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Déposer ma démission n'a pas été si dur. Madame Carhlyle ne m'a pas couru après dans la rue en me suppliant de rester. Autant dire que je n'étais pas une lourde perte pour le store. J'aurais espéré d'autres adieux, mais autant avouer que je n'étais pas à mon maximum ces derniers temps.

-J'accepte ! mon père venait de lâcher cette phrase bien plus rapidement que je ne l'aurais espéré.

J'étais même plutôt confuse qu'il accepte de me payer un billet d'avion pour la France à trois cents dollars aussi facilement.

-Comment ça ? On dirait que tu es pressé que je parte.
-Je suis ton père et je t'aime, mais là je ne te supporte plus Bailey.
-Tu as vingt et un ans maintenant, tu n'aides à rien dans la maison, j'ai l'impression que tu n'en n'as que neuf. Ton père, et moi, on aimerait faire un break.

Ah. Plutôt inattendue comme réaction. Après je peux concevoir leur position, je pourrais éventuellement être plus indépendante. Cependant je ne me sentais pas très envahissante jusque-là.
-Je vais quand même vous manquer ? -Oui évidemment. Répondirent-t-il à l'unisson.
C'est bon, je peux quitter la table tranquille, je me sens mieux.

Après avoir monté les escaliers quatre à quatre, je me posai sur mon lit à la couverture en patchwork. Il ne me restait plus qu'à annoncer la nouvelle à Joey, mon copain.

-Hi !
-Salut Honey, ça va ?
Bon les surnoms affectueux, tu connais, et puis ça aurait pu être pire. -Bien et toi ?
-Super. Je file de la fac et je vais bosser à la pizzeria. Tu veux qu'on se voit quand ?
-À ce propos...
-Quoi ?
-Je pars à Mirecourt.
-C'est où ça ? Dans le fin fond du Montana ?
-C'est en France Jo...
-J'aimerais te dire de rester, et je le pense, mais on en a déjà parlé je ne veux pas te freiner dans tes projets. -Tu es le meilleur copain du monde !
-Je sais. Passe juste me voir avant de partir.
-Évidemment. À plus !
-Bisous.
C'est comme ça dans notre couple, pas d'engueulade mélodramatique, même si parfois on s'énerve. On tient beaucoup l'un à l'autre.
Je suppose que mes plus gros frais seront le forfait internet pour les facetime. Sans quoi je ne tiendrai pas longtemps seule à l'étranger.

Avant mon départ je suis passée chez lui et je pris son pull jaune et bleu d'équipe de baseball.
-Ce sera pas trop dur ?
-Non, je pense que ça ira.
-Je viendrai te voir. Garde plutôt ton argent pour tes études, on s'appellera. -Tous les jours.
Sans répondre je l'enlaçai en signe d'approbation.

Quoi que j'en dise, cette vie va me manquer, et lui aussi.

CriminologieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant