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Deux semaines. Deux semaines que le drame suivit du miracle sont arrivés... J'ai reprit l'école depuis peu. Cela ne change pas grand chose par rapport à avant, Charlie prend la place vide à côté de moi, et je communique avec elle par papiers (pour éviter que l'on me prenne pour un fou à bavarder tout seul). Cette sensation étrange qui était présente pendant les premiers jours a disparue, tout est normal à présent. Un peu comme avant, à quelques choses près. Je dois faire attention par exemple à ne pas lui parler en public, personne d'autre que moi ne la voit, c'est ce que nous avons put constater avec les gens du lycée, ses parents ou encore les passants dans la rue. Pour eux Charlie n'est pas à côté de moi, et je ne suis pas sensé lui parler, bien que de temps en temps il soit difficile d'en prendre compte... Il est difficile, c'est vrai, de faire attention tout le temps, de faire semblant de l'ignorer etc. Mais je m'y fait, j'ai fait deux trois bourdes mais rien d'important, juste un regard perplexe d'un passant me voyant parfois rigoler tout seul. Peu importe. Je suis heureux.
Il est 18h. La fin des cours en ce vendredi bien chargé, tout ces contrôles m'ont donné mal à la tête. J'ai besoin de dormir. Rentré, je me pose sur la chaise de mon bureau et je regarde mon lit.
"- Eh ben t'en fais une tête!, me taquine Charlie.
- Je suis exténué... On a pas arrêté aujourd'hui.
- J'ai vu ça. D'ailleurs en maths ce n'étais pas racine carrée de 7 mais de 11.
- Oh non tu te fiches de moi! Ca veut dire que tout le reste est faux! C'est la moitié du contrôle!, je panique.
- Eh je rigoles, détends toi un peu. Ce que t'es stressé en ce moment...
- Moi je ne rigole pas, y a le bac à la fin de l'année.
- Déstresse je te dis, tu l'auras ton bac. C'est fou comme ces derniers jours tu ne loupe pas une miette du cours, je commence à m'ennuyer un peu moi, à côté de toi...
- Tu peux pas comprendre. J'ai rien foutu de l'année. C'est la dernière ligne droite pour me rattraper, je dois pas perdre mon temps avec ce genre de...
- Ce genre de quoi?
- Rien, laisse tomber.
-... Toi non plus tu ne comprends pas.
- Qu'est ce que je ne comprends pas encore?
- Je suis morte. T'a pas l'air d'en avoir conscience. C'est bien hein, tu m'as tout le temps, t'a juste à claquer des doigts pour que je rapplique, c'est pratique n'est-ce pas? En attendant, pendant que tu dors, que tu suis tes cours pendant des heures, moi je ne peux rien faire. Si tu savais comme je m'ennuie. Je ne peux rien toucher, rien prendre, rien sentir... Rien goûter, rien percevoir... Ma vie, ou plutôt ma mort est d'un ennui tu ne peux pas savoir!
- Je comprend tout à fait, mais en attendant je suis toujours vivant, et j'ai mon bac à passer. Je n'ai pas trop le temps pour bavarder.
- Non tu n'as absolument rien compris. Cette dernière semaine, j'ai beaucoup réfléchi, il faut dire que j'ai eu le temps...
- Et qu'en as-tu conclu?, je soupire.
- J'aimerai tant que tu comprenne mon monde... Tu sais, il suffirait que tu sautes de ta fenêtre, ou que tu restes sur la route le temps qu'une voiture passe... Et on serai enfin réunis."
Je suis abasourdi. Elle ne vient tout de même pas de m'inciter à...
"- Charlie? Tu te rends compte de ce que tu viens de dire?
- Oui je m'en rend compte. Tu ne t'imagines pas ce qu'on pourrai faire? On pourrait parcourir le monde, on pourrait tout faire!
- Mais est ce que tu te rends compte de la gravité de tes propos?! Tu es entrain de m'inciter à m'ôter la vie! Et ma mère alors? Les gens que j'aime et qui m'aiment? C'est tellement égoïste!
- Ta mère hein... Celle qui te crie dessus pour rien, et qui n'en a rien à cirer de ton existence? Et les gens qui t'aiment hein? À part moi tu n'as personne Samuel.
- Charlie. Va t'en, je fulmine.
- ... Quoi..?
- Va t'en je t'ai dit. Je veux plus te voir. Disparais, je dis d'une traite.
- Mais Samuel...
- Sors de là bordel!, je finis par exploser.
- ... Ok. Très bien. Tu sera sans doute mieux tout seul."
Elle est partie. Je suis assis sur ma chaise de bureau, Charlie s'est littéralement volatilisée. Elle reviendra dans quelques heures, tant pis. Son comportement avait été juste abject, elle mérite que je lui fasse la tête. Je commence alors mes devoirs, mais bizarrement je ne parviens pas à me concentrer... Allez voyons, fais un effort Samuel. Mais rien à faire... Je finis par m'allonger sur mon lit, je fixe le plafond. Ce qu'elle a dit était vraiment horrible. Elle est complètement folle! Non mais c'est vrai quoi, quel égoïsme!
Je somnole, j'ai un peu froid alors je me met sous ma couette, je suis confortable, mais je ne suis pas tranquille. Rhaaa! Cette histoire m'énerve tellement! J'ouvre les yeux. 20 minutes se sont écoulées depuis qu'elle est partie. Vraiment quelle idée... Mais quelque part, il faut dire que je n'ai peut-être pas été très compréhensif..? Non pas que ce soit de ma faute, c'est elle qui a commencé à dire ces abominations. Mais peut être que j'aurai put... Montrer plus de compassion. Il est vrai que je ne suis pas mort, et je ne sais pas ce que ça fait de l'être. Eh bien tant pis. Je dois me reposer maintenant , je suis exténué, demain matin elle sera revenue et je m'excuserai. En espérant qu'elle s'excuse aussi.
Il fait déjà nuit. Je ne tarde pas à m'endormir. Mais mon sommeil est perturbé par des cauchemars, plus étranges et angoissants les uns que les autres. Dans l'un d'eux j'étais à la place de Charlie, mort, un fantôme. Sauf que Charlie n'était pas là... Il est 4h Du matin. Charlie n'est évidemment pas encore revenue. Tant pis. C'est ce que je me suis dit avant de me rendormir, Mais ce tant pis avait un goût amer, comme avec une pointe de culpabilité. Bah, on verra ça demain. Tant pis, je repense.

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