Partie 6.

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« Aurélien ? Qu'est-ce que tu fais là ? »

Ils étaient en pleine réunion sur la marche à suivre pour mener le plan à exécution lorsque Aurélien avait toqué à la porte de la pièce où celle-ci se déroulait. C'était l'heure du déjeuner et les otages étaient censés manger tous ensemble sous la supervision de deux d'entre eux. Tokyo et Moscou aujourd'hui. Aurélien écarquilla les yeux à sa question, semblant surpris qu'il ne soit pas au courant, et fit un signe de tête discret en direction de Jérusalem qui était assis nonchalamment sur sa chaise, en bout de table.

« Jérusalem ? dit Guillaume avec l'intonation d'une question, se tournant vers le principal intéressé. Explique-toi. »

Jérusalem se leva lentement et le regarda d'un air condescendant avec un petit sourire en coin. Guillaume jeta un coup d'oeil aux autres et vit à leur regards confus qu'eux aussi n'avaient pas été mis dans la confidence.

« Aurélien... C'est ça ? demanda Jérusalem à ce dernier en s'approchant dangereusement de lui et Guillaume dut user de toute sa volonté pour ne pas se lever et se positionner entre le garçon et lui. J'ai cru comprendre que... tu savais l'identité de l'un de nous, n'est-ce pas ? »

Guillaume écarquilla les yeux en l'entendant dire cela et il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine.

« Donc, je te permet de voir notre identité à tous, tu vois... dit d'une voix mielleuse Jérusalem en approchant sa main du garçon. Parce que tu ne vas pas beaucoup plus en profiter, si tu comprends ce que je veux dire. »

L'homme aux cheveux noirs et drus rit machiavéliquement et quand Guillaume le vit poser sa main sur le cou du plus jeune qui sursauta violemment au contact, il se leva brusquement.

« Ne le touche pas !

— Si, Gringe. Je vais le punir, malgré ce que le professeur en dit. C'est trop dangereux pour nous maintenant qu'il sait qui on est.

— Le professeur n'est pas d'accord ? demanda Guillaume en frissonnant, ses yeux rivés sur les doigts de Jérusalem qui caressaient lentement la peau blanche du plus jeune qui semblait user de toute sa volonté pour rester en place. Est-ce qu'au moins il est au courant ? Tu n'as pas le droit. On avait dit pas de blessés. »

Jérusalem se tourna vers lui et lui lança un regard diabolique, un sourire moqueur sur les lèvres.

« Qui a dit que j'allais le blesser...? Il doit disparaître ! » s'écria-t-il en attrapant brusquement Aurélien par l'avant-bras.

Guillaume s'élança alors vers lui en voyant le regard paniqué du plus jeune, dont les larmes commençaient à être affreusement prêtes à couler. Il repoussa Jérusalem et se positionna entre lui et Aurélien.

« Je t'ai dit de ne pas le toucher, espèce de salaud. »

L'autre homme reprit contenance et s'approcha dangereusement de lui, un air mauvais sur la figure. Il n'eut pas le temps de réagir assez vite et encaissa un coup de poing dans la mâchoire avant de répliquer en lui sautant à la gorge. Ils se battirent longtemps avant qu'il ne sente un objet froid et métallique contre son flanc. Il arrêta alors tout mouvement et laissa l'autre homme se relever, le suivant du regard. Jérusalem pointa une arme sur lui et il sentit une goutte de sueur froide couler le long de sa colonne vertébrale.

« Qu'est-ce que tu fais ?

— C'est soit toi, soit lui, Gringe.

— C'est déloyal et tu le sais, cracha Guillaume. Aurélien ne dira rien de plus ! Il est muet, putain ! »

Un silence se fit dans la petite salle et il sentit les regards curieux de ses co-équipiers sur lui. Ou plutôt sur le garçon dans son dos. Il sentit d'ailleurs ce dernier se rapprocher de lui et bientôt il sentit une main se poser sur son épaule. Il se tourna vers lui et Aurélien s'agenouilla à ses côtés, lui lançant un petit regard triste.

« Je suis désolé, je n'aurai pas dû le dire comme ça... Je sais pas ce qui m'a pris... » dit-il en lui jetant un regard coupable.

Aurélien secoua la tête, un petit sourire aux lèvres, semblant lui dire que ça n'avait aucune importance et il soupira longuement.

« Même s'il ne parle pas, il peut nous décrire, nous dessiner... Y'a plein de moyens, Gringe.

— N'importe quoi... Et vous, dit-il en prenant à partie les autres présents dans la salle. Ça ne vous pose aucun problème qu'on abatte un otage ? »

Le silence fut la seule chose qu'il lui répondit et il cracha au sol, énervé.

« Une belle brochette de lâches, voilà ce que vous êtes, putain...! »

Guillaume cracha au sol de nouveau et fut pris d'une quinte de toux. Il posa une main sur son flanc et s'essuya la bouche d'un revers de la main. Cette dernière revint ensanglantée et il sentit la main d'Aurélien se poser sur son dos doucement. Il se tourna vers lui et aperçut son regard effrayé, ce qui le fit sourire intérieurement.

« T'en fais pas pour moi, va. Tu te souviens de ce que je t'ai dit la première fois ? »

Je ne vais pas te faire de mal. Tout le monde sortira de là indemne. Bon, peut-être pas tout le monde à bien y réfléchir.

Aurélien hocha la tête d'un air hésitant et il plongea son regard dans le sien comme pour lui faire passer un message silencieux. Fais-moi confiance, tout ira bien. Guillaume lui sourit et posa sa main sur sa nuque, pour l'immobiliser. Il se pencha alors et l'embrassa avec passion, surprenant non seulement eux deux mais le reste de son équipe. Lorsqu'il se recula, Aurélien avait toujours les yeux fermés et les lèvres rougis, semblant attendre plus. Plus de baisers, plus d'amour, plus de tendresse. Il caressa tendrement sa joue et le couva du regard avant de se lever dans un grognement de douleur.

« Reste-là, Orel. Ne bouge surtout pas, dit-il en le sentant vouloir l'aider à se relever. Jéru, tu as raison. C'est soit lui, soit moi. Et je suppose que tu avais imaginé que je serais celui qui le tuerait, non ? Alors donne-moi ce flingue, qu'on en finisse. Maintenant que j'ai eu ce que je voulais de lui, tout ça m'importe peu. »

Jérusalem lui lança un regard méfiant avant de lui tendre l'arme qu'il pointait quelques instants auparavant sur lui. Guillaume l'attrapa et enleva le cran de sûreté. Il croisa le regard terrifié d'Aurélien et dirigea l'arme vers le mur à sa droite avant de tirer.

« Juste histoire de vérifier que ça marche bien. »

Il se mordit l'intérieur de la bouche en voyant Aurélien éclater en sanglots au bruit.

« Regarde-moi. Orel, regarde-moi. » l'appela-t-il.

Aurélien releva la tête après de longues secondes et lui lança un regard larmoyant. Le garçon était tellement paniqué qu'il craignait que son cœur ne lâche.

« Jérusalem, pousse-toi s'il-te-plaît, tu me gênes là. Et vous autres... vous savez quoi faire. »

Il sentit Jérusalem se décaler à ses côtés et il plongea ses yeux dans ceux d'Aurélien. Un petit effort Orel, et tout sera bientôt finit. Tu verras comme c'est beau là-bas. Là où je t'emmènerai. Il pointa l'arme sur le garçon tremblant agenouillé au sol à une dizaine de pas seulement de lui, prit une profonde inspiration, et tira.

Mini Fiction OrelxGringe - El chico de papel.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant