Criminologie

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Le réveil fut particulièrement difficile comme tous les matins depuis ma naissance. Mais celui-là particulièrement. Peut-être une angoisse de départ ? En fait non, j'étais sereine.
Ma valise était si pleine que même une chaussette ne rentrerait pas.
Après un bol de céréales vite avalé et un sweat enfilé, j'étais fin prête.

Mon père me déposa avec un sourire de soulagement sur le visage. Merci. Ça fait toujours plaisir. Père indigne va!

La voiture se gara sur le parking en face de l'aéroport. Mon père me confia ma valise et me dit au revoir. L'auto redémarra dans un vrombissement de moteur. Sac sur les épaules, j'étais déterminée. Mon passeport à la main, j'avançais vers les portes automatiques du grand espace.

J'étais en train d'attendre mon vol assise dans un de ces fauteuils inconfortables qu'on trouve dans les gares ou les aéroports, quand soudain j'aperçus à quatre-vingt-dix degrés vers la droite une personne qui ne m'était pas étrangère.

Lynn, la parfaite américaine, membre du club de photographie, blonde ondulée aux yeux bleus et munie d'un mini-short par tout temps était là. J'aurais pu tomber sur pire, mais moi qui cherchais le calme, ça aurait pu être mieux.
Bien qu'à cent mètres de moi, je l'entendais rire à gorge déployée. Évidemment sa destination était également la France et son siège voisin du mien.
Moi qui pensais dormir pendant les douze heures d'avion qui me séparaient de l'Europe, c'était raté!

Je relevais mes cheveux bruns et bouclés en chignon sur ma tête dans un bâillement quand Lynn engagea la conversation d'un ton qui laissait paraître qu'elle ne comptait pas s'endormir avant les prochaines heures.

-Tu as les yeux verts! s'exclama-t- elle. -Oui, je sais...?! dis-je d'un mouvement de recul la voyant observer mes iris avec attention d'un peu trop près à mon goût.
-Ils ont vraiment un éclat particulier. Tu es Capricorne ?
-Non, et je ne crois pas à l'horoscope, répondis-je d'un ton plus froid que je ne l'aurais voulu.
Elle me regarda d'un air gêné d'avoir avancé le sujet et se renfonça dans son siège. J'essayai donc de relancer la conversation, navrée de l'avoir interrompue de cette manière.

-Ta destination finale est Paris ?
-Oui, j'ai si hâte d'y être! Et toi ?
-Je fais un covoiturage jusqu'à Mirecourt.
-C'est où ça ?
-Dans les Vosges.
Voyant qu'elle ne visualisait pas du tout, j'abandonnai toute tentative d'explication. Sans savoir comment prolonger notre échange elle se lança alors dans un autre sujet et nous parlâmes pendant un laps de temps.

Le soleil s'était couché depuis longtemps maintenant, et la presque totalité de l'avion dormait. Cependant, l'envie d'aller au petit coin me tenaillait depuis une bonne demi-heure maintenant.

C'est ce genre d'instant ou tu es coincé entre plusieurs passagers qui dorment à poings fermés. Il s'offre alors à toi deux options.
Un, les réveiller en murmurant des petits "excusez-moi" confus, ou bien, entreprendre le parcours du combattant. D'une souplesse légendaire, je pris la seconde solution comme issue de secours.

Ah la bonne idée!

Ma jambe s'empêtra dans le plaid de mon voisin de gauche. Déséquilibré, je chutai sur le sol dans un petit cri aigu. Pas moins d'une dizaine de passagers se réveillèrent, surpris du bruit, pendant que je m'excusais platement. Plus rouge qu'un piment, je me dirigai rapidement vers les toilettes pour y mourir de honte.

De retour à ma place, cette fois sans encombre, je pus dormir en paix jusqu'au lendemain.