Rêve conscient

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Jai peur de retenter. Jai peur de revivre ce déchirement lorsque je te vois téloigner. Jai limpression de devenir folle. Je me trouve pathétique et à la fois pleine despoir. Puis ces visions hantent mon esprit. Je ne lai pourtant vécu quune fois, mais ces images restent gravées en ma mémoire. Tu courrais, le sourire aux lèvres, riant de tous tes éclats. Tu courrais après quelquun, à la simple vision de son visage, on lisait une tendresse, une bonté et un amour profond dans ton regard. Ton expression sadoucissait en sa présence. Qui était-ce ? Je ne parviens pas à distinguer son visage.

Mais la question qui me tourmente sans relâche reste des plus importantes. Pourquoi viens-tu temparer de mes rêves ?

Je suis assise sur ce banc depuis des jours, consumée par cette tristesse incomprise. Mon regard semble similaire à ceux des passants que je jugeais jusquà présent vides démotions. Peut-être sont-ils tous autant consumés que moi ? Alors pourquoi ChulHei semble-t-il différent? Pourquoi tout se lit sur son visage ?

Je ne vois lexpression que de ceux envers lesquels jéprouve un quelconque intérêt. Cest la seule conclusion à laquelle je suis arrivée après de longs débats avec moi-même. Je ne peux expliquer autrement ce phénomène. Le manque de réponses et de compréhension me hante et mintrigue à la fois.

Le voilà de nouveau qui passe, seul. Finalement, je prends le dessus sur ma peur. Je me lève et entame un pas décidé. Mais il semblerait que cette sorte de crise recommence. Je meffondre. Je me retrouve une nouvelle fois dans ce parc, les rires et la joie mentourant. La lumière du soleil illuminait les lieux, les rendant dune beauté presque divine. Seulement, la noirceur commence à gagner du terrain, envahissant dune vague cet endroit qui présentait tout de la perfection. Toutes les couleurs se ternissent, les rires sarrêtent, le silence prend place. Le poids de celui-ci alourdi latmosphère.

Je parviens difficilement à me lever. Mon pas me traine jusquà un banc. Puis je me stoppe, je ne suis plus maître de mon corps. Il me guide face à ce quil veut voir, ou face à ce quil veut que je vois. Mon regard se lève et fixe une silhouette. Un homme, assit sur ce banc. Ses coudes appuyés sur ses genoux, sa tête emprisonnée dans ses mains resserrées à la limite darracher sa crinière noire. Il était immobile, pas un seul infime mouvement némanait de lui. Je commence à mapprocher doucement, avec discrétion pour ne pas me faire remarquer. Assez proche, je me penche pour apercevoir son visage. Ses trais ne me mentent pas. Il sagit bien du ChulHei qui pourtant riait quelques minutes plus tôt. Ma main vient délicatement se poser sur son épaule.

« - ChulHei ? »

Je madresse à lui dun naturel qui me rend perplexe. Jamais je naurais cru tenter dentrer en communication avec lui. À quoi bon ? Il ne mentend pas, il ne doit sûrement pas sentir ma main sur son épaule. Ce nest quune perte de temps. Pourtant je sens un frisson le parcourir suite à lentente de son prénom. Est-ce possible ?

Son visage se tourne en ma direction dune lenteur qui traduis sa tétanie. Ses muscles sont crispés. Lorsque son regard parvient jusquau mien, il se décompose pour laisser place au déchirement. Son visage est déformé par la profondeur de ses sentiments. Jai mal. Jai mal de voir ça. Ma main se laisse tomber. Malgré moi, mon corps séloigne comme pour échapper à ce spectacle qui tourne au cauchemar. Sans me retourner, javance sans savoir où aller. Je sais juste que je dois partir.

« - HANEUL !»

Mon cur loupe un battement. Les larmes sentendaient, sa voix raisonnait dans mon crâne, ses pas se faisaient plus rapides chaque seconde, je parvenais même à percevoir sa main se tendre jusquà moi. Alors que jallais me retourner pour lui faire face, le flou sempare de ma vision. Mon corps ne répond plus. Je ne suis plus maître de moi-même. Mon inconscient joue avec moi.

« Ne mabandonne pas une nouvelle fois, je ten supplie ! »

Jarrive à distinguer son visage une dernière fois avant de laisser place à lobscurité.

Mes yeux sont agressés par la lumière extérieure. Ce nest quau bout de quelques minutes que jarrive à me situer. Retour au point de départ. Cette rue où je passe le plus clair de mon temps. Je suis assise, au milieu du trottoir à réfléchir. Cette vision semblait tellement réelle. Ces images étaient tellement profondes. Ma respiration devient plus compliquée à chaque souvenir que je me remémore. Ils continuent de tourner dans mon esprit, de me tourmenter, ainsi que ce prénom.

« Haneul »

Qui suis-je ?

Les Wagons PerdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant