The sing of the devil

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prologue

— Vous l'entendez... ?

La mer se déchaînait sur le navire empli de cargaisons, les marins s'affairaient à rentrer les voiles face à la tempête qui approchait. Le ciel noir orageux ne présageait rien de bon. Malheureusement, faire demi-tour n'était pour le moment pas dans leurs projets.

Certains souriaient, criant que Dieu était avec eux tandis que d'autres, plus récemment devenus marins, se cramponnaient à la porte du capitaine en espérant que celui-ci l'ouvre dans un geste vain.

— Quoi donc ? rétorqua un homme, l'oreille tendue

Il s'arrêta de nouer le cordage de la voile et jeta lâchement ses épaules en arrière.

— Cette voix... murmura t-il

L'homme descendit du mat, le corps et l'esprit en proie au délire. Les marins s'échangeaient des regards curieux, l'observant s'approcher peu à peu du bastingage du navire.

— Pauvre fou, tu vas tomber avec la houle !

Il ignora la voix criarde, portant symboliquement sa main vers son cœur. Lentement, son regard se braqua sur l'assemblée qui s'était regroupée et mise à le dévisager.

— Rejoignez-moi mes frères, nous allons mourir tôt ou tard !

Il sourit paisiblement, se laissant basculer violemment en arrière vers les profondeurs impénétrables de l'eau. Le temps semblait en suspens. Dans la nuit noire, seule quelques lanternes demeuraient lumière. Les vagues finirent par frapper de nouveau la coque du navire, bousculant marins et cargaisons encore estomaquées. Finalement, les langues se délièrent et les cordes vocales se dénouèrent.

Des voix ahuries résonnèrent.

Au centre de cette cacophonie, un homme se démarqua. Son baril s'écrasa au sol, provoquant un coup de tonnerre de plus dans la folie. L'air bourru, il se posta au centre du cercle à l'endroit même où le défunt se tenait quelques secondes avant.

— Encore un qui avait passé ses journées la bouteille en main !

Sa réflexion détendit l'atmosphère, mais pas assez pour retirer les mauvais pressentiments qui commençaient à se gangrener.
Sous cet esclandre tumultueuse de jurons, l'homme au baril tapa du pied et hurla une nouvelle fois de sa grosse voix.

— Au boulot bande de fainéants ! Si vous voulez finir comme lui n'hésitez pas, je vous jetterai moi-même de cette vielle coque de bois !

Il grogna ses mots et agita ses menaces avec virulence. Convaincus par le sous-capitaine Davine, ils reprirent rapidement leurs activées récemment interrompues.

Mais la tempête arrivait, et à son bord se tenait les pires chimères qui puissent exister.

Les sirènes.

Portbaieval MysteryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant