Jour -3-

381 21 1
                                    

Je regarde mon reflet dans le miroir, le visage livide. Je suis... Horrible. Si laide et si maigre. On pourrait croire faire face à un squelette. Je ne suis ni attirante ni jolie. Je n'ai pas une petite particularité me donnant un charme. Non, juste un visage triste et hypocrite sur un corps squelettique.

Les larmes me montent aux yeux et je laisse en échapper quelques-unes. Je n'ai aucun mérite à rester. Plus de rayon de soleil, celui-ci est parti voir ailleurs. Je n'ai plus d'amis à proprement parlé, juste des personnes se servant de moi.

Je m'effondre sur le sol et continue de fixer mon reflet. Un sourire échappe à la fille aux cheveux bruns, comme s'il était satisfaite. Peut-être qu'être triste devait m'arriver, je ne me mérite peut-être pas le bonheur.

Les larmes déferlent à présent en grand nombre sur mes joues rosies. De petits sanglots m'échappent. Mon reflet n'attire ni pitié ni envie, juste un sentiment de compassion, cette personne ayant subie les dommages de la vie.

Je regarde avec envie le tiroir de ma salle de bain, celui que je m'étais promis d'éviter et d'oublier. Mais à présent que je suis seule, à quoi bon résister ? Steven...

Je m'approche dangereusement de l'enfer et l'ouvre. Je prends cette objet me rendant moins triste. Je le passe plusieurs fois entre mes doigts fins et le contemple comme une des sept merveilles du monde. L'envie me prend et plus rien ne me retient de la réaliser.

Je l'apporte à ma peau et trace quelques traits peu profonds et légers. Je souris en voyant perler quelques gouttes de sang sur mes blessures. Mes larmes continuent leur ascension sur mon visage. Je frotte la lame plus fort, regardant avec quelques frissons le sang jaillir de ces plaies. Ces plaies qui essaient d'apaiser celles bien trop présentes sur mon cœur brisé.

Cette "peinture" rouge dégouline le long de mon bras gauche, formant quelques tâches sur mes vêtements et le sol.

Quelques frappes sur la porte de la salle de bain me réveille de ma contemplation et stoppe mon action. J'essuie rapidement les quelques larmes restantes et me plaque contre la porte, comme pour la bloquer si elle s'ouvrait sur ce carnage.

" Qui est-ce ? ( Je murmure, c'est à peine si on peut m'entendre. )

- Steven, ta mère m'a dit que tu prenais une douche. Je t'apporte les cours. Je t'attend dans le salon.

- Tu peux m'attendre dans ma chambre, si tu veux. ( J'élève la voix qui est beaucoup trop tremblante. )

- Joy, ça va ?

- Bien sûr. Je me dépêche. "

Ah, c'est vrai que je n'ai pas été en cours ce matin. Il doit être midi puisque Steven n'y est plus.

Je regarde avec effroi le désastre que j'ai causé dans la salle de bain. Le sang coule encore de mes bras douloureux et mon cœur palpite douloureusement dans ma poitrine. Je fixe amèrement ces marques sur mes jambes, comme neuves sur mes bras sanguinolent.

J'attrape quelques mouchoirs et essuie le sol. Je les jette par la suite et remets correctement mon pull pour cacher mes plaies. La douche sera pour plus tard.

Je sors silencieusement de la pièce en me dirigeant vers ma chambre, quelques bruits en échappent. Des paroles. Une discussion. Je m'approche discrètement et écoute la conversation.

" Joy est une fille fragile à cause de son père, tu le sais Steven ? ( Je reconnais la voix de ma mère ) Il la battait et la touchait pendant une certaine époque, et je suppose que ça lui a valu quelques traumatismes. Merci de veiller sur elle. Je sais qu'elle peut être timide et réservée et que ça ne doit pas être facile pour toi de répondre à ma demande...

L'Ombre d'un SourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant