lignes de sa posture, il pouvait intimer le silence. Un simple regard glacé inspirait l'obéissance, vous transperçant de part en part. Il savait si une personne lui disait la vérité rien qu'en observant son langage corporel et comment manipuler les gens. Oui, Lev était fait pour diriger la Mafia russe. Mais Natalya n'était pas si sûre d'elle. Elle était plus efficace seule qu'en groupe car elle ne savait pas motiver les autres et détestait qu'on lui donne des ordres.

Identity [en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant