Je le regardais intensément, il me regardait tristement. Nos yeux se fixaient et nos regards s'accrochaient sans paraître en capacité de détacher un jour.
Il allait falloir que je prenne la parole.
Il allait falloir que j'explique tout.Il allait falloir que j'avoue, que je le subisse une fois encore. Que je subisse ces maux et ces paroles de consolation infondées.
"Toutes les condoléances."
Je pris une longue inspiration pleine d'appréhension, avant de prendre la parole.
- Nous étions dix au total. Un groupe d'amis plus soudé que jamais. Jimin était celui dont j'étais le plus proche. Il n'y a jamais eu plus que de l'amitié entre nous, mais cette amitié surpassait même les limites de l'amour. Nous étions prêts à mourir pour l'autre, un peu comme des jumeaux. C'était beaucoup trop fort, ça nous dépassait complètement mais nous en étions inconscients. On faisait toujours tout ensemble, des meilleurs au pires coups. Nous deux, et nous dix. Un jour, après les cours à l'université, on a voulu se faire un basket pas loin. On a prit la même route que d'habitude. Les autres étaient devant nous et, Jimin et moi, on faisait les cons derrière, comme d'habitude. Je courrais devant lui et il me poursuivait. Nos amis sont passés de l'autre côté du passage piéton, nous ignorant complètement. J'ai traversé la première, en courant pour échapper à mon ami. Le feu était rouge, mais celui pour les voitures l'était aussi. Je continuais à courir, sachant Jimin derrière moi, quand un gros bruit a retentit. Je n'ai pas vu l'impact. Seulement le corps de mon meilleur ami effondré sur le sol, ensanglanté. Le conducteur est descendu affolé. Je l'entendais, il m'appelait. Mais j'étais en état de choc, paralysée. "C'est votre ami ?" Disait-il. "Vous êtes seuls?". Étant incapable de parler, je pointai du doigt mes amis qui rigolaient quelques mètres plus loin. Le conducteur les appela. Ils se sont retournés et ont accouru. Quelques temps plus tard, les ambulanciers sont arrivés. Je commençais tout juste à reprendre mes esprits mais ils sont partis, avec le corps de mon ami, me laissant sur le trottoir. Il y avait mes amis, le conducteur, la police. Mais il n'y avait que moi, moi et Jimin qui s'éloignait.
Un silence pesant suivi mon récit. Je ne savais que penser. Le temps avait beau passer, ça me faisait toujours aussi mal.
Taehyung voulait sincèrement entendre tout ça, alors que les problèmes des autres ne faisaient que nous rajouter une charge qui nous assomme. Mais je crois qu'il n'avait pas acquis ces notions là.
Le brun posa sa main sur la mienne. Ses doigts fins enveloppèrent ma petite main tremblante.
- Mei...je suis désolée de ce qui est arrivé, mais il faut que tu passes à autre chose, on ne peut rien faire face à la mort...
Je souris en retenant mes larmes. On dit qu'il n'y a rien de plus dangereux que quelqu'un avec les larmes aux yeux et un sourire aux lèvres. Je m'y étais préparé de nombreuses fois, à ce qu'il me dise qu'il était désolé exactement comme les autres, comme Jungkook l'avait fait et bien d'autres auparavant.
N'est-ce pas triste, d'avoir tellement souffert qu'on finit par y être habitué ?
- Mais il n'est pas mort Taehyung. Il était dans le coma. Quand je l'ai réalisé, que je suis sortie de mon choc émotionnel, j'ai pleuré jusqu'à ne plus le pouvoir. Et pourtant je pleurais encore. Je me vidais de toutes mes forces, sous les yeux de mes amis impuissants. Je venais le voir chaque jour pendant un mois, puis il s'est enfin réveillé. Je déglutis en baissant les yeux. Je lui ai dit que j'étais désolée, que je m'en voulais. Mais il ne cessait de me répéter que ce n'était pas ma faute. Rien qu'à cette pensée, mon coeur s'accéléra. Et puis un jour, il m'a dit ce que je redoutais. "Mei, tu sais que je t'aime plus que quiconque. Tu le sais mais...c'est trop dur pour moi. Vous étiez tous présent le jour de l'accident. Vous revoir est un calvaire, voir vos visages ou même entendre le son de vos voix me rappelle cet accident, rien n'y fait. Cet accident m'a pourri la vie, il m'a empêché de réaliser mon rêve, tu sais, celui d'être danseur. C'est mort pour moi maintenant. Mei, je vais te demander à toi et aux autres de ne plus venir me voir à partir d'aujourd'hui. Ça peut paraître égoïste, mais je ne peux plus vivre dans le passé comme ça. Eh, ne pleure pas...ça ne sert à rien. Passe à autre chose, rigole. Tu n'as pas le droit de gâcher ta vie par ma faute." Alors je suis partie en lui promettant que j'arrêterai de pleurer. Mais regarde moi aujourd'hui...je ne sais plus combien de fois j'ai déjà bafoué cette promesse.
VOUS LISEZ
Machine / K.Thg. [FINI]
FanfictionHan Mei, 21 ans, sans emploi. Voici un profil qualifié de parfait sujet de test. D'ordinaire, je ne m'en serais pas mêlée. Les magouilles des corporations scientifiques ne me concernaient pas, et je les laissais régler ça avec le gouvernement. Le pr...