Jour -15-

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Je hais ce corps. Ce visage, ce sentiment de trahison qui n'a pas lieu d'être. Je savais que cela finirait ainsi, mais c'est plus dur à accepter que ce que je pouvais imaginer. Sûrement parce que j'y ai cru, à ces amitiés parfaites dans lesquelles on peut compter sur l'autre. Mais cet "autre" a préféré croire une autre personne que moi-même.

Je me rends bien compte que je suis totalement injuste, étant moi-même une hypocrite. Mais ce sentiment me fait penser des choses totalement insensées, me faisant perdre le peu de logique que j'avais.

Mon regard se balade sur la dizaine d'étudiants devant la grille du lycée, tous joyeux et hypocrites. Sur ce point-là, nous sommes tous frères et sœurs, à se mentir au lieu d'assumer la triste vérité. Le pire, c'est que l'on se ment à nous-même.

Je pénètre dans l'enceinte du lycée, mon masque tombé une fois pour toute. Étant à présent seule dans mon monde gris, je n'ai plus besoin de jouer la comédie pour recevoir quelques rayons de soleil. 

Un garçon s'approche de moi, un grand sourire sur le visage.

" Alors, tu aimes la photo que j'ai envoyé à ce cher Steven ? Quel magnifique montage ! J'ai passé une bonne heure dessus, et j'en suis très fier ! D'autant plus qu'il y a cru. ( Cody sourit de plus belle. )  Hannah a retrouvé le sourire grâce à ça, c'est pas merveilleux.

- Merveilleux, en effet, tu peux être sûr que dans quelques jours tu seras célibataire. ( J'annonce d'une voix neutre et grave.) 

- Pardon ? D'où tu me parles comme ça ? Tu te prends pour qui ? ( Il commence à s'énerver. )

- Pour personne, justement. "

Ses sourcils se froncent, créant un petit bourrelet affreux entre ses deux yeux. Son expression se durcit et je peux deviner que cela va mal se finir pour moi. Mais à quoi bon? Je ne suis plus à ça près.

" Je crois que t'as besoin de te rendre compte que t'as pas le droit de me causer comme à ta mère, pauvre conne. "

Il m'attrape l'avant-bras avant de me traîner vers les toilettes des filles, là où ils me frappent habituellement. On dirait bien que j'ai pris l'habitude de ce traitement fréquent. 

Une fois dans la pièce, il me jette sur le sol avec une telle force que je retrouve allongée par terre, le dos et les jambes trempés par le sol encore humide après le nettoyage quotidien. Je sens mon pull et mon t-shirt collés à ma peau, ce qui n'est pas du tout agréable. Le garçon aux cheveux en épines m'attrape par les miens me donne plusieurs coups dans mon ventre, au visage, dans mes jambes. Il me semble même saigner du nez, mais tout cela me semble flou. 

La douleur physique est horrible, mais celle morale est intenable. 

Pour finir son carnage, il soulève la manche de mon pull qu'il regarde avec envie. Cody laisse apparaître mes bras remplis de croûtes et de sang frais à ses yeux pervers. Son expression se détend et il me sourit bizarrement. Qu'est-ce que...?

Avant que je puisse réfléchir de son acte à venir, il pose sa main sur le haut de mon bras, avant de la descendre en prenant soin de bien appuyer sur ma peau endommagée. Ses ongles griffent et rouvrent mes plaies, m'arrachant un petit cri aigu. Le sang coule de nouveau et ma vision se trouble à cause des larmes bien trop présentes dans mes yeux. 

J'ai l'impression que tout mon être se déchire, aussi bien physiquement que mentalement. 

Le sourire du brun se détend une fois sa torture finie et admire un instant mon bras gauche rempli de sang. Il se racle la gorge avant de murmurer.

" Alors, on s'attaque au deuxième bras ? "

Je secoue frénétiquement la tête mais cela ne fait rien.

L'Ombre d'un SourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant