Partie 1.

332 28 0
                                    

« Respire. »

Guillaume regardait avec une pointe de nervosité le jeune homme devant lui, qui tremblait de peur et qui semblait peiner à respirer, et dont les yeux étaient recouverts par un masque bleu foncé marqué de croix noires.

« Eh, respire. Je ne vais pas te faire de mal. »

Il se mordit l'intérieur de la bouche en se disant que de l'extérieur, ce n'était pas l'impression qu'il donnait. Qu'ils donnaient. Parce que oui, dans ce casse, il n'était pas tout seul. Il faisait partie d'une équipe avec sept autres personnes, garçons et filles mélangés, entrainés depuis près de cinq mois pour ça par un homme se faisant appeler Le Professeur. Ça, c'était leur coup, leur braquage, le casse du siècle comme aimait l'appeler Le Professeur et ses collègues de travail. Le travail le mieux rémunéré de l'histoire, avait dit une fois en riant une des filles. Il ne connaissait pas son nom. D'ailleurs, il ne connaissait le nom d'aucun d'entre eux. C'était la règle numéro une. Enfin, la deuxième. La première étant pas de relations entre co-équipiers. Mais ça, ça ne risquait pas. Il avait toujours su faire la part des choses entre le travail et la vie personnelle.

Donc, une des premières étapes du plan était de bander les yeux aux otages de la banque. Ah oui, parce que c'était ça qu'ils étaient en train de faire : cambrioler de tout l'argent possible et imaginable La banque de France. Il n'y avait pas seulement 500 mille, 100 millions ou 1 milliard d'euros à se faire ici. Non, le plan du professeur était encore plus brillant. Se servir des personnes présentes dans la banque au moment de leur entrée dans cette dernière pour fabriquer de l'argent. De l'argent réel, pur, intraçable. Car dans les banques, celle-là tout du moins, il y avait à disposition tout ce dont ils auraient besoin pour cela : une imprimerie et une papeterie. Il pourrait dorénavant vivre le restant de ses jours à l'abri. Étant donné qu'il s'en sorte vivant.

« Eh... » reprit Guillaume en sortant alors de ses pensées, se concentrant à nouveau sur le jeune homme terrorisé devant lui.

Ils avaient dû leur couvrir les yeux avec des masques, comme ceux qu'on emportent à l'aéroport pour pouvoir dormir dans l'avion, afin qu'ils ne voient pas leurs visages. Qu'ils puissent enlever ces foutus masques ridicules de Courbet. Ils étaient à la fois ridicules et effrayants. Mais les gens avaient crié quand ils les avaient aperçus donc l'effet escompté était là.

« Concentre-toi sur mes mains... dit-il pas plus fort qu'un murmure afin que ses co-équipiers ne l'entendent pas et en avançant ses mains vers celles du garçon aux cheveux noirs devant lui. Voilà, très bien, serre-les si tu veux... Calme-toi, je sais que cette situation est effrayante mais je ne suis pas là pour te faire de mal. Comme aucun de nous ici... Ok ? Tout va bien se passer et tout le monde sortira de là indemne. Je te le promets. »

Le jeune homme hocha la tête et Guillaume vit une larme rouler le long de sa joue, ce qui le statufia un instant. Il n'avait jamais voulu faire pleurer une autre personne. Mais il n'en avait pas le choix s'il voulait survivre. Il passa son pouce sur la joue du garçon et écrasa sa larme d'un geste lent et doux. Puis lorsqu'il se rendit compte de son geste, il se recula brusquement et tourna la tête pour voir si un de ses collègues l'avait aperçu. Heureusement, cela ne parut pas être le cas. Il jeta un dernier regard en direction du garçon aux cheveux mi-long et tourna les talons, le cœur battant la chamade dans la poitrine.

Mini Fiction OrelxGringe - El chico de papel.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant