Phrase choque

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Point de vue Général :

Est ce qu'il l'a vraiment fait ?

J'ai toujours les yeux fermés. Je n'ose pas regarder. Quelques larmes coulent sur mes joues et je sers les dents pour ne pas crier.

Quelque chose tombe à ma gauche. Je regarde sans réfléchir. Alors que je m'attendais à voir Helbram mort, il était bien vivant. Il regardait à l'opposé. Était il arrivé quelque chose à Elaine ? Je tourne la tête en chassant les larmes de mes yeux.

Lorsque mon regard se pose sur Elaine, elle est saine et sauve, elle aussi. Ouf. Je n'ai plus à m'inquiéter pour eux. Elle aussi regarde de l'autre côté... Mais, qu'est ce qu'elle regarde ? Je crois que c'est moi. En plein milieu de mes réflexions, une vive douleur à la main me fait redresser mon regard vers l'avant.

Je retiens difficilement la bile qui vient de remonter dans ma gorge, essayant d'étouffer mon irrépressible envie de vomir. Je n'avais pas relever le fait que tout les couteaux avaient "disparus". Pour moi, c'était clair. Tout ça n'était qu'une fausse menace de la part de mon père et il avait tout simplement rangé son arme.

Ce n'était malheureusement pas la réalité. Je fixais ma main droite, au bout de mon bras tendu. Je fixais surtout le fin manche bleu qui dépassait, laissant deviner la lame au bout.

La bouche entrouverte, les yeux grands ouverts. Je restais là, tremblant de peur.

Lentement, trèèès lentement, je laissais mon regard remonter. Pourquoi avais je tant envie de savoir ce qu'il se passait ? Je n'en avais pas envie enfaite, c'est juste que je ne pouvais pas faire autrement. Mon regard été attiré par cette horreur. Que pouvais je faire d'autre, que de regarder, totalement hébété, mon père jouer au hérisson ?

Les informations avaient beaucoup de mal à se connecter, mais j'avais déjà compris quelques petites choses. Sous le coup de la colère, de la peur et du stress, j'avais retourné la lance de mon père contre lui. J'avais pris le contrôle de son arme, pour qu'au lieu de blesser ma sœur et Helbram, ce soit lui qui subisse. Et... Ça avait marché.

Les regards des deux concernés ne m'étonnaient même plus. Mon père souriait. Pas un sourire narquois, mesquin ou encore carnassier... Non, ce sourire là était sincère. Heureux. Un peu triste aussi. Et je ne savais pas du tout ce que je devais en penser.

Incapable de tenir debout plus longtemps, je m'effondrai par terre. Mon père, toujours conscient, me tomba dessus. Ma main ne le retenait plus. Alors que sa tête se posait juste à côté de la mienne, je l'entendis me murmurer ces quelques mots.

"Enfin.. au moins, ça c'est digne d'un roi."

Je n'ai même pas réfléchi. Ce fut comme un réflexe. Je l'ai poussé devant moi, il s'est pris la barrière dans les genoux et il est tombé. Dans le vide. L'arbre n'a même pas esquissé un seul mouvement pour le sauver, ce qu'il aurait normalement du faire. Et c'est bien mieux pour tout le monde.

Je regardais le trou laissé dans la barrière, l'air un peu absent. Je l'étais, d'ailleurs. Je ne faisais plus attention au monde autour. Je n'étais capable que d'une chose, ressasser ses mots. Me rappeler, me répéter indéfiniment cette phrase. "Ça c'est digne d'un roi". Malgré tout ce qu'il nous a fait subir, j'ai toujours cherché son admiration. C'est normal, on tient à ce que nos parents soient fiers de nous, c'est biologique.

Alors pourquoi ? Pourquoi cette phrase me laissait-elle avec un goût amer dans la bouche ? Pourquoi, au lieu de l'apaiser, elle ne faisait que renforcer mon envie de vomir ? Pourquoi...

Je ne pleurais même pas. J'étais trop choqué pour ça. Je constatais ce qu'il se passait à côté de moi comme si je ne faisais pas partie du même monde.
Une bonne partie du château avait épié la scène. Ils accouraient tous, le sourire aux lèvres. Ils sautaient, criaient, dansaient... Certains riaient même. Nous n'étions que trois à ne pas participer aux réjouissances. Elaine qui, comme moi, était perdu, Helbram qui s'inquiétait pour ma sœur et moi.

Il y avait aussi ce ramassis d'incompréhension, affalé par terre, fixant le vide. Cette chose, que les autres acclamés "roi". Cette horreur qui se leva, sans faire attention au reste, titubant jusqu'au bord du précipice. Et qu'y manqua d'y tomber ou de s'y jeter. Il serait tombé, si il ne lui avait pas attrapé la main. Si il n'avait pas crié son nom.

Une fois encore, il le sauvait.

"Harlequin !"

L'interressé ne se retourna même pas. Il fixait l'endroit où son père venait de disparaitre. Les cris de joies s'arrêtèrent. Tout le monde regardait à présent les trois adolescents dont personne n'avait remarqué la détresse. Tout le monde s'arrêta, enfin conscient des évènements qui venaient d'avoir lieux.

Enfin conscient que pour eux, ce n'était pas une période de fête qui s'annonçait. Bien au contraire.

Chronique d'un ressuscité (HarlequinXHelbram)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant