Chapitre 6

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Nous avions vraiment l'impression d'être en vacance. Manger, dormir et parler étaient nos seules occupations. La seule différence était que les gens autour de nous avaient disparus.

J'étais crevé ce jour là, il était moins de dix heures du soir que je sortis de la chambre de Raf pour aller me coucher, je croisai Alix qui me souhaita bonne nuit. Je regrettai de ne pas lui avoir dit plus de chose que « bonne nuit ». En me couchant, des souvenirs d'elle ressurgirent dans ma tête comme pour me rappeler qu'elle existait, et que je l'aimais. Qu'elle était la chose la plus précieuse que j'avais et que je ne lui parlais plus et ne la voyais plus. Comment avais-je fait pour ne pas lui parler de la journée ? Comment avais-je fait pour que ses yeux imprimés dans ma mémoire ne deviennent que de vulgaires souvenirs ?

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Le lendemain j'allai au self et vis qu'Alix y était déjà avec Jinnie et Irène. J'étais le premier garçon levé, un miracle pour moi. Quand j'avançai plus, je vis qu'Alix était très pâle et que qu'Irène la réconfortait. Je posai mon plateau et demanda à Alix si tout allait bien. Irène me regarda (un mélange de peur, de compassion et de tristesse). Elle regarda Alix, comme pour lui demander si elle pouvait me le dire et me répondit enfin.

- Alix a fait un rêve pendant la nuit. C'était même plutôt un cauchemar.

-Un rêve ?! Demandais-je, surprit. C'est pas grave alors... Alix leva les yeux au ciel

-Non. Répondit immédiatement Jinnie. Ce n'est pas grave.

En retour elle reçut un regard noir de ses amies. Alix se lança.

-Ecoute James... J'ai fait un rêve très bizarre et j'avais vraiment l'impression qu'il était réel. Elle s'accorda une pause.

- Les garçons ne sont pas réveillés ? Demanda-t-elle.

-Je ne pense pas. Répondis-je. Pourquoi ?

-Je veux leur dire aussi... Mais je ne serais pas capable de le répéter une troisième fois...

-Tu veux que j'aille les chercher ? Demandai-je, elle hocha la tête.

Pourquoi en faire autant pour un simple rêve ? J'allai quand même chercher les autres, leurs expliqua le peu que je savais et les ramena à la table. Paul s'était apparemment couché tard et était en colère que je l'ai réveillé. Étonnamment il comprit vite qu'il y avait un problème et s'inquiétait même un peu pour Alix... Un nouvelle adversaire se dressait devant moi ! Je ne savais pas si je devais amener Clément, mais le fit quand même. En silence nous nous installâmes sur les chaises et Alix commença les yeux fermés comme pour se souvenir de tout.

-J'étais dans un grand couloir aux murs gris et je marchais. Il avait des portes blanches sur les murs placées à intervalles réguliers et des gens en robe de médecins marchaient sans arrêt.

Nous écoutions tous avec attention, son rêve avait l'air simple. Mais la façon dont elle la raconta faisait peur. Nous comprîmes rapidement qu'elle avait vraiment peur. Qu'elle le prenait vraiment aux sérieux.

-Je n'osais pas demander aux gens où j'étais et quand j'essayais ils m'ignoraient comme si je n'étais qu'un fantôme. Reprit Alix. J'essayai d'ouvrir une porte mais elle était fermée. J'en essayai une autre et une autre, elles étaient toutes fermées. Une femme sortit d'une pièce et partit, j'en ai profité pour regarder ce qu'il y avait dedans...

Sa voix devint plus basse. Elle regrettait presque ce qu'elle avait fait dans son rêve.

-Je suis donc rentrée... J'ai vu des rangées d'aiguilles pour les vaccins. Il y avait des mots ou plutôt des noms sur chacune d'elles. Avec une sorte de notice. J'ai vu ton nom, Raf...

Alix était à la limite du murmure. Elle avait peur et nous faisait peur.

-Je n'ai pas comprit grand-chose à par... Liquide...

Elle ne voulait pas continuer. J'avais envi de la presser mais elle avait l'air pour la première fois fragile. Elle termina enfin.

-... Liquide d'intellectualité prématuré...

Nos yeux s'écarquillèrent, qu'est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi avait-elle rêvé ça ?

-Mais ce n'était qu'un rêve. Fit immédiatement Jinnie. Un simple rêve...

Irène la fusillait du regard et Alix fondit en larme. Clément et Raf n'arrêtaient pas de se lancer des regards interrogateurs et moi je ne savais que faire. Le pire était Paul, il était aussi pâle qu'Alix et tremblait comme une feuille.

-Elle a peur. Répondit-il. Beaucoup plus que ce que vous pensez.

-Et comment tu le sais ?

-Ça se voit et ça se sent. Jinnie leva les yeux au ciel. Raf prit la parole :

- Donc si j'ai bien comprit, dans son rêve, elle était dans une sorte d'hôpital elle est rentrée dans une pièce et a vu plein de... Seringue... Et sur chacune d'elles il y avait un nom. Elle a vu le mien et a lu « Liquide d'intellectualité prématuré»...

Nous hochâmes tous la tête. Il reprit.

- Donc logiquement, cette seringue... Etait pour moi ?

Nous hochâmes une deuxième fois la tête. Aucun de nous ne voulait avouer avoir comprit. Sauf Paul :

- Elle a trop peur. Elle a beaucoup d'imagination mais son histoire tient trop debout et elle a trop peur. Répéta-t-il. C'était trop réel.

Il nous regarda et s'adressa à Raf.

-Tu es doté d'intellectualité prématurée. Un silence tomba.

- Cette seringue était pour toi donc, tu es doté d'intellectualité prématurée.

Répéta Paul. Il se tut. Personnes ne savait que dire. Ça voulait dire que le niveau intellectuel de Raf n'était pas naturel ? Et pourquoi lui ? Et si nous aussi avions ...Une seringue ? Mais d'ailleurs, comment était constitué ce « liquide » ? Mais surtout, pourquoi Alix avait fait ce rêve ? Et pourquoi devions-nous croire son rêve ?

Jour sacrée flemmeWhere stories live. Discover now