Jour 72

179 12 2
                                    

À la salle de sport, avec Olivier et Franck, je n'arrive à rien. Je ne pensais pas que mon mental pouvait à ce point jouer sur mes performances physiques. Parce que je sais que c'est à cause des épisodes de la piscine puis du cours de sport que je suis en baisse de régime. Que je suis, disons-le franchement : nul. Mes deux coaches ne connaissant pas toutes ces histoires croient, logiquement, que tout est purement physique.

— Qu'est-ce que vous faites ?

Oui, je sais, je peux être naïf comme garçon. Pour la première fois, je les surprends en train de se préparer une mixture là, dans les vestiaires, avant de l'avaler.

— Ce sont des protéines, tu devrais en prendre.

— C'est de la drogue ?

Ils éclatent de rire. Les quelques sportifs qui nous entourent aussi.

— Bien sûr que non. Là, tu as atteint ton potentiel maximum ? Sans aide chimique, sans apport pour ton corps, tu ne pourras pas prendre plus de muscles. Tu veux goûter ?

Olivier me tend son shaker dans lequel il a préparé des protéines goût fraise. C'est évidemment excellent !

— Tu vas voir, tu retrouveras vite une forme olympique. Ton corps va encore se modifier pour être toujours plus musclé.

— Je ne veux pas non plus que ça fasse trop.

Je ne peux pas le dire ouvertement, à cause des mecs qui nous entourent, mais je ne trouve par que les corps bodybuildés soient jolis. Certains arrivent encore à peine à marcher et ont des bras aussi gros que mes cuisses !

— Ne t'inquiète pas. Nous on prend des protéines depuis un an. Sauf qu'on n'exagère pas au niveau des exercices, donc on garde une silhouette « normale ».


C'est vrai que ce sont deux bons exemples. Ils ont des corps magnifiques, que je peux détailler chaque fois que nous allons au sauna. Si nous sommes souvent seuls, c'est que les mecs, les soirs de semaine, n'ont pas le temps de se prélasser dans la chaleur. Il y a plus de monde le week-end, quand je ne suis pas là.

— Vous êtes connus dans cette salle.

— Nous sommes inscrits depuis trois ans et nous venons presque tous les jours, aux mêmes heures. Donc forcément, on croise toujours à peu près les mêmes personnes et on finit par se connaître.

— Ils savent que vous êtes homos ?

— Tu as une façon de poser les questions ! On ne se cache pas. On n'en est pas non plus à se rouler des pelles devant tout le monde, évidemment. Pour que les autres soient tolérants il faut aussi que nous y mettions du nôtre.

— Nous avons conscience de partager un vestiaire avec des hétéros qui acceptent notre sexualité tant que nous ne faisons pas des démonstrations exagérées. C'est la règle, dans un vestiaire de mecs, on ne mate pas les sexes des autres et on n'embrasse pas ses petites camarades.

— Ça n'a l'air de poser de problème à personne que vous partagiez les douches communes.

À ce moment, un mec entre dans le sauna. Il serre la main de mes deux amis. Ils connaissent vraiment tout le monde !

— Tiens justement, tu vas pouvoir nous aider. Tu sais qu'on sort ensemble, avec Franck.

— Ouais.

— Ça ne te pose pas de souci d'être assis avec nous.

Il ouvre sa serviette.

— Je suis plus à l'aise comme ça. Je sais que vous allez mater mais je n'en ai rien à foutre. Chacun fait ce qu'il veut, tant qu'on ne me touche pas ou que je ne vous vois pas bander en me regardant !

Le journal de Mathieu (8)Where stories live. Discover now