Je suis fatiguée de vivre. Je suis fatiguée d'avancer, de chercher mon but ici. Je veux juste comprendre, je veux juste arrêter d'être vide. Arrêter me sentir compressée. Je me sens vide et pourtant la puissance de mes émotions me rongent. Mes émotions sont la cause de cette absence intérieure. Je veux pleurer mais rien ne sort. Je veux crier mais rien ne s'entend. Rien ne peut me venir en aide. Je suis enfermée dans ce monde invisible. Je suis congestionnée de l'intérieur, seul le contact humain pourrait me sauver. Seul un regard, une parole pourrait me sauver.
Je suis assise seule, encore et toujours. Je vois les heures, les jours, les semaines passer dune lenteur folle. Jobserve. Je fixe ces personnes qui passent chaque jour devant moi. Il y a peu de temps, une femme a manqué de perdre son enfant lors dun accident. Faute dinattention, quelquun a bousculé la poussette du bébé alors que la mère contemplait une vitrine où se dressaient des robes aux prix exorbitants. Le landau commençait à prendre de la vitesse. Face à cette scène je ne pouvais rester ici à attendre que ça se passe. Cette femme manipulée par lappel de largent ne se rendait même pas compte du danger dans lequel se trouvait son enfant. Alors je me suis mise à courir. Aussi vite que je le pouvais. Rien ne coutait dessayer.
Je traverse la foule, les voitures Les voitures ? À y réfléchir, il est vrai quune voiture est matérielle. Alors pourquoi ?
Ces questions se posent en une fraction de seconde dans ma tête. Et cest après des couinements de pneus et des cris de larmes que je redeviens lucide. Se trouvait entre mes mains lavant de la poussette, lempêchant de sengager plus sur la route. Les freinages ont été nécessaire uniquement pour éviter le bébé. Et cest après toutes ces péripéties que la mère se décide enfin à porter son attention sur sa progéniture. La société, le pouvoir, largent, le paraitre. Ce tout la bouffe jusquà la pousser à avoir une pensée égoïste. Jusquà oublier lexistence de ses propres enfants. La vie grille le cerveau des gens. Je le vois bien. Mais cest ainsi que je me suis dit que je pouvais finalement servir à quelque chose.
Alors maintenant, jobserve. Mais jobserve avec attention pour contempler ces personnes qui peut être nécessitent une aide plus grande. Mon regard sattarde sur chaque personne. Mes sens sont en éveil et captent le moindre signe. Un jeune garçon crie le nom de son ami. Il court, tout sourire en lappelant et le rejoignant à grands pas.
« ChulHei ! Attend ! »
Ce nom réveille en moi des frissons. Quest-ce que ça veut dire ? Jamais ce nétait arrivé. Surtout à la simple entente dun prénom. Mon attention est attirée par cet homme qui a provoqué quelque chose en moi.
Lami au nom de ChulHei se retourne dans cette même gaité. Ce visage m'interpelle, m'appelle. Ses trais fins dessinés à la perfection attirent mon regard. Il est là. À marcher pour je ne sais quelle raison. Mais je le suis. Je veux savoir pourquoi mon cur me crie de connaître cet homme. Je veux savoir pourquoi ce sentiment de chaleur emplie mon âme. Celle-ci qui restait froide depuis mon réveil, se retrouve à bouillonner en sa présence. J'ai besoin de réponses.
Mes pas emboîtent les siens, sans chercher la moindre discrétion, celui-ci ne pouvant me voir ou même me remarquer.
Je me penche pour observer plus en détail les formes de son visage. Il présente des trais d'une perfection unique. Son teint légèrement bronzé semble pâle sous ses cheveux d'un noir profond. Son regard fuit ce qui l'entoure, la tête baissée, jetant à peine un coup d'il lorsqu'il avance.
Pourtant ses yeux sombres pourraient en faire flancher plus d'un. Certes, mais son regard en dit long. Malgré son sourire forcé, son cur pleure. Qui es-tu ? Est-ce que toi aussi tu es vide comme ces personnes qui marchent sans buts ? Pourquoi ne lèves-tu pas la tête ? Qu'as-tu vécu ? Je veux t'aider. Je veux te voir porter ce regard sur ce qui défile à tes côtés, que les personnes puissent profiter de ce que je ne pourrais jamais te dire. Je veux voir un sourire sincère sur ton visage. Je ne sais qui tu es, et je ne sais qui je suis. Mais mon corps, mon cur, mon âme me crient de taider. Je suis condamnée à vivre dans l'ignorance, alors je veux t'aider, taider toi dont je ne connais que le nom. Taider à trouver ce que je n'aurais jamais. Une vie heureuse.
Je te suis, à la recherche de réponses. Ton visage tiraillé par la tristesse ressert mon cur. Pourquoi, toi que je ne connais pourtant pas, toi qui mest inconnu comme chaque personne que je croise dans cette misérable existence, pourquoi ce visage me déchire le cur ? Jai mal, je ressens ton mal. Alors je te suis, pour comprendre. Pour te comprendre et me comprendre. Mais dès lors que je mapproche un peu plus de mon but, mon corps ne répond plus. Il se stoppe, me laissant tobserver téloigner jusquà disparaitre. Puis je tombe. Je tombe sous une vague de tristesse, une vague de douleur qui écrase mon cur. Je suffoque. Des images viennent attaquer mon esprit. Un mal de crâne sempare de moi puis le noir. Mais une chose me reste, ton visage. Non celui que je vois martyrisé. Celui-ci sourit. Il communique la joie, lamour, le bonheur. Cette vision, cest ce que je vois lors de mes crises. Quand je vois cette expression sur ton visage, je me sens étrangement bien. Je me sens étrangement vivre. Qui es-tu ?
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Les Wagons Perdus
FantasyUn esprit, un ange gardien ? un rôdeur ? Dans ce quotidien dicté par la lassitude, elle lutte pour retrouver sa mémoire. Elle ne peut prendre conscience de son existence et pourtant sa quête de réponse la mène jusqu'à lui. Jusqu'à sa mémoire. Jusqu...