Chapitre 23

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L'ascenseur s'arrêta à l'étage du bureau de Mindy, deux étages au-dessus de la morgue et un étage en dessous de l'accueil. Le tintement de la cloche sonna, faisant sortir Kane de ses pensées. Des affaires non résolus, qui pourraient les aider à résoudre celle-là ainsi que la sanglante. S'ils arrivaient à les résoudre, Pascail et lui auraient enfin la reconnaissance qu'ils méritaient. Ils ne seraient plus les derniers de l'académie.

C'était alors plus motivé que jamais que Kane se précipita dans le bureau de la scientifique. Il attrapa les petits gobelets de carton qui trainaient sur la table centrale et avala le plus de caféine possible sous les yeux écarquillés de Mindy. Il aurait tellement voulu partager son avancé avec Pascail. Mais ce dernier s'était endormi il y a un bon moment déjà, pelotonné dans la couverture que Scarletta lui avait donné, installé dans l'un de ses bureaux, le plus frais, que le lieutenant n'avait pas osé le réveiller. Kane s'était alors précipité sur les noms des employés de SIREN mais il avait bien l'intention de retourner voir la patronne dans quelques heures, à l'aurore. Il regardait les noms défiler sans réellement y prêter attention, car dans sa tête de canidé, il essayait de faire le lien entre la patronne et les meurtres. Quel serait son mobile ? Comment avait-elle connu le chanteur ? Pourquoi aurait-elle tué sa propre sœur ? Aurait-elle découvert la vérité et ne l'aurait pas supporté ?

Autant d'hypothèses qui traversaient son esprit sans trouver la moindre réponse. Seule Scyalla pourrait y répondre et faire la lumière sur toute cette histoire, les indices parlaient bien trop peu. Il espérait en trouver un petit dans ce tas de feuille, et donc tourna les pages encore et encore. Et, au bout d'un moment, le sourcil droit de Kane se leva. L'un des noms l'interpela. Il le relut, à haute voix cette fois-ci. Amelhia O'Mordéü. Pourquoi ce nom lui évoquait quelque chose ? Le lieutenant posa alors son gros doigt sur la feuille, juste sous le nom, et le fit glisser en ligne droite. Créature ? Une sirène. Logique pensa Kane. Poste dans l'entreprise ? Chargée de presse, un rôle bien important avec des responsabilités. Le lieutenant avait vu pléthore de motifs de renvoi, tous plus absurdes les uns que les autres, mais, là, il n'y avait rien. Que du blanc, du vide.

Kane se frotta la tête. Il ne s'attendait pas à trouver du vide. Pour quelle raison cette sirène avait-elle été renvoyée, pour qu'on le garde secret ? Une grave faute professionnelle ? Quelque chose qui aurait ruiné la réputation de l'établissement, en tout cas. Pris alors d'une vive curiosité, Kane tourna les pages, mais ne s'attarda plus sur les noms mais les motifs de renvoi. Il cherchait des vides. Et il en trouva une, Eurode Melech. Une autre sirène. L'homme-bouledogue tourna le reste des pages mais n'en trouva pas d'autres. Il mit celles qui l'intéressaient côte à côte. Il trouvait que quelque chose d'étrange sonnait dans ces noms.

— Le M est commun au début du nom, si on ne tient pas compte du O' dans O'Mordéü, souffla Kane. Mais il y a quelque chose de plus.

Il chercha alors de quoi écrire sur le petit bureau. Il trouva une mine de carbone qui trainait et nota toutes les lettres des deux employées. Kane ne fut pas surpris de découvrir que c'était les mêmes. Il se mit alors à les griffonner dans différents ordres, jusqu'à trouve ce qui s'y dissimulait.

— Mindy, appela Kane.

Mindy, occupée sur diverses recherches, s'arrêta aussitôt. Elle glissa dans la direction de l'homme-bouledogue et s'appuya, une fois de plus, sur son épaule. Kane lui montra ses notes et Mindy écarquilla les yeux.

— Les deux employées, là, dit le lieutenant, ont été virées mais sans motif visible. Et leur nom, c'est une anagramme. L'anagramme de Mermélia Odouce. Je pense que ces deux employées ne sont qu'une seule et même personne. Elle joue avec l'identité de sa victime.

Le mythologisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant