Questions existentielles

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Dites

Pourquoi le tournesol finit-il par se faner ?
Il rayonnait pourtant encore hier, dans ce champ baigné de soleil.
Pourquoi son éclat ne peut-il pas durer toujours ?
Et mon rêve qui fleurit, se fanera-t-il aussi ?
Le verrai-je un jour aussi terne et sec que ce pétale tombé au sol ?
Disparaîtra-t-il lui aussi emporté par le vent estival ?

Et vous, quel était votre rêve ?

Pourquoi la Lune a-t-elle besoin du Soleil pour briller ?
Il a déja tout pour lui, pourquoi fallait-il qu'elle s'offre elle-aussi ?
Et si elle essayait d'y arriver seule, aurait-elle tort ?
Et moi, qui ai toujours désespérément besoin de toi, arrêterai-je un jour d’assombrir ta lumière ?
Aurai-je toujours besoin de graviter autour de toi pour me sentir exister ?
Suis-je même capable de survivre par moi-même ?

Et vous, comment vous êtes-vous éteints ?

Le vent souffle, le nuage passe, et je veux toujours fermer les yeux un peu plus
Juste un peu plus...

Pourquoi la forêt d’automne devient la terre qui bercera la forêt de printemps ?
Pourquoi la vie qui meurt laisse-t-elle toujours des traces ?
Ne puis-je pas disparaître, simplement ?
Ne puis-je pas devenir ces poussières d'insectes, microscopiques, enfouies sous la terre, et oubliées de tous ?

Et toi, que laisseras-tu derrière toi ?

Pourquoi un coquillage est-il à la fois si délicat et si terrifiant ?
D’un côté, la coquille, nacrée, brillante, petit bijou
Et de l’autre, un creux, où demeurait jadis quelque chose de bien vivant
Cette cavité, toute douce, toute lisse
Mais si vide
Pourquoi les gens mentent de cette façon, alors que derrière leur sourire-coquille, leur coeur a mal et se creuse ?
Et moi, ai-je au moins la finesse de la nacre ?

Et vous, entendez vous la crécelle-coquillage de vos rires ?

Le vent souffle, les nuages passent, l’herbe s'assèche.
Je garde toujours mes yeux fermés
Juste un peu plus...

Pourquoi le pissenlit veut-il s’envoler
Voyager au fil des souffles, et tout recommencer ailleurs
Loin, si loin
Pourquoi lorsque je le tiens dans mes mains, en le cueillant, je sens mon coeur se serrer ?
Pourquoi suis-je si envieux de ces petites graines qui peuvent s’évader ?

Et toi, ne voudrais-tu pas tout abandonner ?

Pourquoi l’herbe se démène-t-elle à toujours repousser ?
Pourquoi combat-elle tant, alors que de toutes façons, elle sera
Piétinée
Arrachée
Asséchée
Noyée
Pourquoi continuer en s’acharnant ainsi ?
À quoi bon tout cela ?
Cela vaut-il vraiment la peine si le chaos de vos rires coquillages et de vos visages éteints m'étouffe ?

Le vent souffle, le nuage passe, l’herbe s'assèche, le soleil se couche.
Suis-je devenu le sol à me cacher de ses rayons à travers le feuillage ?
Et j’ai fermé les yeux
Juste un peu plus longtemps...
Et je n’ai pas pu devenir le sol, insectes morts et pissenlits échappés
Ta lumière était encore trop forte.

Et toi, jusqu'à quand pourras-tu encore me sauver ?

Farandole d'écriture Où les histoires vivent. Découvrez maintenant