Je pourrais sauter là, maintenant. Qui m'en empêcherait ?
Mon cadet dort, mon meilleur ami n'est pas là. Je suis seul.Pourtant je ne le fais pas. Je ne peux pas. Parce qu'il est là.
Il est toujours là.Ma tête se met à tourner et je vois un grand trou noir avant de me sentir tomber contre le sol froid.
Je suis dans la chambre. Notre chambre. Celle que l'on a aménagé dans l'entrepot pour nos moments de plaisir.
Celle à la peinture aussi profonde que nos yeux, comme une rivière par temps de pluie.
Celle avec le lit aux draps noirs. Il aimait beaucoup cette couleur. Il disait qu'elle est le reflet de notre âme à tous les deux : tachée, brulée par notre envie, notre vie, nos sentiments.Hyung aimait beaucoup ma voix, il disait qu'elle ressemblait à de petits diamants s'entrechoquant dans une boite. Lui, il est la boite. Moi, je suis les diamants. Ma voix, elle, résonne le plus clairement dans nos moments d'extase.
Les uniques moments où nos âmes se confrontent, s'emmêlent, fusionnent telles nos langues passionées dans un baiser délicieusement torride.Je m'assois dans ce lit qui a tellement acceuillit nos deux corps. L'esprit vide. Le coeur au bord des lèvres.
Tu me manques.
- Tu es seul petit frère. Tu as toujours été seul.
Mes yeux se plongent dans la contemplation de la fenêtre. Je ne veux pas le voir.
- Pourquoi n'as-tu pas sauté ? Tes problèmes auraient été résolut.
- Ce n'est pas mon genre d'abandonner.
Son rire cystallin résonne dans l'air.
- Fuir est pire.
Je me tourne vers lui brusquement, piqué au vif.
- Un MORT n'a pas de leçon à me donner je penses.
Il est habillé comme la dernière fois, un sourire mesquin aux lèvres. Mon teint est livide.
-Un mort qui apparait dans ton esprit. Tu trouves ça normal ?
- Nous ne sommes pas normaux.
Il s'avance vers moi. Sensuellement, mais le regard vide, mort.
- Effectivement. Nous ne sommes pas normaux.
Sa bouche s'empare de la mienne sans douceur, avec force, et une larme coule sur ma joue.
Je n'en peux plus.
Ces rêves me torturent.J'en ai assez de me réveiller épuisé comme si j'avais courru un marathon, de hurler à m'en arracher les cordes vocales quand je me retrouve seul, hanté par sa présence, de devoir jouer un rôle différent devant chaque personne qui se trouve devant moi dans l'unique but de leur plaire, de ressentir ce besoin vicéral de combler ce vide en moi par des parties de sexes plus nombreuses et variées les unes que les autres.
Je n'en peux plus d'être balloté par ma vie comme une poupée de chiffon.
J'en ai assez.Je me réveille dans un lit aux draps blancs.
L'infirmerie du lycée.
Je sens une main carresser mes cheveux tandis qu'un visage familier me sourit doucement.- Allyr hyung...
- Hello toi. Ça va mieux ? Tu as encore rêvé n'est-ce pas ?
Je hoche péniblement la tête. Je sais que je dois ressembler à un enfant perdu devant lui. Mais au fond c'est ce que je suis : un enfant perdu dans les profondeurs malsaines des souvenirs de son frère jumeau.
Je frotte lentement ma tête contre la main bienfaitrice de mon ainé, quémendant encore plus de caresses, que m'offre Allyr en pouffant doucement.- Tu sais que tu ne peux plus continuer comme ça Angel... Tu vas vraiment sauter un jour.
Je hoche doucement la tête, lasse.
- Qu'est-ce que tu propose hyung ? On a déjà tout essayé, il est dans ma tête. Je suis lui, il est moi c'est tout. Je n'y peut absolument rien.
Mon hyung ne rajoute rien. Mon regard se porte sur la fenêtre, le soleil se couche.
- Quelle heure il est hyung ?
- 17h30, tu as dormis toute l'après midi. On a retrouvé le gars dont tu m'as parlé. Il est au foyer.
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Twin's blood
General FictionAngel. C'est mon nom. Je suis un lycéen banale de Terminale. Je n'ai pas de famille, j'ai des plans culs. Beaucoup de plans culs. Des amis ? Oui. Mais ils ne savent pas à quel point ils comptent pour moi. J'ai arrêté de vivre il y a 2 ans, lors du s...