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Avec Itona, on s'évaluait du regard.
Au final, je baisse la tête et m'allonge sur mon matelas.
<<- Tu n'as aucune famille ? Demande Itona en s'asseyant à son tour sur le béton en face de moi.
- Non. Et toi, tu vas dormir où ? Détournais je la conversation.
- Bah...Ici ?
Je le regarde bizarrement.
- Euh, tu es sur ? M'étonnais je en avisant d'un coup de tête le côté où le fond sonore venait de monter d'un octave.
Il hausse les épaules.
- Ok. Capitulais je. Mais tu ne dis rien aux autres.
- Oui. Au fait, j'ai vu Karma tout à l'heure en rentrant. Il te cherchait.
- Mais...Comment tu as su que j'habitais là ? Percutais je seulement.
- J'ai vu le poulpe qui espionnait au coin d'une ruelle d'où venait des cris.
Je me suis approché pour le tuer mais il m'a arrêté sans se retourner et t'a montré du tentacule, en train de battre un homme au bras de fer.
Il réfléchit.
- Et maintenant que je le dis, je me souviens qu'on n'était pas les seuls à regarder. Il y avait aussi quelqun d'autre, mais je ne sais plus qui...
- Ah. Fus le seul bruit que je produisit.
On se regarde longuement, et je me lève, lui cédant le matelas.
- Tu vas où ? Me demande t-il en me voyant marcher vers le bord de l'immeuble.
Je reviens sur mes pas et lui enlève la veste qu'il avait sur les épaules, puis l'enfile.
Thug attitude !
Tg conscience.
- Juste faire un tour, tu peux prendre le matelas.
- D'accord. >>
Je saute du toit.
Ce qui est bien avec lui, c'est qu'on dirait qu'il se fout de tout.
J'atteris sur un toit que je ne connais pas, légèrement en pente.
Je suis descendue du côté des quartiers chics.
Des lampadaires éclairent la rue, disposés à quelques mètres d'intervalles.
Je secoue la tête, dégoutée.
De l'autre côté de mon immeuble, ils n'ont que des poubelles.
Je marche sur les toits, sautant de maisons en maisons.
C'est vraiment entretenu par ici.
Je mets de côté mes idées noires et observe avec curiosité les alentours.
Heureusement que j'ai un côté vampire, je ne suis pas du tout fatiguée.
Je me décide finalement à rentrer, repassant par le coin des fêtards, où la tête ne s'était en aucuns points taries.
Je rigole franchement en voyant deux bourrés essayer de danser un tango ensemble.
Franchement, ils sont trop drôles.
Je salue Kévin,  que je vois en train de de faire je ne sais quoi.
Vu le sourire qu'il me lance, il est bourré.
Je rigole en le voyant s'effondrer au sol, endormi.
Je rentre finalement et observe un moment Itona.
Il était sur mon matelas, il semblait endormi.
J'avance sur le toit dans sa direction et m'accroupis.
Je confirme, il dort.
Il a l'air tellement serein que je n'ai pas le coeur à lui prendre la place.
J'attire donc mon sac à moi et vais m'asseoir sur le bord de l'immeuble, les pieds dans le vide.
Je sors le résumé des cours, bien décidée à apprendre par coeur toutes les leçons depuis le début de l'année.
***

Deux heures plus tard.
Je referme le livre et le range.
Je me masse les tempes. J'ai mal à la tête...
Je soupire et regarde le ciel qui s'éclaircit.
Je n'ai pas dormi...
Je range le livre dans mon sac et enfile ma veste.
On va avoir sport aujourd'hui...
Je regarde Itona endormi et serre la bande de mon sac sur mes épaules, puis saute de l'immeuble.
Je sens mes cheveux voler, ma jupe aussi.
Je replie mes jambes sous mes fesses en profitant de la sensation de chutes que j'apprécie énormément.
Je plaque ma jupe sur mes cuisses pour qu'elle arrête de voler, et atteris avec légèreté sur un fil électrique qui me fait rebondir.
Je marche dessus en direction de l'école, les bras sur les côtés.
Je fais un détour pour pouvoir rester sur les fils.
En suivant le chemin de câbles, je remarque que je suis arrivée derrière le collège de Asano.
L'arrière aussi à une sortie, en fait, c'est une entrée loin élégante.
Je secoue la tête et continue ma marche en m'êirant, profitant du rebond des fils qui me portaient pour avancer en sautillant.
Je passe par un quartier riche, d'ailleurs un gosse, le visage colle à la vitre, m'a vue passée.
Je l'ai ignoré alors qu'il venait à ses parents de venir.
Encore ? Je suis à nouveau devant Kunugigaoka ?
Je prends le temps d'apprécier le vent qui souffle lorsqu'on est en hauteur et saute, me receptionnant agilement devant les grilles, mes cheveux retombant ensuite dans mon dos.
Je me redresse et les recoiffent un peu en marchant tranquillement vers la colline.
Je n'avais fait que quelques pas quand j'entendis un bruit de nourritures.
Je me tourne vivement, aux aguets, alors que mon estomac se rapellait à ma mémoire.
Sur un banc, à quelques mètres de moi, se trouvait un garçon en train de manger des mikados.
Bon, Rachelle, réfléchis.
Un mec sur un banc dans la rue avant 5heures, qui a une tête blasée et qui mange des mikados, ça t'inspire quoi ? S' Exaspère mon côté raisonnable (oui il existe).
Bah...De la bouffe ? Tenta mon côté...Mon côté moi.
Non. C'est un pédophile qui regarde tchoupi et qui bouffe de la guimauve.
Ah.
Voilà.
Mais si il a de la guimauve, c'est encore mieux !
Voilà. Je suis schizophrène. Me dis je en avançant vers le garçon qui leva le regard vers moi.
Je m'assoids à ses côtés.
<<- ...
- Écoute. Commençais je. La subtilité c'est pas mon truc, alors enchantée, moi c'est Rachelle, oui je sais on ne se connaît pas, non je ne sors pas de l'asile, et on est connecté par les mikados. Lui annoncais je très sérieusement en me tournant vers lui a la fin de ma phrase.
Il me fixait, perplexe.
- Bonjour, tu es dans quelle classe ? Je t'avais jamais vue.
- Je suis dans la E. Je peux avoir des mikados ? Enchainais je en lorgnant sur son paquet.
Il me tendit le paquet.
Je pioche dedans et savoure le biscuit.
Le garçon a du le remarquer car il rigole et me regarde manger.
Je me lève lorsque j'ai fini ma bouche et lui fait un grand sourire.
<<- Merci ! J'y vais maintenant.
- D'accord. Peut-être à plus tard.>>
Je lui Fais un signe de la main et fais quelques pas, puis revint en arrière et reprend un mikado, avant de m'enfuir pendant que mon bienfaiteur me regarde, pensif.
Heureusement qu'il y a des gens sympas.

<<- Salut Ritsu ! Saluais je l'IA en jetant mon sac puis en allant me planter devant elle.
- Qu'as tu encore fait ? Soupire t-elle en m'observant.
- ...
- Tu as des cernes.
- T'inquiètes ! Par contre, est ce que tu pourrais me dire où trouver un uniforme de sport, je ne vais pas sécher le cours aujourd'hui.
- Attends quelques minutes.
Elle disparut et une barre loading prit sa place. Enfin, elle revient avec un sourire, un crochet me donnant un tenue complète.
- Merci. Combien je te dois ?
- Je l'ai fabriqué. Il ne vaut rien.
- C'est faux. Si tu l'a fabriqué, je le cherirais toute ma vie.
Elle rougit de plaisir.
Je range dans mon sac l'uniforme, puis remarque un papier entre la pantalon et le haut.
Je souris intérieurement et prend le cahier que poulpie m'a offert.
Je range donc enfin mon uniforme et sort en renfilant ma veste, avertissant mon amie que je sortais.
6h02.
J'ai envie de casser la gueule à quelqun...
En marchant le long du bâtiment, je finis par arriver sur une falaise d'où on voit une forêt qui s'étend en bas.
Un arbre penché en avant, à moitié dans le vide, domine le domaine.
Je m'approche et saute dessus avec facilité, et m'avance pour aller jusqu'au bout, me penchant en avant.
<<- Rachelle.
Je sursaute et mon pied dérape.
Je tombe de la branche mais me rattrape avec mes mains, me remontant sur celle ci en sentant mon coeur battre dans mes oreilles.
Je soupire de soulagement, accrochée à la branche comme à une bouée de sauvetage, avant de réussir à calmer mes tremblements et sauter sur la terre ferme.
Je fusille du regard...Karma.
- Ça va pas de me faire peur comme ça !
M'emportais je.
Il croisa les bras et me fit un sourire mesquin.
- C'est ma vengeance pour hier. Rigola t-il.
- Hein ? Dis je sans comprendre.
- Lorsque je t'ai cherchée partout et que tu avais mystérieusement disparue. Ajouta t-il.
Un déclic se fit dans ma tête.
- T-t-t- tu...Begaiais je en le pointant du doigt.
- J'ai pas compris. Se moque t-il en avançant.
Je saute sur le côté.
- Tu m'as pris mon premier baiser !>> Avouais je en criant.
Et je m'enfuis en courant.
Il n'essaye pas de me rattraper. Tant mieux.
Je retourne inconsciemment au bâtiment délabré et défonce pratiquement la porte de l'infirmerie avant de la claquer et de la faire à moitié sortir de ses gonds.
De toute façon on s'en fout,  le bâtiment est déjà pété.
Je m'allonge sur le lit et contemple le plafond, ce magnifique plafond rongé par les termites terne et sal.
Après l'avoir bien contemplé pendant une dizaine de minutes, je me dis qu'il y a plus de chances qu'il me tombe sur la tête qu'il reste sagement à sa place.
Toujours très rassurant.
Je n'ai actuellement pas très envie de réfléchir, mais une question vient à mon esprit.
Pourquoi Karma était-il là si tôt ? C'était étrange, lui qui est un gros flemmard.
Je replie mes genoux contre mon torse et soupire

RachelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant