Farandole d'écriture

Petite fille

Petite fille...
Petite fille...
Regarde par ici !

Montre-nous tes joues roses halées par les travaux
Montre nous donc tes yeux, pétillants comme l'eau
De ce petit ruisseau où tu vas souvent jouer
Avec tes petits frères, en laissant le rouet.

Et tu y cours
Et tu y cries
La brindille est partie !

S'éloignant doucement, elle part en voyage
Vers des contrées lointaines, avec pour seul langage
Les rires de enfants. Elle emporte avec elle
Tes rêves les plus fous : escalader le ciel...

Petite fille...
Petite fille...
As-tu vu ces oiseaux ?

Ce sont les hirondelles, elles sont si jolies !
Comme le printemps vient, elles feront un nid
Accroché, bien discret,  au dessus de ta porte
Ecoute les siffler des airs de toute sorte !

Accroupis-toi
Allonge-toi
Perçois-tu tous ces bruits ?

Invisible et secret, tout un monde à tes pieds
Observe ces fourmis, elles sont si pressées ;
Ce papillon sublime dans une orchidée
Et cette sauterelle prête à s'élancer !

Petite fille...
Petite fille...
C'est le printemps, viens-voir !

Les cerisiers en fleurs recouvrent la colline
Et les pétales créent une danse enfantine
Le vent les dissémine, et toi, émerveillée
Tu cours après la brise pour la rattraper !

Et tu t'en vas
Plus loin...Attends !
Qui sont tous ces enfants ?

Vers la bambouseraie vous courez avec joie
En chantant à tue-tête, d'une seule voix :

Nous sommes les enfants issus de la forêt
Fils et filles des fermes de cette vallée
Nous avons les mains sales et nous marchons pieds nus
De vêtements usés nous sommes revêtus

Qu'importe ce qu'ils disent, nous sommes heureux
Ces princes citadins, riches et prétentieux
Ne connaitront jamais la douceur du printemps
La chaleur de l'été et la fraîcheur du vent

Notre place est ici, parmi les animaux
Insecte, poisson, bête sauvage et oiseau

À quoi bon tous ces jeux d'hypocrisie, d'argent ?
À quoi bon tout cela ? Tant qu'on se sent vivant
Le vent dans le visage, à travers le feuillage
Ou allongé dans l'herbe admirant les nuages...

Petite fille...
Petite fille...
Aimerais-tu partir ?

Non, disent tes yeux, pour aucun trésor du monde
Je n'abandonnerais cette terre féconde
Je suis fille des champs, le ciel est ma maison
J'y passerai ma vie, au rythme des saisons

Et tu t'en vas
Jouer plus loin

Attends !

Nous venons avec toi...