Introduction

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Savez-vous quel est le problème d'un monde où la technologie prend le dessus ?

La spiritualité et les croyances s'éteignent noyées dans le flot d'information, de science, de concept dont on vous abreuve. Alors, dans un tel monde quel peut bien être la place d'un mage, d'un sorcier, d'une créature profondément spirituelle ancrée et imprégnée du monde auquel elle appartient et dont on l'a arrachée, exilée sur une lune bleue, couleur du métal qui l'étouffe. La nature profonde de notre pauvre mage déchirée, transformée. Il a les pieds sur la lune, les yeux tristement rivés sur la terre flottant misérablement au-dessus de lui et la sensation que le soleil le brûle. Il demeure sur un sol stérile ne lui donnant aucune force et que ses mains ne peuvent atteindre.

La lune qui autrefois faisait rêver les hommes est devenue un camp de concentration pour ceux qui refusent de se formater, bienvenue dans la station Blue Moon, ne pas accepter la technologie c'est refuser de vivre dans le monde des hommes, alors quel meilleur moyen de vous briser que de vous envoyer là où vous n'aurez pas le choix que de vous soumettre. On ne peut vivre sur la lune sans technologie. La lune, se soumettre ou mourir ... Les trois choix revenaient au même pour Taken. L'absence de sa terre mère le changerait, le tuant lentement et sûrement comme si on réduisait chaque jour la portion d'oxygène dans l'air qu'il respirait. Se soumettre c'était accepter un virus qui le grignoterait, le vidant chaque jour de son énergie, éteignant la lumière dans ses yeux le tuant jour après jour un peu plus si ce n'est physiquement au moins mentalement et spirituellement. Mourir tout de suite sans se battre... Si peu lui. L'exil n'était finalement qu'un choix par défaut, il refusait de faire rentrer l'ennemi dans son corps et sa flamme brûlait trop ardemment pour accepter d'être soufflée.

Le jeune exilé soupira se posant à sa fenêtre pour observer la ville, le sol lunaire n'était visible nulle part tout était bétonné sous le dôme. Les parois de ce dernier étaient si crasseuses qu'il pouvait à peine discerner sa chère terre, seulement l'ombre de sa forme. Tout n'était que béton et métal, la société en marche disait-il. Le pire ici était sans doute l'odeur... Celle de l'homme une puanteur indicible qu'aucun air conditionné ne pouvait évacuer... Leur odeur saturait l'air du mal qui les rongeait. La lune le changeait chaque jour un peu plus, sa flamme autrefois si brûlante perdait chaque jour sa chaleur sans pour autant perdre de son intensité, lui qui avait toujours vu la beauté du monde, le meilleur en chacun percevait désormais toujours plus la noirceur suintant de chaque homme, noirceur qui lui murmurait les si douces paroles de vengeance.

La lune était traîtresse et vengeresse, là où la terre si douce et maternelle n'appelait qu'à l'amour. L'une avait-elle perdu l'espoir alors que l'autre continuait de bénir les enfants qui la tuait à petit feu ? Peut-être était-ce là le rôle d'une mère aimer jusqu'au bout, quitte à en mourir. La lune n'était pas la mère des hommes, elle ne l'avait jamais été et n'avait jamais désiré l'être. Depuis la nuit des temps elle provoquait des marées et des phénomènes qui semblaient plus mortels que bienveillants envers les hommes, la technologie avait permis aux hommes de lutter contre elle. La lune avait repris le pouvoir quand ils s'étaient installés sur elle. Les pionniers plongeant progressivement dans la folie, en faisant un lieu parfait pour briser les insoumis.

Les insoumis... n'avaient-ils pas là offert à la lune des armes parfaites à retourner contre eux ? La lune qui avait toujours chéri ceux qui bénissaient la terre et le soleil, les nimbant de son doux halo rendant leurs champs plus productifs que ceux des autres... Et c'est eux que les humains stupides lui envoyaient. Eux elle pourrait les aimer comme ses petits, ses adorables petits dont elle pourrait renvoyer les plus forts sauver sa sœur chérie du vers qui la rongeait.

Taken soupira rejoignant les rues qui malgré leur nettoyage constant empestait la crasse et la vieille urine, aucun pourtant ne se serait risqué à y uriner, leurs protecteurs se feraient une joie de massacrer quiconque oserait ne serait-ce qu'y penser. Oh vous venez d'arriver pardon ! Les protecteurs sont en quelque sorte la police ici. Ils ont tout pouvoir et vous êtes l'étron qui pourrait salir leurs godasses, godasses qu'ils se feront une joie de vous envoyer par la mâchoire à la moindre occasion et à qui vous devrez refaire une beauté, quand votre sang les aura souillées. Nettoyer des pompes c'était presque le travail de Taken, il travaillait à la lingerie car ici tout était fait pour que vous n'ayez aucune intimité aucune possibilité de vous échapper, de ne pas vous conformer, votre petit linge devait passer entre les mains d'inconnus et vous ne saviez jamais si vous alliez retrouver le vôtre ou celui d'un autre dans le prochain colis, après tout chacun porte la même tenue, tant que c'est la bonne taille, quel est donc le problème que votre slip propre soit passé sur les fesses d'une soixantaine de personnes avant aujourd'hui ? Vous n'êtes qu'un déchet de la société à laquelle vous refusez de vous conformer, alors des déchets peuvent bien partager leur crasse.

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