évidence

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Le bouton se transforme en lance spirituelle. La lance des rois, ou de la forêt. Ça dépend des fois. J'évite ses attaques sans même essayer de riposter. Je n'ai pas le droit d'utiliser une autre arme que la lance des rois, et mon père en a le contrôle, pour l'instant.

Mon seul but est de lui enlever cet avantage. C'est le but du combat lui même. Enfin presque. Le but global est de tuer loyalement l'autre. Pour cela, on a le droit d'utiliser nos pouvoirs magiques, mais pas d'autres armes spirituelles ou non (comme par exemple, la Chastiefol). La seule arme utilisable est la lance de la forêt. Gros problème pour moi. Mon autre alternative, c'est de le tuer grâce à mes pouvoirs.

Alors que j'étais encore entrain d'esquiver l'une de ses attaques, je le devance et je lui saute dessus. J'arrive à l'écorcher à l'aide d'une goutte d'eau concentrée.

"Infection !"

La petite plaie vire rapidement au bleu. Voir au violet. Mon père ne comprend rien à ce qu'il se passe. Il finit par se rendre compte que j'ai dans mes projets de le vaincre grâce à ma magie. Il décide donc de faire appel à la sienne. Il fait un simple mouvement de la main et tout le mana présent disparaît. Je tombe de quelques mètres car la magie qui me tenait au dessus du sol a cessé d'être utilisable. Malheureusement.

Je roule sur le côté pour éviter de mourir sous un coup de la lance des rois. Quoi ?? Il peut toujours utiliser la magie lui ? Ça c'est vraiment pas juste !  Mon idée est totalement foutu...

À moins que... À moins que j'arrive à utiliser sa puissance pour désactiver son sort grâce à infections... Ouaip. Ça pourrait marcher ! Mais, dans ce cas, je risquerais d'y passer aussi. Je sens que si je survie mes amis vont me tuer, rien que pour avoir pensé à ça. En même temps, c'est pas comme si ça me dérangeait vraiment, de mourir. Alors que l'autre crétin en face de moi se prépare à lancer une énième attaque ayant pour but de me détruire, je me tiens droit.

Un nuage de poussière est soulevé par l'arme et sa vitesse. Je regarde droit devant moi, sans penser à rien. Au moins, j'aurai eu une belle fin. Faute d'avoir eu une belle existence... La mort me fonce dessus, une fois encore, et tout ce que je trouve à penser, c'est que je vais avoir une "belle" fin ? On n'a jamais de "belle fin". Une fin c'est pas beau. C'est effrayant, c'est repoussant, c'est interdit. Mais l'interdit a la tendance à attirer.

Alors que l'attaque se dirigeait vers moi avec une vitesse non négligeable, j'avais l'impression que mes derniers instants s'éternisaient. Je voyais, au delà de l'objet de ma mort futur, mon père. Derrière lui, le regard de mes amis. Ils savaient déjà que je n'allais pas bouger. C'est une opportunité que l'on m'offre, pour quoi la rejeter ?
Sûrement parce qu'il me regardait avec un certain dégoût. Peut être était-ce cette émotion si particulière qui me fit réagir. Il m'était sûrement insupportable de voir son si beau regard gâché par cette... Chose. Peut-être aussi le regard victorieux de mon père, qui fit remonter cette rage venant du plus profond de mes entrailles. Rage balayée par la puissance de son regard. Qui semblait presque me transpercer. Ce regard plein de reproche, plein d'espoir.

En regardant plus globalement autour de moi, je découvris que beaucoup de mes amis portaient ce regard étrange.

Et c'est là que je compris.

Je n'ai aucune chance de battre mon père. Aucune. Sauf si je réagis maintenant.

Il ne faut pas que je me batte contre lui, mais il faut que je me batte pour mes amis.

C'est bien ça, cette haine ne me rends plus fort qu'en apparence. Elle m'empêche de réfléchir, de me battre correctement... L'oublier est impossible, j'ai déjà essayé. Se focaliser dessus ne sert à rien. Et si, je laissais couler ? Juste ça. Ce qu'il a fait ... Est fait. On ne change pas le passé. C'est comme ça.

La poussière arrive jusqu'à moi. Ma vie se finira bientôt. Plus que quelques secondes à attendre.

Mais, je ne veux pas mourir !

Cette constatation a au moins le mérite de me tirer un petit sourire. C'est à l'instant de ma vie où je suis le plus près de la mort, que je décide enfin de me battre. C'est un peu étrange quand même. Enfin. La lance n'est plus qu'à quelques petits centimètres de moi, lorsque je décide enfin de bouger.

Je me recule sur le côté pour l'esquiver, et je l'attrape au passage. La fumée se recule brutalement. Je le fixe. Je cherche en moi le petit reste de ma connexion grâce à infection. Je le trouve enfin !! Je laisse toute ma conscience s'engouffrer dans ce passage étroit et je ressens enfin l'esprit de mon adversaire. Je tends mon bras droit vers l'avant, le bras avec lequel je tiens toujours la lance. Je concentre tout le peu d'énergie que j'arrive à emmagasiner. Je suis totalement incapable d'esquiver le coup de poing de mon père qui me met à terre.

Il se pose sur moi, récupérant la lance d'un mouvement brusque pour me menacer avec. Alors qu'une peur incontrôlable aurait dû me saisir, je le fixe droit dans les yeux, le menaçant très clairement.

"Sors tout de suite de ma tête."

Son ton froid et sans appel me fait frissonner. Mais je ne fais rien. J'essaie, en vain, de me défendre. Je tente aussi de me libérer de son emprise. Cet essai n'a pas plus de succès que tout ce que j'ai entrepris jusqu'à présent.

C'est à ce moment précis que le déclic se fait. Il utilise la forme démultiplication de son arme pour menacer mes amis. Je ne réfléchi même plus. Je donne un coup bien calculé, bien que je l'ai donné totalement au hasard, et je me jette entre l'arme et mes amis, les bras grands ouverts. Sans m'en rendre compte, mon esprit repart à la conquête du sien. Je trouve, cette fois ci, assez de mana pour annuler son sort m'empêchant d'utiliser mes pouvoirs. J'en profite pour dévier les tirs qui s'abattent sur moi.

Une cinquantaine de petits coutelas se dirigent vers mon opposant. Je fonce droit vers lui. Ma première attaque l'envoie vers le haut, mais je le rattrape un peu avant avant qu'il ne touche le plafond et je le lance le plus fort possible vers le sol. Il percute ce dernier et se relève lentement, le souffle coupé. Je viens me poser devant lui, tout aussi lentement.

Lorsque je me pose, le son d'un bruissement de vêtements inhabituel parvient à mes oreilles. Alors que je regarde par terre, la vue me surprend au plus haut point.

"Bah tu vois, quand tu veux."

Mon père me désigne.
J'ai peur de comprendre.

Chronique d'un ressuscité (HarlequinXHelbram)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant