Partie 2.

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« Gringe, tu peux amener leurs médicaments à ceux qui creusent en bas ? »

Guillaume ouvrit un œil paresseusement et une fille apparut dans son champ de vision. Tokyo. Il soupira et ouvrit l'autre œil avant de se lever et de s'étirer lentement. Il vit le regard de la jeune femme se perdre un instant sur son torse alors qu'elle se mordait doucement la lèvre inférieure et il poussa un petit soupire exaspéré. Elle n'arrêterait donc jamais d'espérer pour eux deux ? Elle lui avait maintes et maintes fois fait des avances durant leur séjour de préparation, le long de ces cinq long mois coupés de toute civilisation. Et lui, dès le départ, les avaient repoussées. Elle n'était pas son style.

« Vas-y, donne-les moi. Je vais leur apporter.

— Tiens, dit la jeune femme d'une voix mélodieuse et il sentit ses doigts frôler les siens avec délicatesse. Je compte sur toi.

— Tu peux. »

Elle lui fit un clin d'œil qu'il décida d'ignorer avant de tourner les talons et de se diriger vers la sortie de la pièce.

« Ah... dit-elle soudain, s'arrêtant dans son élan. N'oublie pas de mettre ton masque de Courbet, ils sont à visages découverts là. »

Guillaume hocha la tête, ne prenant même pas la peine de répondre. Évidemment. Pour creuser, ils allaient pas le faire les yeux fermés. Tokyo lui fit un autre clin d'œil avec un petit sourire en coin et disparut derrière la lourde porte. Il secoua la tête et soupira avant de se diriger vers son masque pour le mettre avant de quitter les lieux.

***

Thomas : Doliprane. Arthur : Crème pour démangeaisons. Aurélien : Ventoline pour asthme (claustrophobie). Lucas : Sirop pour la toux.

Eh bien, ils sont pas mal à suivre des traitements quand même, se dit Guillaume en lisant la feuille trouvée dans le sac en tissu où se trouvaient les médicaments demandés par les otages. Déjà quatre personnes sur les sept occupées à creuser ce foutu tunnel.

Il entra dans le périmètre délimité par une corde et en le voyant arriver, masque sur la tête, les otages s'arrêtèrent de travailler. Ils étaient à présent sans masque et il était celui qui en portait un, pour garder son anonymat.

« Les personnes ayant demandé des médicaments... commença-t-il en s'adressant à eux. Venez avec moi, je vais vous les filer. Les autres, continuez de travailler. Vous faites du bon boulot. »

Quatre personnes le suivirent dans un coin un peu plus reculé pour être tranquilles et quand il se retourna, il aperçu leur regard inquiet.

« Vous allez les prendre un par un, puis me les rendre, afin que l'on ne les perde pas. C'est compris ? demanda-t-il d'une voix claire avant de poursuivre, une fois qu'ils eurent hoché la tête. Une fois votre médicament pris, vous pouvez retourner directement au tunnel. Pas la peine d'attendre les autres. »

Il appela Lucas, puis Arthur, puis Thomas, avant d'arriver au dernier, Aurélien. Il releva le visage de sa feuille quand celui-ci ne vint pas à lui après qu'il ait appelé son prénom. Il aperçut un jeune homme qui semblait parfaitement apeuré, les yeux baissés au sol et les membres tremblants. Guillaume fronça les sourcils sous son masque et relut sa feuille. Aurélien : Ventoline pour asthme (claustrophobie). Ah ouais, c'était peut-être pas très intelligent de le faire passer en dernier et de le laisser seul dans la pénombre avec une personne qui l'effrayait sans aucun doute au plus haut point alors qu'il était claustrophobe... C'est ce que se dit Guillaume dans un soupire avant d'avancer vers le garçon.

« Eh, tu dois... commença Guillaume avant de s'arrêter net en voyant le garçon reculer pour maintenir la distance entre eux. Je... Je ne vais pas te faire de mal... Je veux juste te passer la ventoline que t'as demandé. »

Le garçon secoua la tête de gauche à droite et recula encore, son dos percutant soudain le mur derrière lui, le faisant sursauter de surprise. Guillaume le vit ouvrir de grands yeux marrons foncés et se perdit un instant dans la contemplation de ces prunelles sombres comme l'ébène. Il sortit de sa contemplation en voyant le garçon se mettre à respirer de plus en plus fort et ses yeux se posèrent machinalement sur son torse. Le garçon y porta une main, par-dessus l'endroit où battait son cœur, et Guillaume remarqua à quelle vitesse celui-ci semblait battre dans sa poitrine au vu de sa respiration saccadée. Guillaume le vit alors chuter plus que glisser tout à fait le long du mur, toujours en s'agrippant le cœur, et il s'élança vers lui.

Mini Fiction OrelxGringe - El chico de papel.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant