Chapitre 7

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Je me réveille en début de soirée. La nuit n'est pas encore tombée mais ça ne va pas tarder. Je m'approche du bord de fenêtre et y découvre un nouveau petit papier que je ramasse immédiatement comme si c'était un message de secret d'État.

"Ne tarde plus. Le temps est compté."

Je reste sans rien comprendre devant ces deux phrases. Soudain une idée me traverse l'esprit.

"Dans votre première lettre vous m'avez parlé de crimes. Quels types de crimes ? Je ne peux pas résoudre des affaires de meurtres de cette façon... savez vous qui les commet ?"

Je remet cette lettre au bord de ma fenêtre et ferme les volets sachant que l'auteur ne se montrera pas.

Fiona.

Lorsqu'il rentre il m'affiche un grand sourire. Mais quel menteur. Je me suis mariée avec un grand malade.

Moi : Je sais que c'était Sammy. Elle avait un problème ?
Djosseh : Ouais. Ça gaziniere ne se déclenchait plus. Je lui ai réparé rapidement je pense que c'était l'arrivée de gaz qui déconnait un peu.
Moi : Je vois.

Surtout que Sammy a une cuisinière en plaques électriques. Ment, mais ment bien.

Les jours et les semaines passent, toujours plus longues et pénibles les unes que les autres. Ma vengeance est toujours d'actualité : mélanger le sucre et le sel, mis de l'huile dans son café, déchirer à nouveau son costard. L'inspiration vient à me manquer. Il est censé arriver dans peu de temps et je n'ai toujours rien. Je décide alors de mélanger à nouveau le sucre et le sel, quand d'un coup la porte d'entrée s'ouvre. D'un mouvement de panique, je renverse la réserve des condiments sur le plan de travail.

Moi : Merde !
Djosseh : Tout ce passe bien ?

Je ne lui réponds pas, et, en entendant ses pas arriver dans la cuisine que je réalise que j'aurais dû. Il s'arrête net devant le plan de travail et trempe son doigt dans le bocal de sucre, et le dépose sur le bout de sa langue. Je vois dans son regard une haine sans limite.

Djosseh : C'est du sel. Alors c'est toi. Le costard aussi ? Le café ? La bagnole rayée ? Répond !

Je baisse la tête. Son ton monte, ses gestes plus brusques. Il m'attrape par le bras.

Djosseh : Pourquoi autant de haine envers moi ? Tu me déçois.
Moi : Si tu avais tenu tes hormones tout serait différent.

A ma surprise, mon ton est calme et apaisé.

Djosseh : De quoi tu me parle là ?
Moi : Je sais ce que tu as fait avec Sammy ! Alors c'était quoi ? Un fantasme ? Tu voulais mettre de femmes enceintes en même temps et de toi ? Bravo champion !!!! Tu me degoûte. Et aussi tout ce que tu as fais enduré à Sammy pendant que vous étiez ensemble, tu comptais me le faire aussi ? Ton coma jamais entendu parler non plus ?
Djosseh : C'est elle qui t'as dit tout ça ?
Moi : Non. Et j'aurais préféré. J'ai trouvé des preuves sur papier de tes merdes. Noir sur blanc. T'es qu'un connard !

Soudain, le coup part. Tellement fort que j'en tombe au sol. Mon premier réflexe est de me toucher le ventre comme pour vérifier avec certitude que mon bébé est toujours là. Une fois que j'en ai la certitude, tout le côté gauche de mon visage me lance. Alors que ce moment me paraît comme une éternité, je comprends qu'il dure en réalité que quelques secondes. Puis il enchaîne avec des coups de pieds dans les jambes. Je me met à hurler puis il s'arrête.

Djosseh : Tu méritais une correction.

Sammy.

"A vrai dire, c'est plus un combat que je mène. Je n'empêche pas les crimes. Les criminels sont principalement des hommes, mais les femmes y sont aussi dans la minorité des cas. Je ne connais pas les criminels mais sache qu'ils sont présents dans ce village toutes les années ils vivent paisiblement dans leur maison. Ils tuent et l'affaire est classée. Il faut que cela cesse. "

Je tapote mon crayon sur ma joue. J'avais d'abord songé à ce problème de viol très répandu dans les villages comme les nôtres. Mais maintenant je suis sûre. Cette personne me parle de violence domestique. Malheureusement je ne sais pas comment faire. Je pose ma main sur mon ventre désormais bien gonflé. Ces dernières semaines j'ai enfin eu le courage de l'annoncer à ma famille : leur réaction était un mélange de joie et de tristesse pour moi et du fait qu'ils ne peuvent pas être présents.
Sans le travail, la solitude se fait ressentir de plus en plus. Je décide donc de m'habiller et de rendre visite à mes anges gardiennes une des dernières fois avant leur entrée en maison de retraite prévue dans peu de temps.

Anna : Sammy ! Ma petite fille, qu'est ce que ça fait plaisir de te voir. Puis tu es toute belle aujourd'hui.
Moi : Merci ! Mais permet moi de douter, j'ai grossi surtout.
Elyah : C'est normal ma belle. Sais-tu combien j'avais pris en ayant mes enfants ? 23 kilos. Oui, oui.
Moi : Eh bien, ça ne se voit pas !
Elyah : Anna, vient m'aider à préparer un café.
Moi : Je vais vous aider quand même.
Anna : Non, toi assis toi. Tu vas pas nous fatiguer le bébé avant même qu'il soit né !

Je rigole et les regarde s'éclipser dans la cuisine. En attendant, j'arpente le salon. Sur la table à manger, je découvre un fouillis de papier dont les papiers d'inscription pour la maison de retraite ce qui me fends le coeur. Seulement, l'écriture qui figure sur le papier d'Anna m'est familière. J'essaye de me concentrer pour savoir où j'ai aperçu cette écriture. Soudain, je l'ai. C'est exactement celle des lettres anonymes. Je comprends maintenant que le "A" en guise d'indice, signifiait "Anna".

Anna : Elyah, j'ai oublié le sucre pourras-tu le ramener s'il te plaît ?

J'entends la bribe qu'Elyah donne en réponse. J'en profite de ce moment avec Anna pour lui parler des lettres.

Moi : Alors comme ça tu veux que je prenne la relève ?
Anna : Comment as-tu su ?
Moi : J'ai mené ma petite enquête.
Anna : Je le savais. Tu est très réfléchie et heureusement que c'est toi qui prend ma relève. Enfin si tu veux ?
Moi : Oui bien sûr.
Elyah : Sammy, si tu savais comment cette cause nous tient à coeur.
Moi : Je ne savais pas à ce point là. Le problème reste que je ne sais pas comment identifier cela.
Anna : Il y a des signes qui ne trompent pas. Cela fait 35 ans que je suis ici et crois moi que au fil du temps ça devient flagrant.
Elyah : Sais-tu pourquoi je vis avec ma soeur ? Il y a plusieurs années, Anna avait divorcé et moi de mon côté mon mari me frappait. C'était devenu quotidien. Je savais que c'était difficile pour Anna alors je ne voulais pas la déranger. Mais un jour c'était de trop et j'ai pris mes bébés et je suis partie sans laisser d'adresse. Imagine l'indignation de la famille à l'époque ! Anna m'a accueillie et depuis on mène ce combat soudée comme jamais auparavant.

Je suis émue par le discours d'Elyah. Elle et sa soeur ont vécu tellement de choses.
En rentrant je me sens déterminée malgré le fait que j'ai seulement pu boire un petit jus d'orange. Je compte bien puiser cette énergie et me donner pour sauver ces personnes ne serait-ce en honorant mes anges gardiennes.

Le couple d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant