Chapitre VII.

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"La parole ne dit jamais ce qui est, mais plutôt ce qu'une culture fait voir" - Bergson.

**L'homme ne se crée pas sa propre conscience ni sa propre opinion. Lorsque celui-ci est prisonnier d'une culture, il ne cherchera donc pas à obtenir la pleine de la vérité et sera dans un certains cas soumis à cette dite culture.

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Une heure avant la soirée, chaque jeune femme avait reçu une robe. Nous avons tous eu la même. Noir, courte, élégante. Un décolleté qui retombait jusqu'à notre nombril. Le dessous est orné d'une couleur rouge qui se voit seulement si on soulevait le tissu. Cette fois-ci, nos cheveux ont le droit d'être détachés. Nos sourcils doivent être dessinés et nos lèvres parfaitement hydratées.

Je me suis jaugé dans le miroir avant de quitter la chambre. Une salle de bain se trouvait au fond, nous devions la partager entre 15 filles. Nous avons décidé d'étaler les jours de douches sur trois jours, 5 filles se douchaient un soir et les 5 autres le lendemain et le reste le surlendemain. C'était sale, même très sale, nous faisions du sport la journée. Ils nous donnaient peu de temps pour nous consacrer à nos soins personnels. Les draps étaient lavés une fois par semaine et nous devions nous même nous charger de nettoyer la pièce. Les premiers jours, ça sentait le rat mort et au bout d'un certain temps, on a appris à s'y faire.

Pour vous dire que lorsque nous avions le temps de faire du ménage, on se mettait toute au travail et aucune de ronchonnait car elle ne voulait pas participer.

Je souffle un bon coup et me redresse en passant mes mains sur ma robe pour la soigné. Je replace une mèche derrière mon oreille. J'ai toujours pris soin de mes cheveux, je ne voulais jamais les couper, c'était presque un sacrilège lorsque mon grand-père me montrait des ciseaux afin d'enlever juste les pointes abîmées. Ils étaient noirs, mais d'un noir très intense comme une veste en cuir.

Mes tâches de rousseurs (qui viennent de je-ne-sais-où) couvraient mes joues, mon nez, un peu mon front et en dessous de mes lèvres rouges. Mes yeux verts étaient luisants, mon grand-père me disait que j'avais les yeux comme une les ailes d'un shiny beetle. Ils ressortaient parfaitement avec le contraste du blanc autour et la fine couche du noir qui entourait la pupille. Mon corps, qui était très fins lorsque je me suis fait prendre, puis a repris quelques formes mais je restais toujours fine aux yeux des hommes, sans grande importance.

Je mords ma lèvre et décide de bouger. La soirée se passait dans un autre endroit. Non loin d'ici, à vrai dire, juste à côté. Cet endroit était réservé à nos leçons, selon les dires. Là où nous allions, c'était tout autre chose. Et en effet, je ne suis pas déçue.

Les lustres étaient à une très grande hauteur. Ils illuminaient la salle remplis d'hommes en costards. Une petite musique accueillait les nouveaux arrivants. La salle était déjà remplie, certaines filles parlaient déjà à des hommes, restant un peu sur leurs gardes tandis que d'autres restaient dans leurs coins. J'étais plutôt ce genre de personne. Timide et sans histoire, pour de vrai, c'était le cas, sauf que là, je n'étais pas une héroïne d'une histoire comme Luce dans Damnés ou Clary dans la coupe mortelle. Elles avaient quelque chose à raconter, elles vivaient l'aventure et connaissaient le grand amour ; moi qu'est-ce que j'aurais à raconter lorsque je serai vieille ?

« Eh bien sachez que j'ai été séquestrée avec beaucoup de filles dans une maison qui ressemblait à un hôpital pour fou. 3 mois après, j'ai été vendue et voilà pourquoi, mes chères enfants, vous êtes ici ». Très classe, je l'avoue.

Je jaugeais chacun des visages à cette sorte de fête. Certains étaient plus vieux que d'autre : beurk. Avant d'aller nous préparer, un homme est venu nous voir et il nous a spécifié d'accueillir convenablement ces messieurs. Evidemment, comme si nous n'avions pas compris les mots d'un des bourreaux : « Faite bonne impression les confesseurs, celle-ci sera la seule avant que vous ne partiez d'ici »

L'égaréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant