They arrive

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|- PORTBAIEVAL
MYSTERY-|

   Les mèches aux vents, elle apprécia avec sérénité les odeurs salées que lui tendait l'océan. Ses pensées divaguaient, les senteurs la guidaient vers des suppositions incertaines et étranges.

Elles leur ont encore joué des tours.

Le soupir d'appréhension franchit ses lèvres. Du haut de son rocher, elle savait pertinemment que ses faits étaient véridiques.

Elle tourna un instant le dos à l'océan, observant ces hommes s'affairer à charger les cargaisons demandées dans des bateaux.
Tatouages sur les avant-bras et tee-shirts aux rayures horizontales, ils représentaient parfaitement ce qu'était Portbaieval : un petit village au bord des eaux, agrémenté d'un bar de marins traînant au beau milieu d'une place inhabitée. Ici, la mer faisait partie intégrante de notre quotidien. Elle était une autre pièce maîtresse de nous-mêmes, son eau coulait au sein même de nos veines.

Le soleil allait à peine commencer son ascension dans le ciel. La jeune femme poussa un énième bâillement depuis son réveil, puis se leva du rocher humide.

Elle serra sa veste molletonnée contre elle,  sautant agilement sur le ponton et saluant quelques connaissances sur son passage.

Arrivée vers la place secondaire de Portbaieval, elle prit soigneusement son vieux vélo à la peinture écaillée par le temps.

Opale Wilverst était née ici dans une famille de pêcheurs. Son père, West Wilverst, dirigeait l'une des entreprises de pêche de Portbaieval face à d'autres concurrents récemment implantés dans le petit village. Ils y avaient vu un potentiel assez grand pour pouvoir s'y établir, et ainsi se disputer le marché. Sa mère, Sora Wilverst, travaillait elle aussi dans l'entreprise familiale tout comme son frère, Avène.

Ils exploitaient la pêche tout comme le faisaient leurs ancêtres de Portbaieval.

Rendue à sa destination, Opale posa son vélo sur le mur du hangar et s'engouffra dans l'entrée. Elle souffla de plaisir en rencontrant l'air chaud du sas. La jeune femme se dévêtit, et passa au travers des lamelles de rideaux en plastique.

— Ah, Opale !

Sa tête s'orienta vers la voix nasillarde, reconnaissant sans nul doute celle de John Makcurtis, l'un des plus fidèles employés de West.

Vieux, et certes, borné, il était connu de tout Portbaieval par son expérience en matière de pêche. On racontait nombre de choses à son sujet. Certaines fois moqué comme admiré, John restait sans contexte un pêcheur de renom. Des dires circulaient sur lui et les eaux interdites, ces courants étranges ou aucun navire n'ose y naviguer pour cause de mystérieuses tempêtes. Le vieux Makcurtis avait sa réputation bien cotée, inspirant des murmures aux légendes.

— John ! lança gaiement la jeune femme

Makcurtis s'avança à sa rencontre, grinçant à chaque pas le nylon de sa combinaison jaune.

— J'ai des infos sur ce que tu m'avais demandé, avoua t-il non sans avoir regardé furtivement autour de lui

Opale inclina sa tête sur le côté, plissant des yeux au rythme des rouages fatigués de son cerveau.

Portbaieval MysteryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant