Prologue -

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Point de vue de Steven :

Un rayon du soleil m'éblouit le visage et je plisse les yeux pour mieux distinguer l'endroit. Des arbres somptueux et à la fois flippant occupe le paysage, m'entourant totalement et m'oppressant à moitié. Je soupire, dégageant une petite fumée blanche par mes lèvres.

Voilà bientôt une année que Joy nous a quitté après une longue nuit à lutter contre un simple rhume. Elle s'est éteint comme elle est apparue : en silence, rien qu'en laissant un soupir. Personne n'était à ses côtés ce soir-là, ne se doutant pas de son état plus qu'aggraver. Son infirmière l'a découverte un peu plus tard, vers cinq heures du matin, étendue dans son petit lit. Ses grands yeux étaient apparemment ouverts et tournés vers la fenêtre montrant l'aube. Ses cheveux étaient en bataille mais sinon rien n'avait changé au moment de sa mort. Elle était restée elle-même jusqu'au bout.

Pendant des mois, penser à elle ainsi me faisait trop souffrir. J'avais envie de la rejoindre à chaque instant, de revoir son visage illuminer par la vie. Revoir juste un de ses sourires si particuliers.  Je ne souriais plus et n'avais plus envie de rien. Pour ainsi dire, j'ai loupé un mois de cours jusqu'à que ma mère me bouge de ma paralysie mentale.

C'était si horrible, je ne pouvais rien faire sans penser à elle. Le soleil me rappelait son sourire, l'entrée du lycée ses allées et venues jusqu'ici chaque jour, mes amis notre enfance commune... J'étais devenu accro à elle tout ce temps et je ne l'avais même pas remarqué.

Je l'aime encore et je pense l'aimer toujours. Mais à présent, je peux penser à elle avec nostalgie.

Sa mère s'est effondrée le matin de sa mort et ne sortait plus du tout. Elle s'était encore plus renfermée qu'à la mort de son mari mais Owen a su la sortir de là. Celui-ci a d'ailleurs beaucoup pleuré, n'a pas cessé de crier son nom avant de dormir comme si ça la ramènerait avec nous. Son grand frère n'a pas changé d'attitude mais je peux voir parfois dans son regard une certaine tristesse. Il est vrai qu'ils étaient tous les deux proches par le passé et que sa perte doit être insupportable.

Je suis actuellement devant sa tombe avec Hannah et Amy. Sophie s'est dégonflée au dernier moment, disant qu'elle ne supporterait pas de se retrouver devant son corps sans vie.

Amy, enrobée dans son gros manteau, fixe amèrement la pierre tombale tandis qu' Hannah pleure une énième fois en murmurant que c'est de sa faute si c'est arrivée.

" Putain ! ( s'exclame Amy en lisant les inscriptions sur la pierre. ) Ils sont vraiment sérieux ? " Notre chère amie qui a tant lutter mais qui a toujours gardé le sourire" ? Putain ! On a jamais vu l'ombre ne serait-ce que l'un de ses sourires ! D'un vrai !"

Elle fait la réflexion à chaque fois que nous nous trouvons devant sa tombe. Même à son enterrement, elle a hurlé comme pas possible sur le graveur de la pierre.

C'est vrai, elle n'a jamais vu l'ombre d'un de ses sourires.

Je souris en revoyant son visage éclairer par la joie et le bonheur, ce qui semble bien lointain maintenant. Elle n'est plus là.

Amy donne un coup de pied dans un tas de terre un peu plus loin avant de crier.

" Je me casse d'ici, je supporte déjà plus cette ambiance !"

C'est toujours ce qu'elle finit par prétexter après une ou deux vingtaines de minutes.

" Je vais y aller aussi, Stev. ( Murmure Hannah en essuyant ses larmes. ) Bonne chance. "

Je reste là, à regarder l'emplacement dans lequel ma petite-amie est enterrée à présent. Son corps doit être décomposé, plus rien d'elle ne reste sur cette Terre. Plus un signe d'elle, plus une trace. C'est si cruel la façon dont nos proches nous sont arrachés, sans nous laisser quoi que ce soit d'eux. Juste une ou deux photos, quelques écrits sans intérêt, avec de la chance une lettre. Mais c'est tout.

Je retire de ma poche de manteau une longue enveloppe et l'ouvre lentement. Je lis lentement chaque caractère qu'elle tracé de sa main fébrile, peu de temps avant sa mort.

Jamais je n'aurais cru que c'était possible;
Que cela puisse m'arriver un jour;
De ressentir cette sensation qui m'attire;
Ce que les gens appelaient amour.

J'aimerais t'avouer mon amour;
Pour ne pas me perdre dans les rêves;
Cet amour que je porte dans mon cœur;
Comment pourrai-je te le faire ressentir.

Est-ce que je peux enfin te le dire,
Tout l'amour que je porte dans mon cœur,
Que je ne peux pas le garder pour moi seul,
Et voir le manque planer sur mon cœur.

Je sais que c'est maintenant l'occasion,
Pour te le dire et partager avec toi,
Cette sensation qui m'attire et m'aspire,
Mais est-ce que j'ai le courage de te le dire?

Ce n'est pas toujours facile,
Avouer ses sentiments d'amour,
Mais pour moi le plus difficile,
C'est de ne pas te dire je t'aime.

Je t'aime, Steven.

Je regarde encore un long moment l'encre souillé par mes larmes passées et caresse doucement le papier, comme pour ressentir sa présence une énième fois.

Une larme tombe le long de ma joue et je renifle difficilement. Pourquoi est-ce que ça devait lui arriver à elle ? Surtout quand on s'est enfin trouvés l'un l'autre, qu'on pouvait s'aimer en plein jour ? Je maudis encore une fois les cieux de me l'avoir prise, de l'avoir écartée de ma vie pour toujours.

Pourquoi....

Je fixe la lettre et la sers das mon poing. Cette dernière trace d'elle, j'y tiens plus que ma propre vie. Comme si c'était Joy, elle-même. Mais elle n'est plus là, quoi que je fasse. Je donnerais pourtant tout... tout pour... l'ombre d'un sourire.

Un clic sonore se fait entendre et je me retourne vivement.

Une fille se tient entre les branches basses d'un arbre, un appareil photo entre ses deux fines mains. Il est placé devant son visage, de façon à ce que je ne voie pas son expression.

De longs cheveux bruns ondulent sous le vent d'hiver, faisant également bouger les branches. La fille n'est vêtue que d'un uniforme de lycéenne, l'uniforme de mon lycée et de fins collants noirs. La tenue typique de lycéenne. Elle est assez fine et sa peau est très claire.

Celle-ci baisse lentement son appareil, me laissant apercevoir son visage. Elle a une expression ébahie et ses yeux bruns s'illuminent dès qu'ils entrent en contact avec les miens.

Je m'approche, ne pouvant empêcher mes larmes de couleur le long de mes joues. Je la vois trembler et tenir fortement son appareil contre elle. Je peine à croire ce que je vois.

" Joy....?"

Elle me regarde plus intensément, avant de bouger la tête de façon adorable et de sourire. Un vrai sourire. Une vraie joie.

" Je t'ai manqué, Steven ? "

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Hey ^^

Je vous laisse avec cette fin cruelle et surtout bizarre ! Peut-être un deuxième tome ? Je vous tiendrai au courant de tout ^^

J'aimerai juste savoir si vous vous voulez la suite ou si cela n'est pas nécessaire pour vous...

Bref, merci d'avoir lu jusqu'au bout, ça m'a fait très plaisir c:

Je vous souhaite une bonne journée à toutes et à tous !

L'Ombre d'un SourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant