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Bon. Il est 17 heures. Presque 24h que Charlie n'a donné aucun signe de vie (rassurez vous cela n'était en aucun cas ironique). J'ai passé la journée à réfléchir. Non pas à sa « proposition » bien entendu... Mais à elle et moi. Où est ce que nous en sommes? Deux semaines se sont écoulées, c'est à la fois long et court. Il lui arrive de temps en temps de disparaître, souvent quelques minutes, puis elle réapparaît. Elle ne semble pas le remarquer, c'est une sorte de... Bug. Et si je me trompais? Et si passer ma vie entière avec elle était toxique? Il est vrai que ces dernières semaines je n'ai pas eu beaucoup de moment tout seul, comme ici, pour penser et me recentrer sur moi même. Je n'ai pas eu de réelle pause, pour réfléchir à tout cela. J'étais dans l'euphorie du moment, suite à la pire chose qui pouvait m'arriver, la meilleure est arrivée quasiment juste après... Le meilleur moyen serait de lui en parler bien évidemment. Mais pour ce faire il faudrait bien qu'elle réapparaisse un jour... Elle aussi a sans doute besoin de temps pour elle. Pour penser à tout ça (pour penser, en voilà bien un concept abstrait pour une personne dont le cerveau n'est plus sensé être fonctionnel). Elle reviendra demain. Sûrement. Je l'espère.
Je passe le reste de ma journée à écouter de la musique. J'aime énormément me poser sur ma fenêtre et regarder le ciel avec mon casque. Ainsi, je me perd dans mes rêveries, je réfléchis, je trouve de l'inspiration. Cela m'apaise. Je descends ensuite pour manger les dernières tranches de pizza de midi. Je regarde un peu la télé, mais cela ne dure pas longtemps, les programmes du soir sont inintéressants. Je monte alors me coucher. Je traine sur les réseaux sociaux... Je n'aime pas faire cela d'habitude, je trouve que c'est une perte de temps. Mais beaucoup de choses ont changé ici, vous avez put le remarquer. Ma Time Line Instagram est Twitter étant très peu fournies, je décide aux alentours de 23h de me coucher. Je ne suis pas fatigué pour le moins du monde, mais je n'ai pas envie de faire autre chose. Je pose ma tête sur mon oreiller. 23h03 affiche mon réveil. Je me demande où elle est, j'espère qu'elle va bien, il fait nuit... Bah, qu'est ce que je raconte rien ne peux lui arriver si elle est déjà morte. N'est ce pas?
Je ne parviens pas à m'endormir... Je réfléchis, je réfléchis, et puis je m'inquiète. Pourquoi au juste? J'établis un dialogue intérieur avec moi même, où j'engueule mes pensées.
« - Non mais t'a vu ce pourquoi tu t'inquiètes? T'es frappé mon vieux, elle est MORTE. Ça fait maintenant 1h30 que tu t'inquiètes pour une personne décédée! Que pourrait-il lui arriver de pire que de mourir? Mourir une deuxième fois? Non mais franchement t'es débile ou quoi? »
Je me frotte le front, j'ai chaud, mon cœur bat la chamade, je m'excède moi même. Je ne tiens plus en place. Je ne peux plus rester dans mon lit, il faut que je sorte prendre un peu l'air. J'enfile un short et un sweat à capuche, je prend mes clés et je pousse la porte d'entrée doucement, afin de ne pas éveiller (c'est le cas de le dire puisqu'elle dors) les soupçons de ma mère. Je descend mes petits escaliers, et je m'arrête vers mon portail. L'air est humide et frais, je le respire à pleins poumons. Malgré cela, je ne parviens pas à me calmer. Depuis quand je me laisse autant dépasser par mes émotions? Je suis si en colère, mais je ne sais pas contre quoi. Ma rage me donne envie de pleurer, ce qui m'énerve encore plus. Je suis bloqué dans un cercle vicieux, et je ne sais pas comment en sortir... Le seul moyen d'en sortir serait que tu apparaisse... Maintenant... Charlie je t'en prie... Le bruit du tonnerre se fait soudain entendre. Un orage se prépare. Quelques secondes plus tard, des petites gouttes de pluies commencent à tomber. Plic, ploc.
Je ne met pas ma capuche, au contraire je profite de cette pluie pour exposer mon visage, et peut être qui sait, me remettre les idées en place grâce à sa fraîcheur... Mais je fonds en larmes. Je craque, je n'en peux plus. On se croirait dans un film, dont je serai le héros perdu, regardant le ciel en pleurant tandis que la pluie et l'orage s'abattent sur le paysage nocturne, dans une pénombre presque parfaite, les vieux lampadaires éclairant du mieux qu'ils le peuvent. Je bouillonne. Je ne sais pas d'où vient cette haine, je ne sais même pas pour qui ou pour quoi je l'éprouve... Je ressent comme un surplus d'énergie, il faut que je le dépense. Je me met alors à courir sous la pluie. Il fait sans doute froid, mais je n'en ressent rien. Je ne sais même pas où je vais, mes larmes brouillent ma vue. Je serre les dents comme un forcené, je sprinte à toute allure. J'ai envie de hurler. Ma colère est presque entrain de me faire mal à présent. Ma poitrine se resserre, ma tête est sur le point d'exploser. Je m'arrête, je ne saurai dire au bout de combien de temps, à bout de souffle. J'essuie mes yeux, qui ne cessent de couler. Je veux que tu viennes et que tu me dise que tout va bien. Que tu va revenir. Qu'on ne se disputera plus jamais. Qu'on sera les gens les plus heureux sur terre. Pardonnes moi,  je t'en demande beaucoup, mais à la fois ne serais-ce pas simple? De ne pas se prendre la tête, comme avant... Que j'accepte que tu disparaisse quelque temps sans trop m'inquiéter... Tu sais ça m'enlèverai un tel poids... Je ne sais pas si tu vis la même chose que moi, mais depuis deux semaines je n'ai jamais été aussi inquiet pour toi de ma vie. Je me demande sans cesse où tu es quand tu disparais momentanément, je meurs d'inquiétude. Chaque nuit est une torture pour s'endormir, car j'ai l'angoisse que le lendemain matin tu ne sera plus là. Alors demain matin, seras-tu là? Réponds moi... Réponds moi...
Je m'assois contre un muret, au bord du champ à un bon kilomètre de chez moi. Et je m'endors sous la pluie, me berçant de sa douce mélodie. Plic, Ploc.

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