Jour -2-

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Mon premier jour de lycée s'est déroulé dans la même ambiance que ma première heure de cours. Steven était entouré de nouveaux amis et ne me prêtait quasiment plus d'attention, ce qui me blessait un peu. Amy a passé sa journée à coller Sophie, son regard allumé par une lueur "amoureuse". Personne ne m'a adressé la parole et Hannah m'a évité intentionnellement. Il faudra que je lui réexplique, sinon elle risque de ne plus m'adresser la parole avant un long moment. Quant à Cody, il n'a fait que de me provoquer avec ses potes et ses pots de colle.

Le soir, j'étais rentrée le cœur lourd. Je pense, malgré le fait que je souhaitais ne pas me refaire d'amis en début de journée, qu'une partie de moi l'espérait. Je ne veux juste pas revivre cette année de cinquième où la douleur et la solitude étaient mes seules amies.

J'avais raconté à ma famille que j'avais de nouveaux amis et que tout allait pour le mieux. Encore un mensonge. Encore un faux sourire.

Il doit être une ou deux heures du matin et pourtant mes yeux sont grands ouverts. L'insomnie m'empêche de rêver d'un monde meilleur. Au moins, je ne me ferais pas d'illusions.

Je regarde les photos répertoriées dans mon téléphone. Elles datent pour la plupart des vacances et du collège. J'aperçois ça et là Hannah, grand sourire, poser ou bien faire une grimace. Je ne vais pas mentir, la moitié de ces photos sont des selfies avec Steven.

Il m'arrive parfois de m'endormir devant une de ses photos, comme si elles m'apaisaient.

Je continuais de regarder mon écran quand on entre dans ma chambre.

Je me retourne pour voir mon père, son visage est comme troublé.

" Papa ?"

Il semble comme se réveiller au son de ma voix. L'homme me lance un regard, ce regard que je connais trop bien. Ce regard qui cause mes insomnies, mes traumatismes de tout ce qui touche à l'amour. Qui me fait refouler mes sentiments.

Il s'avance lentement vers moi et s'assied sur mon lit, ce regard dans le vide.

" Mon patron m'a engueulé à cause ma mauvaise performance au bureau depuis deux ans. Depuis que j'ai arrêté de me soulager sur toi, Joy. Je suis à bout. Ta mère veut que l'on arrête tout ça pour prétexte que je vous violente. Mais, réponds-moi, vous ai-je violenté ne serait-ce qu'une fois ?"

Ses yeux reviennent sur moi et me glace le sang.

" Joy... "

Il me caresse doucement la cuisse, cela me gêne tellement que je la dégage d'un coup vif.

Son regard se fait plus dur.

" Tu ne veux pas aider Papa à retrouver la forme ? Dois-je te rappeler qui ramène tout cet argent à la maison ? Ce n'est que me rendre ma gentillesse. Un bon marché. Comme autrefois, jusqu'à que tu te rebelles.

- Papa, tu me fais peur. "

Il me sourit bizarrement avant de sauter littéralement sur moi.

" Ne me regarde pas comme ça, ça m'excite. ( Il murmure à mon oreille. )

Ses caresses me font lâcher des sanglots, j'essaie de me débattre mais rien n'y fait. Il continue sa petite affaire, quitte à me faire souffrir tant qu'il se soulage. Il me touche, me viole. Cette terreur m'avait quitté pendant deux ans, et la revoilà. J'ai envie de crier, mais ma gorge est trop serrée pour qu'un son en sorte.

Au bout d'une heure, il s'éloigne et sort de ma chambre en silence, me laissant nue et terrifiée dans mon lit.

Je ne sens plus rien, à part mon cœur battre fortement dans ma poitrine. Il bat si fort qu'on pourrait croire qu'il va se stopper d'un instant à l'autre ou bien sortir de mon corps sali. Sali. C'est le mot. Je me sens sale à nouveau, comme je ne l'avais pas ressenti depuis un moment. Mes larmes déferlent en grand nombre sur mes joues et quelques sanglots m'échappent.

L'Ombre d'un SourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant