Phase 3 : la démence
Et c'est là que s'arrête la comparaison avec « le crush d'adolescente un peu relou mais sain » et qu'on tombe direct dans le thriller hollywoodien. Mon amour pour Benjamin m'a rendue légèrement tarée. Je ne pouvais plus me contenter de penser à lui en cours – je l'avais dans la peau, et chaque battement de mon coeur l'injectait encore un peu plus fort dans mes veines (j'ai été parolière pour Kyo mais si vous le répétez je viendrai chez vous la nuit pour vous chatouiller les orteils). Liste non exhaustive des choses que j'ai fait sous l'influence de mes sentiments pour Benjamin :
Écrire des poèmes au Tipp-Ex/marqueur/criterium sur toutes les tables du lycée
Graver son nom sur les murs de la salle de permanence
Lui laisser des déclarations d'amour absolument partout (salle de perm, salles de classe, toilettes, cantine, arbres de la cour...)
Ramasser une pièce d'un centime qu'il avait fait tomber par terre
Ramasser une copie blanche avec son nom dessus trouvée dans une classe
Coller la pièce d'un centime sur la copie pour réunir mes deux trophées à vie (je les ai encore)
Demander à mes potes tagueurs de me faire des gros « BENJAMIN » à coller dans ma chambre
Pleurer tous. les. jours. parce qu'il refuse de reconnaître mon existence
Sécher tous mes cours et courir partout dans le lycée dans l'espoir de le croiser, même pour une seconde
Invoquer toutes les divinités possibles dans ma chambre le soir avec des bougies pour les supplier de faire en sorte que Benjamin tombe fou amoureux de moi
Me tenir assez près de lui pour pouvoir sniffer son gel pour les cheveux et passer une heure au Monoprix pour tenter de retrouver le même produit pour pouvoir le garder près de mon lit et le sniffer quand bon me semble
Taper des missions façon 007 toute la semaine dans le lycée pour le croiser « OH TIENS COMME PAR HASARD, HOHOHO, DIS DONC, TU ME SUIVRAIS PAS UN PEU TOI PTDR PTET ÇA VEUT DIRE UN TRUC CHAI PAS » environ mille fois par jour
Et ça, ce n'est qu'une toute petite partie de ce que j'ai pu faire pour attirer son attention.Évidemment, rien de tout ça n'a fonctionné.
