can't fight this feeling

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Des nuits empreintes de cauchemars, de tristesse, de désespoir ; une main sur le côté gauche de sa cage thoracique, il tentait tant bien que mal de reprendre son souffle. Quelques gouttes de sueurs coulaient le long de son torse, de son front et cet air paniqué ne quittait pas son visage ; ce cri silencieux demeurait au coin de ses lèvres. Dans une dernière inspiration, il prit un peu d'air et se plia en deux, en sentant une quinte de toux le prendre. Chaque inspiration qu'il prenait, semblait l'achever plus qu'autre chose et parfois, il s'allongeait sur son lit, se taisait et arrêtait de respirer ; il tentait de défier la mort, peut-être. Quel gamin. Il se trouvait si pathétique. Ses regards laissaient une traîne de souffrance là où ils passaient.

Son regard d'un beau brun se heurta une demi-seconde à cet air apaisé sur le visage de la femme qui partageait ses draps ; il était tombé amoureux de ce bout de femme, des années en arrière et là, bien qu'une alliance en argent traînait sur l'annulaire de sa main gauche, il ne parvenait pas à la rendre heureuse. Une grimace se glissa sur ses lèvres et il détourna le regard ; il était incapable de poser son regard sur elle, plus de deux minutes. Fût un temps, peut-être qu'il était digne d'elle, mais à cet instant, elle méritait mieux, vraiment mieux. Parfois, il se demandait si la solution ne serait pas de prendre la fuite, loin d'elle ; de parcourir les chemins inconnus d'un tas de pays différents, de faire croire à sa mort.

Le brun repoussa le drap blanc qui couvrait le bas de son corps et posa ses deux pieds sur le sol froid ; l'absence de lumière ne le dérangea pas, il haïssait le fait de croiser son propre regard à travers les vitres et les miroirs. Il passa une main, maladroite, presque tremblante, sur son visage et ses iris bruns s'accrochèrent au réveil, posé en évidence sur sa table de chevet ; 6:02. Fût un moment où les bras de Morphée étaient son occupation favorite, maintenant, ça le tuait à petit feu. Il s'extirpa de la pièce, sans un bruit et s'engouffra dans la salle de bain, grimaçant lorsque la lumière le frappa ; l'eau chaude sur son corps lui arracha un léger soupir de satisfaction, beaucoup trop tendu ces derniers temps, il en oubliait totalement l'époque où il se sentait si bien. Il entreprit silencieusement de frotter chaque partie de son corps, avec une rage déconcertante, laissant quelques traînes rouges vives sur sa peau et s'extirpa de la baignoire, attrapant une serviette.

Une brise légère flottait dans le village caché du Sable ; ses prunelles brunes effleurèrent un instant ce paysage qu'il connaissait bien, mais auquel il ne parvenait pas réellement à trouver d'attache. Cet endroit était si différent de là où il était né, là où il avait grandi et puis, il manquait quelque chose de puissant ; quelque chose comme le sourire d'un certain Uzumaki. Une pointe de souffrance se réveilla dans sa cage thoracique et il glissa un tube de nicotine entre ses lèvres, l'allumant d'un geste expert ; qui aurait crû que cet idiot manquerait à tant de gens ? Lui, celui que tous les villageois fuyaient, celui que l'on repoussait, celui qu'on regardait mal ? Tous les parents ordonnaient à leurs enfants de ne pas traîner, près de lui, pourtant Shikaku n'avait jamais donner cet ordre à son fils ; et Shikamaru s'était retrouvé au côté du blondinet, marchant à ses côtés. Ils avaient vécu tellement de choses ensemble, il se souvenait parfaitement de la soirée qui avait suivit sa promotion en tant qu'Hokage, il se souvenait parfaitement de la fois où Naruto avait hurlé dans les rues qu'il allait être père, de la fois où il était venu le voir, tremblant, déclarant qu'il était effrayé à l'idée d'être un mauvais père. Tant de souvenirs, qui lui faisait mal, maintenant. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il tira une taffe, s'avançant dans les rues, sans prendre la peine de s'attarder sur les façades qui s'éveillaient doucement, sur les gens qui lui jetaient parfois un regard, sur un entourage qu'il aurait préféré invisible.

Ses pas le traînèrent sur le toit d'un immeuble ; un endroit qu'il appréciait, peut-être parce que le vent qui fouettait contre son visage meurtri, avait un petit quelque chose d'apaisant, ou peut-être parce que le vide sous ses pieds était une tentation constante. S'il sautait, s'il se lançait, peut-être qu'il retrouvait son village, qu'il retrouvait son père et son sourire maladroit, le jeune Uzumaki et sa maladresse attachante, qu'il retrouvait toutes ces personnes qui lui manquait ; peut-être qu'il la retrouverait elle.

- Les héros dans l'ombre [anciennement CWSAP]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant