Ce soir, seul Irénée peut passer pour faire ses devoirs. C'est le plus important donc ce n'est pas grave si les autres sont avec leur petite copine, petit copain (Céline) ou si Fabien et Cyril sont en train de s'entraîner au combat.
— Tu as du Tipex ?
— Ouais, regarde dans mon sac.
Irénée fouille pendant un trop long moment. Il revient lentement vers moi avec... trois joints dans les mains.
— Qu'est-ce que tu fous avec ça dans ton sac ?
— Ce n'est pas à moi.
Ma mère apparaît sur le pas de la porte du salon. Pourquoi les parents arrivent-ils toujours au plus mauvais moment ?
— Irénée, tu veux bien partir.
— Maman, je...
— Laisse-nous.
Il est obligé de coopérer. Il ne peut pas se mettre mes parents à dos. En plus, il ne peut avoir aucun signe d'affection envers moi. Je ne sais même pas s'il en a envie, puisqu'il croit, pour l'instant, que les joints sont réellement à moi.
Ma mère ne dira rien jusqu'à ce que mon père entre. Là, ils s'isolent pour discuter et finalement me convoquent à la table de la cuisine.
— Tu as quelque chose à dire ?
— Ces joints ne sont pas à moi.
— Ils ont été apportés par Irénée ?
— Non, bien sûr que non. Je ne sais pas comment ils ont atterri dans mon sac.
Difficile de prouver son innocence quand toutes les preuves sont contre soi.
— Nous t'avons laissé beaucoup de liberté parce que nous avions confiance en toi.
— Qu'est-ce qui t'a pris, Mathieu ? Tu te rends compte de la gravité de la situation ?
Oui, je m'en rends parfaitement compte. Sauf que nous devrions nous focaliser sur la recherche de celui qui a glissé ces joints dans mon sac !
— Tu es consigné jusqu'à nouvel ordre. Plus de téléphone, plus d'Internet.
— C'est de notre faute ? C'est parce que nous avons déménagé à Paris ?
— Non, pas du tout. Je n'y suis pour rien, c'est un coup monté.
— Par qui ? Tu as des problèmes au lycée ? En fait, nous ne savons pas vraiment ce que tu trafiques quand tu sors de la maison. Nous aurions dû te surveiller plus.
C'est terrible de voir la déception dans le regard de ses parents. Je crois que c'est bien ça le pire. Être privé de téléphone et de connexion Internet ce n'est rien. Mais décevoir ses parents, perdre leur confiance d'un coup, c'est insupportable.
Je suis là, recroquevillé sur mon lit. Je ne sais plus quoi faire. J'ai besoin d'Irénée, j'ai besoin de voir mes amis. Je n'ai aucun moyen de les joindre. Il faut que je trouve une solution. Le lendemain, l'humiliation est encore pire. Mes parents m'accompagnent jusque devant la porte du lycée et prévoient de venir me chercher dès la fin des cours. Ils voudraient bien m'interdire de parler aux autres, mais il est impossible de faire respecter cette consigne. C'est incroyable comme la vie peut s'assombrir en une seule seconde.
— Salut, Sébastien, tu vas mieux ?
Les autres ne disent rien et lui me jette un regard noir.
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Le journal de Mathieu (8)
General FictionMathieu pourrait avoir une petite vie tranquille, s'il n'y avait pas les autres... Parce qu'il y a toujours quelqu'un pour nous mettre des bâtons dans les roues, il y a toujours des événements auxquels on ne s'attend pas !