chapitre 15

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"la mort est peut-être la plus grande de toutes les bénédictions humaines." -Socrate

Je ne m'entendais pas pleurer, mais je savais que cela devait être désastreux. Assise sur le côté du magasin, je regardais les lumières bleu et rouge se refléter tel des fantômes sur le mur de briques.

Je jetais violemment une ardoise détachée du toit, et elle alla se briser vulgairement à mon opposé. Amy était morte ! seul ! mais elle souriait ! comme si elle était heureuse de me quitter, de me laisser seul !

J'étais de nouveaux seul.

Seul avec un piano. Seul avec de la musique. Seul avec du silence.

Un silence de mort.

Mon existence ne consistait plus qu'à jouer du piano, perdu dans ma tour de silencieuse solitude. Je déprimais en observant l'idiotie humaine du haut de ma fenêtre. J'agonisais sans même m'entendre. Je ne voulais plus rien faire.

Lara ne m'avait plus donné signe de vie depuis que Amy était morte. Il fallait dire que je n'avais pas cherché à la contacter non plus. Je ne voulais pas parler.

Plus rien n'avait de sens à mes yeux. Je retombais de nouveau comme avant de l'avoir rencontré. Elle m'avait laissé toute seul. Sans rien. Je n'avais plus rien.

Ma mère entra dans ma chambre. Je lui lança un coussin dessus pour qu'elle sorte. Contrairement à ces deux semaine de déprime, elle reposa le coussin sur mon lit et me regarda.

J'avais perdu l'habitude de la présence humaine. Je ne communiquais plus, ne mangeais et ne buvais que le nécessaire, et ne riait plus.

Elle leva sa main pour commencer cette maudite chorégraphie de langage. Je détourna le regarde sans aucune envie de savoir ce qu'elle avait à me dire. Mais elle me prit par l'épaule et me força à la regarder. Un homme était là pour un héritage que j'avais de Amy.

Un héritage ?

Je descendis, me demandant si tout ceci n'était qu'un coup monté pour me faire bouger un peu. Mais non. Il y avait bien un homme dans mon salon, habillé d'un costume bleu foncé par-dessus une chemise bordeaux.

Il tenait une sacoche à la main, qu'il posa sur la table à manger dès mon arrivée. Dedans se trouvait le testament d'Amy. Elle n'avait plus aucune famille et disposait d'une fortune assez importante, avec sept zéro. Si on ne me l'avait pas montré, je ne l'aurais jamais crue, elle était si humble.

Sur les papiers, il était très éclairement écrit qu'elle me léguait la moitié de ses bien, l'autre moitié était destiné à Lara Colibri. J'étais complètement perdu, qu'est-ce que Lara avait à faire la dedans ?

Avec tout ceci il y avait une lettre. Mon nom était écrit dessus, de la même manière que sur l'emballage du journal. A L'intérieur, les mots étaient dessinés dans une calligraphie parfaite. Comme si elle avait été écrite par un ange, ou même une fée.

Cher et tendre Elsie

Aujourd'hui tu as ta représentation, celle où tu feras découvrir tes œuvres, et je suis fière de t'avoir amené jusque-là. Tu vas être triste, je le sais, et je sais aussi que tu ne vas pas tout comprendre alors je vais reprendre depuis le début.

Il y a un ans, Lara, celle avec qui tu parles, m'a parlé de toi. je l'avais prise sous mon aile, pour lui faire aimer la littérature, le piano, elle était vraiment nul ! elle aussi se prenait pour un « cadavre ambulant ».

Quand elle m'a parler de toi et de ton piano, je ne l'ai pas cru, alors je suis venu dans ta rue et j'ai attendu que tu joues. Tu ne t'étais même pas rendue compte que ton piano était au maximum de son volume.

J'ai retrouvé en toi ce que j'avais perdu : mon fils et ma petite fille. Alors j'ai demandé à Lara de déposer le journal pour toi et de te guider progressivement à moi. (j'en ai plein d'autre d'ailleurs, ils sont dans l'arrière-boutique dans le carton noir si tu veux les prendre .). Le jour où je t'ai vue devant la librairie j'ai vue dans ton regard que tu étais pur et que tu étais faite pour ça.

Ce matin en me réveillant, j'ai su que mon heure était venu. J'ai su que je t'avais enseigné tout ce que je pouvais et qu'il m'était à présent possible de me laisser partir. Je t'ai attendue des années, et aujourd'hui, mon travail était fait.

Je sais que tu penses que je t'ai laissée toute seul et sans rien, mais tu te trompes, je t'ai laissée avec Lara, qui te donneras plus de détails, ma fortune et la librairie, je vous lègue à toutes les deux ma librairie, pour que vous en fassiez ce que vous voulez, en temps qu'amies, sœurs, ou même amantes. car je sais que c'est à vous qu'elle revient.

Merci à toi Elsie. Amy

Le silence du pianoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant