Phase 1 : la découverte
Tout a commencé peu après mon entrée en seconde au lycée Jacques Decour, lorsqu'une amie s'est jetée sur moi à une pause pour me parler d'un élève de Terminale ES qui était tropsupercanon et que toutes les meufs du lycée voulaient se taper. Il fallait absolument que je l'accompagne pour jeter un coup d'oeil discret au phénomène afin de lui donner mon avis.
C'est alors que j'ai posé les yeux sur Benjamin. Un grand skateur aux cheveux d'ébène, mi-en bataille, mi-en pics, et aux yeux d'une couleur complètement indéfinissable, entre vert bouteille et bleu acier – bref, le beau gosse typique de 2002. Le premier réflexe sur le moment est d'approuver juste assez pour se fondre dans la masse, mais pas trop, histoire de paraître cool et distante. J'ai dû balancer un truc du style « Mouais, ça va, il est pas mal mais bon, c'est pas non plus la folie furieuse quoi, faut qu'elles se calment les autres, MDR ».
Essayer de contenir ce qu'on ressent vraiment devient douloureux mais vital – si jamais on avait le malheur d'admettre qu'on a passé trois nuits de suite à penser à lui avant de s'endormir, les moqueries ne s'arrêteraient jamais. Le beau gosse du lycée est censé vaguement fasciner, fédérer les hordes de jeunes femmes hétérosexuelles et éventuellement servir de projecteur à fantasmes – rien de plus. On ne doit jamais prétendre vouloir aller plus loin, s'imaginer à son bras, dans ses draps, ou mariés avec 4 gosses dans un pavillon de banlieue. On doit se contenter de soupirer, glousser et se moquer de lui pour paraître distante tout en lui jettant des oeillades pseudo-coquines une fois de temps en temps.
Sauf que pour moi, c'était perdu d'avance.