Criminologie

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Le commissaire posa la pile de lettres dans un bruit assourdissant.

- Voilà ! Bienvenue à Mirecourt les enfants.
- quels sont les sujets de ces lettres ? Demanda le garçon qui s'appelait Charles.
-Vols, tapages de nuit, querelles de voisinage... de quoi vous occuper pendant le mois !
- C'est une plaisanterie j'espère ?! Cingla Charles
-Non. Et il tourna les talons, nous laissant seuls, face à la montagne de feuilles qui se balançait dangereusement sur le coin du bureau.

Une heure, deux heures, puis trois... Le commissaire Janvier n'avait pas menti. Charles était venu pour la même chose que moi, une enquête. Malheureusement les enveloppes contenaient bel et bien de simples plaintes sans importance.

-Si mon père savait ça, je serais déjà sur le terrain !
-Ah bon ? répondis-je, étonnée.

Charles parla des possessions luxueuses de son père durant plus d'une demi-heure. Ce à quoi je finis par répondre pour abréger l'immense ennui que m'infligeait cette conversation,

-Si tu veux mon avis, le commissaire n'en n'a rien à faire que ton père aie une Clio ou une Lamborghini.
-Pardon ?! dit-il, choqué. Tu sais à qui tu parles ?
- Vas-y, dis-moi.
- Je suis le fils du maire de Lyon, moi !
HAhaha ! Laisse-moi rire là, ta ville on peut la loger vingt et une fois dans la mienne. Alors redescends, moron !

*Moron: idiot en américain

Il était vingt deux heures, Charles et moi avions épluché  la moitié du paquet de lettres et avions jugé préférable de nous y remettre le lendemain.
Je logeais dans la maison d'une dame âgée fort joviale, prénommée Madeleine. Et simple coïncidence ou non, elle m'avait préparé de ses petits gâteaux moelleux et dorés pour mon arrivée. Un véritable ange.
Lorsque je descendis lui demander un renseignement pratique, elle me proposa de rester faire un scrabble. Mais au même instant j'entendis mon ordinateur sonner au premier étage. Je m'éclipsai en m'excusant, ce à quoi elle répondit qu'on remettrait ça à l'occasion, sauf les mardis, jours de réunion de son club de lecture.

-Joey ! posée sur mon grand lit mon ordinateur sur les genoux, je vis son visage apparaître sur l'écran.
- Comment ça va honey ?
-Bien pour l'instant pas très palpitant mais ce n'est que le premier jour.
-Oui ne t'inquiète pas, me répondit-il avec un sourire rassurant. Tu as fait des rencontres ?
- Oui, entre autres. En plus du commissaire, il y a un autre stagiaire, Charles.

Même à travers l'écran, je pus distinguer un froncement de sourcils sur le visage de Joey à l'évocation du prénom de Charles.
Mais il ne dit rien.
Jamais.
Il est de ce type de personne qui garde tout pour lui. Quitte à ce que ça explose plus tard.
Je me devais tout de même de ne pas l'inquiéter. De toute manière il n'y avait aucune raison de l'être.

-Il est prétentieux, imbu de lui-même et me semble très fils à papa. Si tu veux mon avis il serait le premier à s'enfuir devant le danger.

Le visage de Joey se décrispa légèrement, il semblait soulagé de m'entendre dire ça.

- Bon je dois te laisser. Bisous !
-Salut Jo.

Notre conversation conclue, je ressentis un petit pincement au cœur. Il me manquait déjà un peu.
Je descendis ensuite rejoindre Madeleine pour une petite partie de Scrabble. Mon honneur en pris un coup !
La vieille dame qui me regardait d'un air malicieux perdre mes moyens, m'acheva avec whiskeys, mot compte triple.
Ce n'était que partie remise.