Chapitre VI.

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"L'expérience est le fondement de toutes nos connaissances" - Locke

**L'esprit humain ne possède aucune connaissance de façon innée. Avant l'expérience, l'esprit est comme une feuille blanche : rien y est inscrit. L'expérience est donc ce à partir de quoi se constitue la connaissance.

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Un mois. Exactement un mois que je suis dans cet endroit et pourtant j'ai l'impression que c'était hier que les chasseurs m'ont capturé. Les choses ne changent pas, nous sommes tous les jours dans le même rituel et il y a déjà eu un mort. Un esclave qui a tenté de s'enfuir sûrement, il ne manque aucune personne dans la chambre des filles. Aujourd'hui, les anciennes sont parties tôt pour être vendues. En vérité, chaque semaine, des femmes et des hommes arrivent exténués et d'autres partent pour servir au modèle masculin.

Il ne restait plus que trois mois avant que ce soit mon tour. Les journées devenaient lasses, je prenais de plus en plus l'habitude a récité les règles, à les entendre, à écouter les pleurs des nouvelles et voir les bleus de certaines sur leurs corps. Avec tout ce temps ici, je n'avais toujours pas testé la douche chaude et je ne voulais toujours pas le faire.

Je n'étais pas ce genre de fille à être rebelle, à chercher la bagarre. Mon grand-père m'a toujours dit qu'il fallait que je reste calme si un jour il s'avérait que l'on me trouve. J'applique au mieux tous les conseils qu'il m'a donné. Il m'a aussi dit de me faire des alliés, c'était le meilleur moyen pour s'en sortir dans la vie. Sauf que je n'ai jamais réussi à côtoyer quelqu'un, je ne sais pas comment les approcher.

Nous étions à une table pour le brunch. Après un mois, les discussions ont commencé à partir. Il nous avait été donné un sujet, il fallait s'en tenir. Entre femme, nous avions le droit de parler, mais dès qu'un homme entre dans la salle, on doit se lever, rester droite jusqu'à ce qu'il nous autorise à nous asseoir. Parfois, des personnes extérieures venaient à notre table. On ne les connaissait pas, ils nous observaient juste. Ils passaient derrière nous, jaugeant nos moindres faits et gestes. C'était flippant à sentir le regard juste sur ton épaule pendant que tu coupais ta viande.

— J'ai entendu dire qu'il y aurait des invités ce soir, prononce la fille.

Ses cheveux, qui étaient attachés, avaient une couleur blonde parfaitement colorée comme le soleil et ses lèvres rouges soigneusement dessiné tout comme ses cils.

— Quel genre d'invités ? S'intéresse une brune.

— Je ne sais pas, j'ai entendu deux hommes en parler avant que je ne rentre dans ma chambre. Il se pourrait que ce soit des hommes hauts placés et séduisant.

Certaines gloussaient d'autres restaient silencieuses. Cela ne pouvait être confirmé que par les gérants de cet enfer. Si des hommes d'un rang supérieur venaient ici, c'est que quelque chose se préparait et je suis sûre que je n'étais pas la seule à le savoir et à le craindre. Nous savions ce que cela signifiait, mais on préférait ne pas y penser. La règle numéro quatre reste la plus importante : « un confesseur se doit de rester intacte jusqu'à sa vente », c'est-à-dire, pas de relations sexuelles, enfin, c'est ce qui est dit, mais pas réellement ce qui est écouté. Pour les hommes, ce genre de relation c'est lorsque leurs engins rentrent dans notre trou, le reste est considéré comme des préliminaires. Je vous laisse imaginer combien d'entre nous sont tombés dans le panneau.

— J'ai hâte de les rencontrer si ce que tu dis est vrai.

La brune rigole et saisit un verre d'eau avant de le porter à ses lèvres. Intérieurement, je lève les yeux au ciel, tellement j'étais exaspérée par ce genre de comportement. Elles étaient nouvelles, c'était sûr. Plus on passe du temps ici, plus on devient sage et moins on parle car nous avons de moins en moins à dire.

L'égaréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant