Infectés d'Amour

Téleporté [2]

         
            C'est ainsi que je prend le train les chaînes aux pieds, en quittant la Caroline du Nord pour Cali, je rigole l'inverse serait le cas. Je pianote rapidement un message texte à l'égard de cette Adélaïde dont on ne parlait jamais pour l'informer que je suis à 30 minutes d'y être.

Soudainement mes pensées s'attardent à une réalité que je n'avais pas encore envisagé, et si Adélaïde était comme mon père? Je veux dire, ils sont tout de même de la même famille, peut-être fréquente-t-elle l'église tout les dimanches et maudit les homosexuels comme s'ils étaient des pédophiles de la pire espèce. C'est ce que mon père pense, il n'arrive pas à dissocier l'homosexualité et la pédophilie, pour lui ça va ensemble. Je masse tranquillement mon troisième œil d'incompréhension, comment pouvait-on être aussi stupide? Il vénère ce qui selon moi est une secte secrète de pédophiles déguisée en religion mais il répugne une orientation sexuelle qu'on ne choisit pas. Frénétiquement le train s'arrête pour arriver à bon port. J'avais menti à Adélaïde, ça commence bien vous vous dîtes sûrement, en fait je lui ai dit ça parce que j'avais une envie incommensurable de fumer une cigarette. Mes parents ayant une horreur démesuré envers la fumée, pas besoin de vous dire que je me dois de me cacher. La dernière remontant à la nuit dernière pendant qu'ils dormaient, j'avais besoin d'en prendre une avant qu'elle ne me voit.

Je sors et trouve un endroit à l'extérieur de la gare où je pose mes deux valises et mon sac, toute remplies de beaux vêtements neufs que ma mère m'avait acheté en m'ordonnant de ne jamais porter de rose et encore moins de jeans troués devant mon géniteur, par chance elle avait du style et elle savait ce qui était beau et ce qui était laid et elle tenait à me faire plaisir et m'acheter une belle garde-robe pour fêter mon passage de l'obésité à un corps svelte.

J'extirpe une cigarette de mon paquet, des Marlboro corsée king size, et la dépose entre mes lèvres avant de m'allumer avec un briquet Zippo doré que j'avais trouvé dans un dépanneur miteux, sûrement une imitation.

Subitement une jolie jeune femme s'approche, elle porte un jeans fuselé et ses jambes sont d'une longueur interminable échafaudées sur des talons aiguilles d'un beige timidement rose en cuir verni. Elle rejette sa lourde crinière blonde vers l'arrière et tente de s'allumer à l'aide d'un briquet presque vide, je suis gay mais je sais reconnaître la beauté et cette femme est sublime et difficile à supporter, dans le sens où on ne peut détaché ses yeux de sa silhouette, c'est une reine quoi.

Elle porte des lunettes de soleil de style aviateur étrangement ressemblantes aux miennes. En la voyant galèrer avec son briquet je me lève et emprunt d'un tout nouveau charisme je m'approche d'elle et lui tend mon Zippo allumé. Elle s'allume sans même regarder d'où prévient la source de feu qu'on lui tend, puis inspire une bouffée considérable de sa cigarette avec une élégance tout à fait féminine, à son effigie. Elle balance une fois intoxiqué son regard sur moi en m'examinant des pieds à la tête et sourit en faisant baissé légèrement ses lunettes sur son nez en trompette sans toute fois dévoiler ses prunelles, je porte un jean skinny aux jambes plutôt courtes ce qui semble être voulu mais qui ne l'ai pas, des sneakers noires ainsi qu'un ample pull vert pastel, mes cheveux sont longs et mécheux sur le dessus mais mes contours sont coupés et entretenus à la Kpop.

— Si j'aurais encore 18 ans j'aurais craqué pour toi, dit-elle en affichant ses magnifiques dents en souriant, Tu es stylé c'est mignon.

— Merci, je souri toujours pas habitué à de tels compliments sur mon physique, Je suis gay mais je dois avoué que vous êtes une beauté!

— Ahahaha! S'émoustille-t-elle d'un rire gras, Tu sais quelle âge que j'ai? Devines pour voir.

— Pardon? Dis-je nerveusement en retirant mes lunettes, Mon père m'a toujours dit de ne jamais essayer de deviner l'âge d'une femme et que si j'avais à le faire, il me conseillait de soustraire 10 ans à ce qu'on lui donne et dans votre cas ça vous donnerait 15 ans alors ça ne fait pas de sens.

— Moi? 25 ans? Ton père est sûrement lourd à la drague, hahaha!

— Pas du tout, mon père est marié depuis bientôt 2o ans et il suit les 10 commandements à la lettre, il est terriblement coincé quoi.

— Comment t'appelles tu?! S'étouffe-t-elle subitement avec avec sa cigarette.

— Mademoiselle ça va?

— Arrêtes moi les mademoiselles... J'ai 34 ans et je suis marié! Ne me dit-il pas que tu es le fils de Theodore Von Garnier?!

— Adélaïde?! Impossible! Vous avez l'air si jeune! Jamais je n'aurais cru que c'était vous! Dire que je viens de vous balancer que je suis gay comme ça!

— Oh! Si tu crois que ça choque mes petites oreilles, pour tout te dire j'avais déjà oublié et ta cousine, ma fille, se dit pansexuelle ou un nouveau truc à la mode pour dire qu'elle est bi. Ton père n'est sûrement pas au courant cela dit! Assume-t-elle avant de me serrer affectueusement dans ses bras pour finalement empoigner le manche de la plus grosse de mes valises, Allez prend tes sacs et suis moi.

Elle m'amène à sa voiture, un gros véhicule américain, de couleur crème et de la marque Cadillac. À l'aide de sa clef électronique, elle ouvre la porte arrière et m'aide à entrer le tout dans un silence des plus naturel.