Futurisme

Chapitre 3

Aran vit les couleurs et les formes se distordre autour de lui, c'était très impressionnant. Frissonant, le jeune homme se demanda ce qu'il adviendrait de lui si la machine le laissait là, entre deux époques, dans cette distorsion de l'espace et du temps. Heureusement, il n'eut pas le temps de réfléchir longuement à cela, car environ une minute après être parti de 2019,  la machine s'arrêta et indiqua : « 2219 ». Il ouvrit la portière de la machine et souffla et agita les mains pour dissiper la fumée provoquée par l'arrivée de l'appareil. Soucieux de sa sécurité, il passa la moitié de la journée à creuser avec un bâton solide un grand trou, puis, au soir, il mit la machine dedans et combla le trou. Il se coucha sur l'herbe formant un matelas rustique, prit sa couverture et s'endormit en pensant : « Alors je l'ai enfin fait... voyager dans le temps... ». Il rêva successivement d'utopies et dystopies, mais les unes plus absurdes que les autres.

Le lendemain il se leva et entendit des champs d'oiseaux et regarda le soleil : il était très haut dans le ciel, il avait un peu trop fait la grasse matinée. Il replia sa couverture et la mit dans son sac. Il faisait bon, une température de fin de printemps donc il changea son tee-shirt à manche longue pour un à manche courte puis se mit en route. Au fur à mesure qu'il avançait dans ce monde, il en revenait de moins en moins : il y avait partout, à perte de vue, des oiseaux gracieux aux couleurs chatoyantes, des rivières paradisiaques, des nouvelles espèces de fruits excellentes (il en avait essayé quelques unes), des arbres de toutes les couleurs aux formes majestueuses, des... Aran se figea. Il avait cru voir une forme humaine, qui s'était cachée sitôt qu'il l'avait vu, si bien qu'il pensa dans un premier temps que c'était un animal craintif ou alors qu'il l'avait imaginé.

Il se pencha pour ramasser son sac qu'il avait laissé tomber en voyant la « forme humaine ». Juste quand il s'était penché, un éclair blanc passa au-dessus de sa tête et toucha un arbre qui ressembla alors à un arbre grillé. Terrifié, Aran courut le plus vite qu'il pouvait à travers cette forêt luxuriante, mais malheureusement il n'était bon ni en sprint ni en endurance et il perdit du terrain qu'il avait gagné en partant. La peur se mélangeait dans sa tête à la stupéfaction : pourquoi y aurait-t-il des guerres dans cet endroit paradisiaque ? Ça ne faisait aucun sens...

Il regarda derrière lui et vit une nuée de feu arriver très vite dans sa direction, aussi il modifia sa trajectoire. "Ils utilisent des lances-flammes et des éclairs bizarres sur le premier inconnu qu'ils croisent en 2219 ? Quel genre de malades mentaux sont-ils ?!" Il vit le feu passer près de lui et continua de courir loin mais, peu à peu, il était à bout de souffle et avait un point de côté, aussi il se décida à piquer un sprint final et alla le plus vite qu'il put. Il arriva à une grande rivière et plongea dedans. Il était temps : le feu atteignit les bords de la rivière. Le jeune homme descendit le cours d'eau le plus silencieusement possible, et après être sûr d'avoir semé son poursuivant, il utilisa ses dernières forces pour sortir de l'eau et s'écroula sur le bord de la rivière en ne se rappelant de son poursuivant seulement d'un masque représentant un tigre.