Chapitre 9 : Les Messages

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J'avais un peu dormi alors le voyage avait semblé moins long. La grille du QG que j'avais fut un temps escaladé s'était dessinée devant mes yeux tandis que je m'éveillais, et j'avais le sentiment d'un retour au point de départ bien plus calme. Nous étions finalement descendus, la nuit était tombée depuis quelques temps déjà et nous fûmes obligés de se saisir de la torche que nous tendait un des soldats en patrouille. Personne ne parlait vraiment, sûrement tous aussi épuisés que moi, jusqu'à ce que nous pénétrâmes le hall principal. Là, le Commandant se tourna vers moi.

« Je suppose que tu resteras cette nuit, alors Levi va te mener à une de nos chambres inoccupées. »

J'entendis le sus-nommé soupirer derrière moi, mais sûrement trop fatigué pour protester, il se contenta de me devancer. Je remercia une dernière fois le blond avant de faire un petit signe de la main à Hanji, et de suivre le Caporal dans les couloirs sombres du château. Il marchait comme à son habitude, d'une cadence rapide et presque nerveuse, et je me demandais si il lui arrivait parfois de se déplacer comme une personne normale, ou si il avait une autre émotion que 'colère' dans son code génétique. Nous montâmes un premier escalier, avant de s'arrêter plus loin devant une porte en bois précédée d'une torche flamboyante. Mon guide ouvrit la porte avant de me laisser entrer.
De taille plutôt petite, elle n'était occupée que par un seul lit simple en bois dans un coin, un bureau de la même matière accompagné de sa chaise, et une commode plus sombre que le reste. Rien d'extravagant, le parallèle avec un Ibis Budget dans la campagne était évident. Je me retourna vers Ackerman en me rendant compte qu'il était toujours là.

« Et mes affaires? »

« Tes vêtements bizarres? Tu pourras les récupérer demain, j'ai la flemme d'aller les chercher maintenant. »

Je laissa échapper un petit rire devant la nonchalance et l'honnêteté brute du Caporal. Il leva un sourcil à cela, avant de s'apprêter à partir. Cependant, il s'arrêta dans son mouvement pour venir planter son regard de glace dans le mien. J'en fus surprise, attenant une quelconque action de longues secondes.

« Pourquoi t'as réagis comme ça devant le dessin de tout à l'heure? » je mis peut-être une seconde à me demander de quel dessin il parlait, avant de comprendre qu'il faisait référence à cette fameuse photographie.

« La photo, tu veux dire? » il acquiesça. Mes yeux se baissèrent sur la commode à ma gauche, réfléchissant à quoi lui répondre. « On va dire que le sens derrière, c'est une histoire qui a mal terminé. »

Il me fixa alors quelques instants, sûrement essayant de capter quelque chose dans mon regard, où attendant que je continue. Cependant, il n'avait pas l'air de quelqu'un d'insistant, alors je n'avançai rien de plus. Il avait sûrement dû voir une perceptible trace de tristesse dans mes yeux, puisqu'il changea de sujet rapidement.

« Bon, si t'as besoin de quelque chose viens pas me déranger, va plutôt voir Hanji. C'est un étage au dessus. » et sur ces mots, il ferma la porte avec sa douceur légendaire

J'étais alors restée plantée là quelques secondes, dans cette pièce inconnue éclairée uniquement par une bougie et le clair de lune, à me demander ce que j'allais faire. La faible lueur de la flamme me permit de m'accouder à la fenêtre, n'ayant rien de mieux à faire que de contempler le ciel noir en réfléchissant à la vie. Je fus presque émue en constatant sa beauté : chaque étoile était si lumineuse, d'un éclat pur, dansant autour de la lune sans pollution pour venir les recouvrir. Je me perdis inlassablement dans les yeux de la nuit quelques longues, longues minutes. Ce spectacle ne m'avait été jamais vraiment accordé, car même sans habiter à Paris, les voitures et usines avaient fini par tâcher le voile noir. C'était finalement apaisant, de vivre loin de tout cela. Tout un flot d'émotions se mélangèrent soudainement : fascination, tristesse, incompréhensible nostalgie, et mélancolie envoûtante. Fondant face à la scène comme la cire à mes côtés, toute énergie m'avait été enlevée. À la place, une simple larme coula de mes cils. Une simple larme qui contenait tout ce que je possédais, tout ce que je gardais de mon existence étrange. J'étais plus perdue que jamais, et je pense que c'eut été la fatigue qui m'en fit verser une deuxième. Alors, essuyant rapidement mes joues de mes manches trop longues, je sorti de ma rêverie douloureuse. J'avais fais l'erreur de repenser à de bons souvenirs, à mes amis m'attendant sûrement chez moi, à ma famille me croyant disparue, à mon ancienne vie laissée au pas de la porte. Que faisaient-ils, actuellement? Étaient-ils en train de penser à moi? Vivaient-ils de la même façon que je le faisais maintenant? Étais-je sur le même plan d'existence qu'eux?
Je m'arrachai à la fenêtre, coupant court à mes pensées futiles avant d'y sombrer trop profondément. J'avais perdu l'envie de m'allonger, sachant très bien que j'étais partie sur la voie de l'insomnie. Alors, saisissant mon téléphone et ouvrant ma porte le plus discrètement possible, je sorti en promenade dans le grand château. J'avais saisi la torche siégeant à côté de ma porte pour mieux m'y repérer et avait déambulé quelques temps sans but, avant de trouver refuge dans une salle que je ne connaissais que trop bien maintenant : le réfectoire. Un petit sourire naquis sur mes lèvres quand mon regard se porta sur la petite sortie dans le fond, les souvenirs de cette fameuse journée refaisant surface : ma course effrénée, le 'bordel de merde' ayant retenti dans tout l'établissement, leur recherche ayant duré des heures avant de me retrouver...

Universe || Levi x Reader (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant